Vol à main armée au Sénégal : deux guinéens mis aux arrêts grâce à Interpol et jugés à Conakry

En détention depuis près d’une année, Abdoulaye Camara, alias John, et Aboubacar Kaba ont comparu hier, mardi 11 juillet 2023, au tribunal de première instance de Kaloum, dans la capitale guinéenne. Ces deux compagnons d’infortune sont jugés devant ce tribunal criminel pour des faits vol à main armée au préjudice de la société de carrelage Zénith Sénégal, sise au Sénégal. A la barre, Abdoulaye Camara John, électricien de profession, reconnait les faits de vol mais nie tout usage d’une arme lors de l’opération, a constaté sur place Guibeematin.com à travers un de ses reporters.

Abdoulaye Camara, connu sous le nom de John, âgé de 25 ans, et Aboubacar Kaba, chauffeur de profession, âgé de 44 ans, sont accusés dans cette procédure par la société Zénith du Sénégal, spécialisée dans la vente, l’importation et l’exportation de marchandises. Les deux sont accusés d’avoir volé, à l’aide d’une arme, la somme de 18 millions de francs CFA et une somme d’argent en devises.

Selon nos informations, Abdoulaye Camara ‘’John’’ et Aboubacar Kaba auraient commis les faits au Sénégal en 2022 avant de se volatiliser dans la nature. Mais, ils seront trahis par les téléphones volés qu’ils ont emportés avec eux en Guinée. Ils seront localisés à N’zérékoré et Macenta, respectivement. La police internationale INTERPOL sera mise à contribution pour les mettre aux arrêts.

A la barre du tribunal criminel de Kaloum, Abdoulaye Camara n’a pas nié la commission du vol. Mais, il a justifié sa participation à cet acte par le non-paiement de ses arriérés de salaire par la société Zénith. « J’étais électricien au sein de cette société. Un jour, les indiens m’ont fait appel par l’entremise d’une connaissance pour réparer les disjoncteurs à l’usine là-bas. Pour une deuxième fois, ils m’ont demandé le même service que j’ai fait avec succès. Finalement, ils m’ont proposé de m’engager dans leur société. Au début, j’ai dit non. Après leur insistance, j’ai accepté. On était tombé d’accord sur 100 mille. J’ai fait d’abord 2 mois sans salaire. Ils m’ont fait patienter encore jusqu’à 6 mois sans salaire. Ils m’ont proposé au-delà de mon travail d’électricien, d’être carreleur. Comme ça, ils allaient me payer. Entretemps, ma maman m’a appelé pour me dire qu’elle est gravement malade. Je suis venu les voir pour leur annoncer que ma maman est malade et que je devais rentrer chez moi (à N’zérékoré, ndlr). Je leur ai demandé de me payer. Mon responsable m’a dit d’attendre jusqu’au lundi. Promesse qu’il n’a pas tenue le jour-j », a expliqué l’accusé.

Poursuivant, Abdoulaye Camara dit avoir pris ses responsabilités sur les instigations d’une de ses connaissances. « Un jour, assis dans ce désarroi, un ami du nom de Bangoura est venu me trouver à la porte pour me dire qu’on doit prendre nos responsabilités face à cette situation. Pour lui, les indiens ne peuvent pas nous exploiter de façon continue sans salaire. Donc, on peut les voler. Mais quand on allait, je ne savais pas s’il allait directement voler. Il m’avait prévenu quand même qu’il allait faire quelque chose. Kaba et moi, on est resté à la porte. Nous n’avions pas pris part. Après l’opération, Bangoura m’a informé que c’est 8 millions de Francs CFA et trois téléphones, dont un iPhone et deux Samsung, qui ont été pris. Après le partage, Kaba et moi avions reçu 2 millions 300 mille F CFA. On a partagé et chacun a eu 1 million 150 mille F CFA. En plus, j’avais eu un téléphone Samsung. Mais Fodé Soumah qui était dans le groupe a dit que moi, je suis petit je ne pouvais pas avoir un téléphone devant eux. On n’était au nombre de 7 personnes », a-t-il fait savoir.

Mais, l’accusé nie toute utilisation d’arme pendant l’opération. « Je n’avais pas le choix, c’est pourquoi j’ai pris l’argent pour pouvoir rentrer chez moi après 6 mois de travail sans salaire. Le vol a été opéré sans l’usage d’aucune arme. Il n’y avait pas de couteaux ni d’armes. C’est le directeur indien qui a été mis au respect dans son bureau… »

Après l’interrogatoire de l’accusé Abdoulaye Camara, son avocat maître Paul Lazare Gbilimou a sollicité du tribunal la production des vidéos filmées par les caméras de surveillance de la société pour, dit-il, savoir par quels moyens ses clients ont mené cette opération. Une requête qui a été tout de suite entendue par le président du tribunal Ibrahima Diallo.

Finalement, le tribunal a renvoyé l’affaire au 25 juillet 2023, pour la suite des débats. Il a en outre exhorté le ministère public à faire des diligences pour la comparution de la partie civile et la production des pièces des caméras de surveillance.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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