Comme annoncé précédemment le procès du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à Kaloum ce mercredi, 04 septembre 2023. La troisième partie civile, Amadou Korka Diallo, marchand âgé de 46 ans, accuse un policier de lui avoir cassé le pied droit au stade du 28 septembre, a appris Guineematin.com à travers son reporter dépêché au tribunal.
Appelée à la barre, la victime a d’abord fait une courte prière pour remercier Dieu de l’avoir gardé jusqu’à ce jour pour qu’il puisse raconter ce qui lui est arrivé.
Le matin du 28 septembre 2009, comme de nombreux Guinéens, il s’est rendu au stade éponyme. Après la mésentente entre les leaders des forces vives et le Colonel Tiegboro Camara, la situation a dégénéré.
« Il a dit saccagez-les! C’est là qu’ils ont commencé à prendre les gens pour mettre dans les pick-up. Les gens ont couru, ils ont tiré du gaz. Je me suis arrêté mais je ne savais pas par où aller. J’ai vu des gens entrer par là où il y a la pharmacie, j’ai aussi couru pour aller là-bas. Un policier nous a poursuivis, il avait un fusil. Il m’a pris en disant descendez. Nous sommes descendus ensemble. On est venus jusqu’à la porte, un autre policier était arrêté là-bas. Il nous a suivis, il m’a donné un coup de pied, mon pied s’est cassé. J’ai dit vous avez cassé mon pied, quand ils ont vu ça, ils m’ont laissé et je suis tombé. Je me suis assis, mais les os avaient percé ma peau, le sang coulait beaucoup. Mais j’ai vu qu’ils m’ont lâché sur le goudron, alors j’ai pris mon pied je me suis traîné pour me mettre de l’autre côté. Les gendarmes étaient arrêtés de l’autre côté, ils m’observaient et le sang coulait beaucoup. Je me suis encore traîné jusqu’au niveau des antivols de la pharmacie pour m’adosser là. Quand le sang coule jusqu’à ce que les fourmis commencent à venir, je pousse un peu. Mon téléphone a sonné, il y avait un jeune dernière les antivols, il m’a demandé de lui donner mon téléphone pour que si mes parents appellent qu’il leur dise qu’on a fracturé mon pied. Il a dit à mes deux jeunes frères que mon pied a été cassé. J’ai fait signe aux policiers de venir, mais ils m’ont regardé, personne n’est venue. Après que leur chef est venu, je lui ai dit que je perdais beaucoup de sang, donc de m’emmener à l’hôpital pour ne pas que je meurs là-bas. Il m’a demandé si j’avais le numéro de mes parents, j’ai dit oui. J’ai demandé ce qu’il voulait, il a dit que c’était pour les appeler pour qu’ils viennent. J’ai dit qu’ils ne peuvent pas venir alors qu’il y a plein d’agents sur la route. Et s’il ne pouvait pas m’aider de laisser tomber. Il est parti. Il a envoyé deux des ses éléments pour m’enlever de ce côté. Ils m’ont emmené sur la route vers Madina. Entre-temps, ils avaient appelé du renfort, beaucoup de pick-up sont venus. Je suis resté assis là, on se regardait là-bas. Ils ont tiré du gaz lacrymogène vers en bas là-bas, il est tombé à 3 mètres de moi. Mais la fumée n’est pas arrivée à mon niveau. Toute personne qui venait m’aider, était chassée par les gendarmes. Ils (les gendarmes et les policiers) sont allés attraper deux jeunes qu’ils ont emmené jusqu’à côté de moi, ils les ont battus là jusqu’à la mort. Deux femmes gendarmes sont venues me trouver là-bas, elles m’ont demandé pourquoi je suis venu là. Je leur ai dit de ne pas me blâmer, je ne savais qu’il y avait un problème ici. Je suis venu pour un meeting, si je savais qu’il y avait des problèmes je n’allais pas venir. Je leur ai demandé de m’aider mais elles ont dit que ce n’était pas leur mission. Elles ont dit, vous avez vu que ces deux-là sont morts, restez ici la croix-rouge va venir vous chercher », a-t-il relaté devant le tribunal criminel de Dixinn.
Amadou Korka Diallo est sauvé par des jeunes qui l’ont transporté dans un grand drapeau qu’ils avaient jusqu’à Madina où un véhicule de la croix-rouge l’a pris.
De Kaloum, Mamou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com
