Pita : la colère de l’OGDH suite à la « détention prolongée » d’un vieil homme, jugé pour viol sur mineure

Prison civile de Pita

Accusé de viol sur mineure à Gongoré, dans la préfecture de Pita, Alsény Diallo a séjourné pendant plus d’une année à la prison civile de Pita, en détention préventive, avant l’ouverture de son procès. Après les débats, le parquet a requis son acquittement. Alors que le dossier avait été renvoyé au 16 mai 2023, jusqu’à date, le tribunal criminel n’a pas tenu d’audience pour vider le délibéré. Pendant que le vieil homme croupit toujours en prison, le représentant de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH) exprime toute sa préoccupation. Idrissa Sampiring Diallo l’a dit dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture de Labé.

Originaire de Gongoré, dans la préfecture de Pita, Alsény Diallo âgé de 65 ans croupit à la prison civile de Pita depuis plus d’une année. Il est accusé de viol sur une mineure de 13 ans. Le retard dans le délibéré dans cette affaire agace et préoccupe l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH).

Idrissa Sampiring Diallo, coordinateur régional de l’OGDH en Moyenne Guinée

« C’est un citoyen de Gongoré, dans la préfecture de Pita, Alsény Diallo, âgé de 65 ans, qui a été interpellé à la suite d’accusations formulées contre lui par une famille habitant la commune urbaine de Pita. Il est poursuivi pour présomption de viol sur mineure âgée de 13 ans au moment des faits. Il a fait 16 mois de prison avant la tenue de son procès au début de la deuxième quinzaine du mois d’avril par le tribunal criminel de Pita. Et ce tribunal a déclaré les débats clos autour de cette affaire, et mis en délibéré pour décision être rendue le 16 mai 2023. Ce qui est regrettable, depuis cette audience criminelle datant du 16 avril 2023, jusqu’à ce jour, aucune autre audience criminelle n’a été organisée à Pita. Donc, ça veut dire, que trois mois après son procès, Alsény Diallo n’est pas encore situé sur son sort », indique Idrissa Sampiring Diallo, le coordinateur de l’OGDH en Moyenne Guinée.

Plus loin, le défenseur des Droits de l’homme estime que ce citoyen est détenu illégalement par la justice. « Si vous prenez le fait qu’il ait fait 16 mois de prison avant d’être jugé, et trois mois après son jugement, la décision du tribunal criminel de Pita n’est pas tombée. On est préoccupé pour ce cas particulier, parce qu’à la lumière des débats, le ministère public qui poursuit à charge et à décharge, avait requis l’acquittement d’Alsény Diallo, par ce que l’accusation n’avait pas réussi à apporter les preuves de la culpabilité de Alsény Diallo. Cela veut dire que le ministère public a suivi les arguments de la défense. Parce que les éléments versés au dossier, les débats et les témoignages apportés à la barre n’étaient pas suffisants pour retenir Alsény Diallo dans les liens de la culpabilité. En somme, et le ministère public, et la défense de l’accusé ont tous demandé l’acquittement de l’accusé, faute de preuves. Et pourtant, malgré tout cela, ce dossier attend encore trois (03) mois sans être vidé… »

Pour finir, Idrissa Sampiring Diallo dénonce ce dysfonctionnement. « On est à la veille des vacances judiciaires. Cela veut dire que Alsény Diallo est condamné à rester davantage en prison, alors que rien ne prouve sa culpabilité. C’est vrai que le juge est capable de passer outre les réquisitions du parquet et de la plaidoirie de la défense, mais quand une partie n’est pas satisfaite autour d’une décision de justice, cette partie est autorisée à interjeter appel pour demander que le dossier soit examiné à un degré supérieur. Nous ne comprenons pas pourquoi après 16 mois de détention, et trois mois après son jugement, Alsény Diallo n’a pas été informé de la décision prise par le tribunal criminel de Pita.

Et selon nos informations, le renvoie éloigné entre le 18 avril et le 16 mai était justifié par un déplacement familial du juge pendant plusieurs jours. Malheureusement, à l’approche du 16 mai, d’autres éléments ont perturbé aussi la tenue du procès. Soit le président est en déplacement pour des raisons de service ou de famille, soit un des juges est en déplacement. Pour nous, c’est comme si le sort des prisonniers ne préoccupe pas tellement les magistrats du siège. Et nous considérons que c’est un dysfonctionnement qui reste préjudiciable à des citoyens qui ont des droits, mais qui sont privés de liberté actuellement. C’est pourquoi, nous en appelons au magistrat du siège de revoir cette situation et rétablir Alsény Diallo dans ses droits », lance Idrissa Sampiring Diallo.

Il faut rappeler que selon Idrissa Sampiring Diallo, d’autres dossiers similaires au cas de Alsény Diallo sont pendants devant le tribunal de Pita. Malgré tous les efforts déployés pour normaliser cette situation à Pita, l’OGDH ne parvient pas à obtenir gain de cause. Elle se réserve le droit de saisir l’inspection générale de la justice dans les jours à venir.

De Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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