Décharge de Dar-Es-Salam (Conakry) : femmes et enfants rivalisent dans le ramassage de plastiques

Le quartier Dar-Es-Salam, dans la commune de Ratoma, abrite la décharge d’ordures de la capitale guinéenne. Les tonnes d’ordures produites chaque jour par les ménages y sont déversées. Livrant les populations des alentours à des maladies et à de nombreux autres risques. Nonobstant les dangers encourus, l’endroit est devenu un endroit de récupération de plastiques destinés à être traités et vendus. Femmes et enfants s’y retrouvent tous les jours pour cette activité qui leur permet de tirer leur épingle du jeu dans une conjoncture économique compliquée. Tel est le constat fait sur place ce lundi, 21 août 2023, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La décharge de Dar-Es-Salam est une montagne d’ordures qui existe depuis longtemps. Les riverains y respirent des odeurs nauséabondes. Cependant, elle constitue de nos jours une source de revenu pour de nombreuses personnes qui viennent y récupérer des matériaux plastiques très prisés.

Ces plastiques sont nettoyés dans des eaux sales, juste à côté de la décharge. Ensuite, ils sont mis en tas dans des sacs de 50 kilogrammes avant d’être envoyés pour le pesage de la part des « preneurs ». Ces plastiques sont ensuite vendus à une usine de recyclage. Chaque kilogramme de plastique pesé est négocié à 1500 francs guinéens.

Mariama Camara, mère de famille, fait de ce travail sa principale activité depuis des années. « Chaque jour, je viens ici pour ramasser les plastiques. C’est dans ça que je parviens à nourrir ma famille. Je gagne entre 40 et 50 kilogrammes par sac que je vends chez les preneurs à raison de 1500 GNF le kilo. Une fois que je termine, je me lave avec l’eau de javel avant de toucher à quoique ce soit ou faire autre activité », affirme-t-elle, tout en nettoyant un plastique qu’elle venait de plonger dans cette eau sale.

Même son de cloche chez d’autres femmes rencontrées à la décharge, qui disent subvenir à leurs besoins grâce à cette activité.

Pendant ces grandes vacances, des enfants âgés de 11 à 16 ans sont également dans cette activité. C’est le cas de Bountouraby Camara et Aminata Conté, élèves en classe de 7ème et 9ème année, respectivement. Elles se disent faire cette activité pour préparer la rentrée scolaire prochaine. « Nos parents n’ont pas beaucoup de moyens pour payer nos scolarités et nos fournitures. Nous faisons cette activité pour les aider en quelque sorte. Quand ils payent la scolarité ; nous, nous payons les fournitures que nous allons utiliser au cours de l’année scolaire », disent-elles.

Elles semblent avoir compris l’utilisation de l’eau de javel après chaque passage à la décharge. « Après ici, nous nous lavons avec de l’eau de javel pour ne pas attraper des maladie », confient-elles.

Sékou Sylla, instituteur, est celui qui récupère les plastiques ramassés à la décharge de Dar-Es-Salam. « Il y a des récupérateurs qui ramassent des déchets de plastiques dans les différents quartiers, ils viennent avec leurs plastiques vers nous. À notre tour, on pèse les sacs de plastiques reçus et on paie les récupérateurs. Avec la saison pluvieuse-là, les plastiques sont mouillés et pour les revendre à l’usine de recyclage, c’est un autre calcaire. Nous achetons beaucoup de plastiques ici. Mais le gouvernement n’a envoyé seulement qu’un seul acheteur pour tous ces sacs de plastiques. Nous avons besoin de plus de partenaires pour les ventes. Et c’est grâce à ces plastiques la que nos mamans utilisent des bassines communément appelé Kabakoudou. Nous demandons à l’Etat d’envoyer plus de partenaires pour l’achat des plastiques. C’est une activité qui n’est pas aussi facile », a déclaré Sékou Sylla.

Emmanuella ASSOU pour Guineematin.com

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