Comme annoncé précédemment, le procès des auteurs présumés de l’enlèvement et de l’assassinat de l’opérateur économique Elhadj Doura s’est poursuivi ce lundi, 3 juillet 2023, à Conakry. Les 26 accusés dans cette affaire sont poursuivis pour des faits d’enlèvement, de séquestration, d’association de malfaiteurs, de recel, de blanchiment de capitaux, d’abstention délictueuse et de complicité. Après l’audition du marabout Malien Mamoudou Diallo, trois autres accusés ont fait leur déposition à la barre avant le renvoi de l’affaire au 17 juillet 2023 par le tribunal criminel de Dixinn, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Les trois accusés qui se sont succédé à la barre sont : Mohamed Dady Bah, commerçant ; Sao Ndanema, vendeur de véhicules ; et Oury Diallo, éleveur. Tous les trois ont rejeté en bloc les faits mis à leur charge.
Dans sa déposition, l’accusé Mohamed Dady Bah explique avoir appris l’enlèvement d’Elhadj Doura dans les médias. « Parmi ce groupe, je ne connaissais personne, sauf Elhadj Mamadou Diallo (cerveau présumé du rapt, ndlr). Il a été mon patron pendant 3 ans. Il avait la licence de Cellcom. J’ai travaillé pour lui jusqu’en 2014. Et depuis, j’ai arrêté de travailler pour lui. Je travaillais pour une autre société de pêche. Donc, c’est dans la presse que j’ai appris l’enlèvement de Elhadj Doura. Ainsi, Kem’s, un ami avec qui j’ai étudié, m’a invité dans un restaurant à Kipé. A la sortie de ce restaurant, j’ai trouvé des gendarmes arrêtés à la porte avec ma photo. Ceux-ci m’ont dit que je connais Elhadj Mamadou Diallo et que c’est nous qui avions enlevé Elhadj Doura. Ils m’ont déféré au PM3 de Matam où on m’a gardé plus d’un mois. J’ai été le premier à être interpellé dans ce groupe. Aujourd’hui, ça fait 5 ans 6 mois que je suis en détention pour des faits que je ne connais pas. Je n’ai pas participé ni à l’enlèvement ni à l’assassinat de Elhadj Doura. Je n’ai pas reçu de l’argent, je n’ai pas demandé de rançon. J’ai été mis aux arrêts seul. Donc, je ne connais rien dans cette affaire… »
Après cette déposition, Sao Ndanema, vendeur de véhicules, a lui aussi plaidé non coupable. « Je n’ai pas assisté à l’enlèvement et à l’assassinat d’Elhadj Doura. Moi, je vends des véhicules et c’est Ibro qui m’aidait à avoir des clients. Tous les clients qu’il m’envoyait étaient des gendarmes et des policiers. Je n’ai jamais pensé qu’Ibro avait des relations avec des kidnappeurs. J’étais à Pamelap, à la frontière Guinée-Sierra Leone. C’est là-bas que El Kaba m’a appelé pour me dire qu’Ibro est impliqué dans l’affaire de l’enlèvement de Elhadj Doura Diallo. Je ne nie pas le fait que je connais Ibro. Il m’a aidé d’écouler les véhicules que je revendais. Et à chaque fois qu’on revend un véhicule, Ibro a une commission de 5%. Mais pour le cas d’Elhadj Doura, je ne suis pas impliqué », a-t-il dit à la barre.
Même argument de défense pour l’accusé Oury Diallo, bouvier, qui nie les faits en bloc. « Je ne reconnais pas les faits. C’est à Koumbia, dans Gaoual, que j’ai rencontré Elhadj Mamadou Diallo dans un bar café. Il m’a remis 35 mille francs guinéens pour aller acheter du jus pour lui. Il m’a dit qu’il a quitté Conakry et qu’il est venu pour un séjour à Gaoual. Il m’a donné son contact et m’appelait de temps en temps. Quelques jours après, les gendarmes sont venus me chercher pour me conduire à Gaoual centre. Après ils m’ont envoyé à Conakry. Mais, l’affaire de l’enlèvement d’Elhadj Doura, je ne sais rien. Elhadj Mamadou Diallo ne m’a rien donné, sauf les 35 000 francs guinéens. En dehors de cette somme, Elhadj Mamadou ne m’a rien donné. Il ne m’a pas aussi expliqué son programme. Actuellement, je suis tourmenté. Je ne sais pas pourquoi on m’a fait quitter Gaoual pour m’incarcérer à Conakry. Les termes enlèvement, séquestration, assassinat, c’est ici que j’ai entendu ces mots-là. Auparavant, je n’avais jamais entendu parler de ça… »
Le tribunal a renvoyé le dossier au 17 juillet pour la suite des débats.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
