Un acteur culturel dénonce : « on voit des femmes, à moitié nues, dans un clip. Ce n’est pas normal »

Bangaly Bangoura, alias Badjone, animateur culturel

Ces dernières années, de nombreuses productions musicales guinéennes ont été dénoncées comme étant incitatrices à la débauche et à la perversité. Des musiques ont été même interdites récemment à cause de leur contenu. Pour parler de cette problématique, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Bangaly Bangoura, alias « Badjone », qui a tenu un discours caustique contre les artistes qui outrepassent les interdits.

« La petite enfance a droit à une sauvegarde. Nous avons une culture, une civilisation, nous avons des valeurs humaines. Donc il faudrait que nous essayions de passer un message à nos enfants, un message qui nous ressemble », dit d’entrée Bangaly Bangoura, alias « Badjone ».

Bangaly Bangoura, alias Badjone, animateur culturel

Pour ce célèbre animateur culturel de la RTG, les artistes musiciens doivent préserver nos mœurs et nos valeurs morales dans les productions artistiques. « La petite enfance a droit à une sauvegarde. Nous avons une culture, une civilisation, nous avons des valeurs humaines. Donc, il faudrait que nous essayons de passer un message à nos enfants qui nous ressemble. Depuis la chute du premier régime à la mort de feu Ahmed Sékou Touré, tout est mort en Guinée : culturellement, l’éducation, sur le plan sportif. Bref, dans presque tous les domaines, nous avons perdu nos vraies et réelles valeurs. Il y a une déculturation sociale qui bat son plein. Parce qu’aujourd’hui, la musique qui se passe en Guinée, ce n’est pas la musique guinéenne, les rythmes qui sont là actuellement ne sont pas les rythmes guinéens. Or, toutes les ethnies qu’il y a en Guinée ont leur accoutrement, mode vestimentaire et de vie qui leurs sont propres. Mais nous avons mis tout ça de côté pour épouser les cultures étrangères qui sont venues nous envahir ici », a regretté Bangaly Bangoura.

Bangaly Bangoura, alias Badjone, animateur culturel

Plus loin, cet animateur de la célèbre émission Max Hip-hop sur la Radiodiffusion télévision guinéenne (RTG), déplore la perte des valeurs. « Vous allez retrouver aujourd’hui la femme, qui est synonyme de respect, est à moitié nue dans un clip et puis on la manie dans tous les sens. Ce n’est pas du tout beau à voir. Ceux qui font les clips pareils, il faut qu’ils essaient de changer en restant un peu dans la vertu guinéenne. Il faut qu’on essaie de voir quel est le clip que je peux regarder avec ma sœur, avec ma mère, avec ma tante… Parce qu’il y a de ces clips aujourd’hui, dès que ça passe à la télé, c’est soit l’enfant quitte le salon par honte ou c’est le parent qui libère le salon. Il faut que nous inculquions de meilleures valeurs à nos enfants parce qu’ils sont l’avenir de demain. Il se trouve aujourd’hui que la rue éduque plus que la maison. Parce que la bonne éducation que tu peux donner à ton enfant à la maison dès qu’il sort dans la rue, il apprend autre chose. Hier, l’enfant était éduqué de la maison à la rue en passant par l’école… ».

Enfin, Bangaly Bangoura interpelle autorités et acteurs culturels pour inverser cette tendance qui gagne progressivement du terrain. « Il faut que les autorités prennent leurs responsabilités. Il faut que l’État, à travers ses services compétents, se lève pour contrôler tous les contenus des productions artistiques (musiques et clips). Il faut que nous journalistes, animateurs et opérateurs culturels… chacun en ce qui le concerne joue son rôle pour que nous revenions à nos meilleures habitudes. Aux artistes de l’actualité, je leur dirai qu’ils essaient de penser comme les anciens. Côté musique urbaine, je citerai : l’album Sogolon de Bill De Sam, musique populaire, il y a Allah Nana d’Ibro Diabaté. Quand nous prenons la musique pastorale, il y a musique Bhouloun Ndjouri de Binta Laly Sow. Quand vous partez en forêt, il y a l’album de Seny Malomou. Voilà des musiques qui retracent nos coutumes et nos valeurs », a rappelé Badjone, le Lion blanc, selon les intimes.

Bangaly Bangoura, alias Badjone, animateur culturel

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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