Trafic de 7 kg de cocaïne : Mariama Koulako Sidibé et Thierno Ciré Sow jugés au tribunal de Mafanco

Le procès des deux prévenus s’est ouvert hier, mercredi 12 juillet 2023, au tribunal de première instance de Mafanco. Ils sont poursuivis devant cette juridiction pour « trafic international de stupéfiants (cocaïne) ». Tous les deux ont réfuté les faits articulés contre eux, rapporte le reporter de Guineematin.com dépêché sur place.

Mariama Koulako Sidibé et Thierno Ciré Sow, tous agents commerciaux chez KMC import-export sarl sont accusés d’avoir fait du trafic international de 7 kg de cocaïne. La dame a été interpellée à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré en octobre 2022 avec la quantité de ladite cocaïne disséminée dans 2 valises qu’elle devait transporter à Casablanca (Maroc). Elle et son coaccusé sont arrêtés, puis conduits à l’OCAD (Office central anti-drogue) avant d’être emmenés au tribunal de Mafanco, où un mandat de dépôt a été pris le 24 octobre 2022 pour les incarcérer à la maison centrale de Conakry.

Comparaissant le premier aujourd’hui devant le tribunal criminel de Mafanco, présidé par le juge Souleymane 1 Traoré assisté de Mohamed Sangaré et Mamadi 2 Magassouba, Thierno Ciré Sow n’a pas reconnu les faits mis à sa charge. Dans ses explications, il dit ne pas savoir l’existence de la cocaïne dans les 2 valises remises au magasin de KMC import-export sarl à Kipé par Domingo qui est l’ami de son patron Carlos Vacino (tous Espagnols). La société vend dans ce magasin du vin, des produits cosmétiques, de l’oignon, jus etc.

« Au début du mois d’octobre 2022 étant au magasin avec ma collègue Mariama Koulako, elle m’avait demandé une avance de salaire qu’elle voulait acheter un billet pour aller au Maroc. Elle m’a demandé 10 000 000 GNF mais je l’ai fait savoir que je ne peux pas soutirer de l’argent sans informer notre patron parce que des fois il y a des conteneurs qui viennent à l’imprévu, donc si l’argent n’est pas là ça va déranger. Donc il a fallu que j’appelle notre patron pour l’informer que Koulako voulait de l’argent. C’est ainsi que ce dernier m’a dit qu’au lieu de prendre l’argent qui est là, lui va acheter un billet pour Koulako à partir de l’Espagne. Donc, c’est ce qu’il a fait. Il a acheté le billet, il l’a envoyé sur WhatsApp. Comme j’étais avec Koulako au magasin, je lui ai montré le billet automatiquement. Elle devait voyager le 14 octobre, donc le 13 étant au magasin, nous avons reçu un monsieur du nom de Domingo mais bien avant ça, Carlos m’a appelé pour dire qu’il y a un monsieur qui vient de le recevoir. Nous recevons beaucoup de blancs là-bas qui viennent prendre le vin, moi j’ai cru que c’était pour le vin. Mais cette fois-là nous avons vu un monsieur qui est venu avec 2 valises en disant que c’est de la part de notre parton. Et comme Mariama Koulako doit voyager, il a de la nourriture qu’elle doit envoyer pour sa femme qui réside au Maroc. Elle et moi avons demandé quels sont les contenus, on a ouvert, nous avons vu des mayonnaises, du Maggi, du lait (en boîtes). On a vérifié ensemble, le monsieur est parti », a expliqué l’agent commercial.

Le lendemain, Mariama Koulako Sidibé est venue au magasin travailler jusqu’à 18 heures aux côtés de son supérieur Thierno Ciré Sow. Ils ferment le magasin et trouvent un taxi qui emmène Koulako à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré où elle devait bouger à 00h pour le Maroc. Mais les choses ne se passent pas comme prévu pour la mère de famille habituée à faire le trajet Guinée-Maroc, pays dans lequel elle a longtemps vécu avec notamment sa mère, et où elle a l’habitude d’envoyer mais aussi de prendre de la marchandise pour son commerce.

« Arrivée à l’aéroport on a pesé les valises, chacune avait 21 kg et quelques. On les a emballées. Vers 21 heures, j’ai fait les formalités, à 22 heures on a fait l’enregistrement. J’ai laissé les bagages là-bas pour aller chercher à manger. À mon retour, j’ai trouvé les douaniers, je les ai salués, on a même chahuté un peu, je suis entrée. A l’escalier, un douanier m’a dit madame donnez-moi vos bagages. Il a demandé à une dame de m’emmener, elle m’a fouillé, palpé tout le corps mais elle a dit que je n’avais rien. Le vol était presque prêt à partir, les douaniers ont demandé qu’on emmène mes bagages où on pèse. Il a demandé à qui appartient la valise, j’ai dit qu’elle est à moi. Il l’a mise sur la bascule, il a dit il y a quoi dedans, j’ai dit le contenu. Il a ouvert ma valise, a tapé sur elle et il a tapé sur les 2 autres mais les bruits étaient différents. Il a dit vous avez entendu les 2 bruits. Celui des 2 autres valises était lourd. Il a demandé un tournevis, ils ont cassé la valise et sortit une enveloppe jaune. Il a dit vous avez vu ? Vous transportez de la cocaïne. J’ai pris ma tête, j’étais ébahi. J’ai dit que ma mère (malade) va mourir derrière moi », a expliqué Mariama Koulako Sidibé. En tout, quatre enveloppes contenant 7 kg de cocaïne sont sorties des deux valises.

« Je jure sur la tête de ma mère (décédée pendant qu’elle était en détention) que je ne savais pas qu’il y avait quelque chose dans ses valises », a ajouté Mariama Koulako Sidibé en larmes.

Les douaniers sollicitent la collaboration de la prévenue pour qu’elle dise la vérité dans cette affaire. N’ayant plus confiance en personne, selon elle, elle décide de dire qu’elle a pris les valises dans les mains de son chef hiérarchique (Thierno Ciré Sow). Selon ses explications, les douaniers ont voulu appeler ce dernier, mais elle leur a dit ne pas le faire car s’il était au courant du contenu des valises, ils pourraient ne plus le retrouver. Elle propose de l’appeler elle-même le lendemain matin, mais son téléphone était éteint. Ce n’est que vers 9 heures du matin qu’il la rappelle en voyant son appel en absence. Alors elle lui dit avoir raté son vol parce qu’elle était partie manger. Il lui propose de voir comment trouver une solution, donc ils prévoient de se retrouver au magasin à 12 heures. Elle est venue avec les agents de l’OCAD qui ont dit au prévenu ce qui s’est passé à l’aéroport, ensuite, ils ont fouillé le magasin avant de les embarquer tous les deux.

Rappelons qu’un mandat d’arrêt est décerné contre Carlos Vacino, propriétaire de la société KMC import-export Sarl et son ami Domingo.

Après les dépositions de Thierno Ciré Sow et Mariama Koulako Sidibé, ils ont répondu aux questions du tribunal, du parquet et de l’avocat de la défense.

À la fin, Me Malick Touré a demandé au tribunal la mise en liberté de ses clients. Il estime que c’est un père et une mère de famille qui ont passé 8 mois en prison, et qu’ils ont les garanties nécessaires pour être libérés provisoirement.

Mais le procureur Kanfory Ibrahima Camara s’y est opposé « vue la gravité et la complexité de l’affaire », a-t-il dit.

Le tribunal est allé dans le même indiquant qu’en matière criminelle, il ne saurait accéder à cette demande avant de renvoyer l’affaire au 18 juillet prochain pour réquisitions et plaidoiries.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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