Fatoumata Ramadan Bah, âgée de 25ans, mère d’un petit garçon, est aujourd’hui l’une des rares femmes qui vend du café dans la capitale guinéenne. Elle le fait à la rentrée de la mairie de Ratoma. Epuisée financièrement par la maladie de son mari, Thierno Mamoudou Bah, stagiaire depuis 2003 à la gendarmerie, la dame a opté pour cette activité pour gagner son pain dans une conjoncture économique particulièrement compliquée pour les ménages. Rencontrée par notre reporter hier, jeudi 17 août 2023, la jeune dame est revenue sur l’exercice de cette activité faite de hauts et de bas.
Thierno Mamoudou Bah, le mari de notre interlocutrice, souffre d’une maladie qui l’empêche de travailler normalement. Après plusieurs examens et soins dans différents hôpitaux de Conakry, monsieur Bah est fatigué et n’a plus d’aide pour continuer son traitement.
Sa femme Fatoumata Ramadan Bah, battante et courageuse, sort de l’ordinaire pour lui venir en aide. Elle se réveille chaque jour avec détermination pour aider son mari. « Je fais ce boulot à la place de mon mari. Je le fais pour l’aider, c’est lui qui a acheté ce cafetier ; mais actuellement, il est malade. C’est lui qui s’occupait de nous, il nous nourrissait et il nous soignait. Mais actuellement, il est malade. C’est pourquoi je suis là. Ça fait longtemps depuis qu’il est tombé malade. J’ai un peu appris le métier de couture. Mais je n’ai pas la main, en plus si tu n’as pas ton propre atelier, tu ne gagneras pas d’argent. Et moi, j’ai une famille que je dois nourrir », raconte-t-elle.
À en croire Fatoumata Ramadan Bah, la vente du café n’est pas aisé. « Je suis victime de moqueries ici. Il y a des gens, quand ils me voient, ils disent n’avoir jamais vu une femme vendeuse de café. Mais moi je ne les écoute pas. Je sais pourquoi je suis là, en plus j’en suis fière, puisque je vis chez mon mari et je le fais pour nourrir ma petite famille. Ce que je peux dire aux femmes qui ne font rien, c’est de se battre. Il y a à faire, il faut juste choisir ce que tu peux faire et tu t’y mets… Je rencontre beaucoup de difficultés. Il y a des gens qui peuvent te dire de mettre du nescafé pour eux. Quand tu mets, ils te disent non, ce n’est pas ça qu’ils veulent, c’est du thé. Mais comme je ne suis pas là pour chercher des problèmes, moi je laisse tomber, je fais ce qu’ils veulent », a-t-elle fait savoir.
Devant ses difficultés, madame Bah sollicite l’aide du gouvernement. « Je demande au gouvernement de me venir en aide. Je le souhaite vraiment puisque mon mari est malade. C’est lui qui m’aidait. J’ai envie d’étudier, de faire quelques formations… ».
Thierno Mamoudou Bah, après quelques semaines d’absence à cause de son état de santé, fait son apparition à l’endroit où sa femme vend du café, en pleine interview. Interrogé à son tour, il explique comment il est en arrivé là et demande de l’aide au gouvernement. « Je suis malade ça fait un peu longtemps. J’ai fait des traitements à l’hôpital. Sans succès. J’ai aussi fait des traitements traditionnels, mais ça ne va toujours pas. Je suis à la maison. Il n’y a pas de boulot, il n’y a personne pour nous aider. C’est ma femme que vous voyez-là qui se bat pour nous, nuit et jour. Je demande aux gouvernements de nous venir en aide. J’ai fait le service militaire depuis 2003. A chaque fois que je fais les concours, je suis toujours parmi les meilleurs, mais ça n’a servi à servi. Le cafetière-la, c’est quand je suis tombé malade et que j’avais plus les moyens, j’ai demandé à ma femme ce qu’elle pouvait faire comme boulot, elle m’a dit qu’elle veut revendre quelque chose. Elle a commencé par les galettes, mais on a vu que ça, ce n’était pas rentable. J’ai une connaissance qui m’a dit de chercher une cafétéria… Et depuis, ma femme est là, à mes côtés. Elle m’aide comme elle peut ».
Hassanatou Kanté pour Guineematin.com
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