Guinée : ce que demande l’association des femmes victimes de violences conjugales

Chaque année, de nombreuses femmes sont victimes de violences dans leurs foyers. Les campagnes de sensibilisation et la répression ne freinent pas le phénomène. Au regard de cette situation, les initiatives se multiplient pour tenter d’atténuer le mal. C’est dans cette dynamique qu’il a été créée à Conakry l’Association des Femmes Victimes de Violences Conjugales. Des membres de la structure, qui a vu le jour le 31 août 2023, interrogées par Guineematin.com, sont revenues sur leurs motivations.

En Guinée, selon le rapport de la Direction Nationale de la Promotion Féminine et du Genre (DNPFG), 08 femmes sur 10 sont victimes de violences conjugales et domestiques. Soit un taux estimé à 87% sur l’ensemble du territoire national.

Pour faire face à ce phénomène, qui prend de plus en plus d’ampleur, Banouna Diallo, femme divorcée et victime de violences conjugales, a mis en place une ONG dénommée Association des Femmes Victimes de Violences Conjugales. Une structure née il y a à peine un mois mais qui compte s’investir dans la lutte contre les violences faites aux femmes.

Banouna Diallo, présidente de l’association des femmes victimes de violences conjugales

Selon Banouna Diallo, cette ONG a été créée pour contribuer à la diminution des violences conjugales dans la communauté. « J’ai créé cette ONG parce que j’ai été victime de violences conjugales, et je vois beaucoup d’autres femmes victimes des mêmes pratiques, même si on n’a pas vécu les mêmes difficultés. Moi par exemple, j’ai été mariée à un parent. Malheureusement, il n’y avait pas d’amour, il ne m’aimait pas, parce qu’il n’y avait pas de considération. C’est quelqu’un que j’ai attendu pendant des années, c’est un diaspo qui vivait en Europe. J’ai vécu la violence conjugale, j’ai été abandonnée avec un enfant. Je suis tombée malade, mon ex-mari m’a abandonnée et m’a tourné le dos. J’ai passé des moments sombres dans ma vie. Il est toujours en Europe, il fait des va-et-vient ; mais aujourd’hui, je peux dire que ma fille n’a jamais connu son père. Et depuis je me suis séparée de lui, je ne me suis jamais remariée. Vous savez aujourd’hui, quand tu es une femme divorcée, c’est comme si tu as une étiquette sur toi. Même si quelqu’un veut t’épouser, quand tu lui dis que tu es divorcé et que tu as déjà un enfant, il se retire directement. Donc, cette ONG vient de naître. On a beaucoup de projets en cours et pour réaliser ces projets, on a vraiment besoin de l’implication de tout un chacun, de l’Etat et des personnes de bonnes volontés. Je suis sûre qu’en mettant en place ces projets, nous allons atteindre notre objectif », a expliqué la fondatrice de l’Association des femmes victimes de violences conjugales.

Pour sa part, Oumou Salamata Barry, sage-femme et membre de l’Association des femmes victimes de violences conjugales, a rappelé que le foyer n’est pas égal à violence.

Oumou Salamata Barry, membre de l’association des femmes victimes de violences conjugales

« Ce qui m’a poussée à intégrer cette ONG, c’est que déjà le motif de l’ONG, qui dit violences conjugales ; ça me touche, parce que déjà moi-même je suis victime de violences conjugales, et j’en connais aussi beaucoup d’autres femmes qui sont aujourd’hui victimes. C’est ce qui m’a poussé et motivé à adhérer à cette ONG. L’objectif de notre ONG aujourd’hui, c’est vrai que nous, on est déjà victime, on ne peut pas dire qu’on peut arrêter complètement les violences conjugales. Mais, avec les sensibilisations, il y aura une diminution parce que je suis sûre que c’est la sensibilisation qui manque. Donc, notre objectif est de sensibiliser, faire comprendre aux hommes et aux femmes que vraiment, le foyer n’est pas égal à violence, le foyer n’est pas égal à abandon, le foyer n’est pas égal aux violences que les femmes subissent dans les foyers. Parce que très généralement, dans les foyers, le problème c’est entre le mari et la femme ou entre la femme et la belle famille. Voilà ce qui crée des problèmes dans les foyers actuellement. Nous notre objectif, c’est de faire comprendre à la communauté que qui dit foyer, dit bonheur ; qui dit foyer, dit bonnes choses ; qui dit foyer, parle de progéniture, parce que dans les foyers, tant qu’il y a les violences, même la progéniture va être dérangée. On a besoin d’appui pour pouvoir réaliser nos projets parce que quand on parle d’un projet comme ça, on a besoin de l’implication des religieux, des bonnes volontés, de l’Etat… pour aboutir à nos objectifs. J’invite tous les hommes et femmes dans les foyers à se respecter et à éviter autant que possible les violences conjugales », a-t-elle laissé entendre.

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tél. : 621 937 298

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