Accord sur les céréales ukrainiennes : « plus de 70 % [des exportations] se sont retrouvées dans des pays à revenu élevé », dénonce Vladimir Poutine

Vladimir Poutine

Au sommet Russie-Afrique qui s’est ouvert à Saint-Pétersbourg hier, jeudi 27 juillet 2023, le président russe, Vladimir Poutine, a évoqué l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes. Cet accord a été signé en juillet 2022 à Istanbul (en Turquie) sous l’égide des Nations Unies pour permettre à l’Ukraine de ravitailler le marché mondial en céréales, en dépit de la guerre qui l’oppose à la Russie. Mais, cet accord est arrivé à expiration et la Russie refuse de le reconduire. Vladimir Poutine assimile cet accord à une « hypocrisie pure et simple » et assure que plus de 70% (des 32,8 millions de tonnes exportées d’Ukraine) se sont retrouvées dans des pays à revenu élevé, dont principalement l’Union européenne, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com à Saint-Pétersbourg.

Selon Vladimir Poutine, cet accord a été initialement conçu pour promouvoir la sécurité alimentaire mondiale, atténuer la menace de la faim et aider les pays les plus pauvres, y compris en Afrique. Mais, il a été détourné de cet objectif pour servir la cause des pays occidentaux.

« Près d’un an après la conclusion de ce soi-disant accord, 32,8 millions de tonnes au total ont été exportées d’Ukraine, dont plus de 70 % se sont retrouvées dans des pays à revenu élevé et supérieur à la moyenne, dont principalement l’Union européenne, tandis que je voudrais attirer votre attention sur le fait que des pays comme l’Éthiopie, le Soudan, la Somalie et plusieurs autres ont reçu moins de 3 pour cent de ce total, soit moins de 1 million de tonnes », a-t-il dénoncé.

Poursuivant son speech devant les chefs d’Etats et des diplomates africains présents à Forum économique et humanitaire de Saint-Pétersbourg, le président russe a dit que son a accepté de participer à ce « soi-disant accord » à cause du fait qu’il contenait des engagements à lever les obstacles à l’approvisionnement des céréales et engrais russes sur le marché mondial. Une chose qui consistait à aider les pays les plus pauvres.

« Cependant, rien de ce qui avait été convenu ou de ce qui nous avait été promis ne s’est concrétisé, aucune des conditions liées à la levée des sanctions contre les exportations de céréales et d’engrais russes vers les marchés mondiaux n’a été remplie. Pas un seul d’entre eux. Nous avons même rencontré des obstacles en essayant de livrer gratuitement des engrais minéraux aux pays les plus pauvres qui en ont besoin, comme nous venons d’en discuter lors de la réunion avec les dirigeants de l’Union africaine. Nous n’avons réussi à envoyer que deux cargaisons – seulement 20 000 tonnes au Malawi et 34 000 tonnes au Kenya, sur les 262 000 tonnes de ces engrais bloquées dans les ports européens. Tout le reste est resté entre les mains des Européens, même si cette initiative était de nature purement humanitaire, ce qui signifie qu’elle n’aurait dû être exposée à aucune sanction, par principe… Compte tenu de ces faits, nous avons refusé de prolonger cet accord potentiel », a déploré Vladimir Poutine.

Par ailleurs, le chef de l’Etat russe a déclaré que son pays peut très bien combler le vide laissé par les céréales ukrainiennes sur le marché mondial. Vladimir Poutine rassure que la Russie s’attend à « une récolte record » cette année.

« Comme je l’ai déjà dit, la Russie peut très bien combler le vide laissé par le retrait des céréales ukrainiennes du marché mondial, soit en vendant ses céréales, soit en les transférant gratuitement aux pays les plus nécessiteux d’Afrique, d’autant plus que cette année nous nous attendons à nouveau à une récolte record », a-t-il dit.

De Saint-Pétersbourg, Mohamed Guéasso DORÉ, envoyé spécial de Guineematin.com

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