Crise au Niger : « une transition ne doit pas être envisageable… La CEDEAO doit rester intransigeante »

Général Abdourahamane Tchiani, président du CNSP, la junte militaire qui a renversé le président nigérien, Mohamed Bazoum

Le Niger est en proie à une crise politique depuis le putsch du 26 juillet dernier qui a renversé le président Mohamed Bazoum du pouvoir à Niamey. La junte militaire du CNSP dirigée par le Général Abdourahamane Tchiani est quasiment fermée au dialogue avec la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) qui menace d’intervenir militairement dans le pays pour rétablir l’ordre constitutionnel. La junte assoit son pouvoir à coût de décrets et de discours nationalistes. Le weekend dernier, elle a annoncé une transition dont la durée ne va pas excéder 3 ans. Cette proposition a été très mal accueillie par la CEDEAO où certains acteurs l’ont jugée « inacceptable ».

Cette position de l’organisation sous-régionale est largement défendue par Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, homme politique guinéen et président de l’UDRP (union démocratique pour le renouveau et le progrès). Il estime que ce sont les rapports de force qui peuvent endiguer les coups d’Etat dans la sous-région. Et, à ce titre, la CEDEAO doit rester intransigeante face à la junte militaire nigérienne pour éviter que l’Afrique de l’ouest sombre dans les putschs.

Dr Édouard Zoutomou Kpogomou, président de l’UDRP (Union démocratie pour le renouveau et le progrès)

« Personnellement je suis dans la logique de la CEDEAO, parce qu’on ne devait accepter l’irruption des militaires dans la gestion des États. Les militaires ne sont pas formés pour diriger les Etats (…), ils sont là pour la défense des pays. Nous pensons qu’il y a eu un processus démocratique qui a abouti à l’élection du président Bazoum [à la tête du Niger]. Alors, mal élu, bien élu, ce qui est sûr, c’est son peuple qui l’a élu. Un peuple qui semble aujourd’hui manipulé pour supporter des putschistes qui étaient à l’affût en réalité. C’est des gens qui étaient en train de guetter le pouvoir. Donc, sans cette position d’intransigeance [de la CEDEAO],  je pense qu’on va assister à la perpétuation et à la prolifération des coups d’Etat dans la sous-région. C’est pourquoi je soutiens fermement la position de la CEDEAO. Il n’y a que les rapports de force qui peuvent endiguer les tendances à des coups d’Etat militaires. Donc, il faut insister et rester intransigeant pour que le président Bazoum reprenne [le pouvoir] ou alors pour qu’on trouve la formule pour que le processus démocratique puisse être institué. Une Transition, même si c’est de deux ans, ne doit pas être envisageable dans ce cas d’espèce… La CEDEAO doit rester intransigeante, parce qu’elle même elle est en train de jouer sa crédibilité. Un coup d’État militaire conduit toujours à un autre coup d’État militaire », a martelé Dr Edouard Zoutomou.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

Facebook Comments Box