Affaires Damaro Camara à la CRIEF : voici ses échanges avec le Procureur

Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale

Après dix-huit mois de son mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry, l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara est devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), pour répondre aux questions liées à l’utilisation de 15 milliards de francs guinéens, destinés à l’aménagement du site devant abriter le siège de l’Assemblée nationale.

Après sa déposition où l’accusé a systématiquement rejeté les charges articulées contre lui, l’honorable Amadou Damaro Camara, a fait face à une batterie de questions du procureur, Lazare Mamady Bauret.

Dans ce débat, les échanges ont touché l’implication de Mariama Camara, fille de Damaro, qui a bénéficié un marché de rénovation au dépôt de la liste des biens du prévenu, en passant sur l’utilisation des 15 milliards de francs guinéens.

L’équipe de Guineemati.com postée a la CRIEF, vous propose ses échanges avec le Procureur Lazare Mamady Bauret.

Affaires du marché offert à Mariame Camara, fille de Damaro

Pour l’honorable Amadou Damaro Camara, le marché accordé à sa fille Mariama, architecte est parti d’un rien.

Lorsque je suis devenu Président de l’Assemblée nationale, Mariam m’a appelé pour dire qu’elle se charge de rénover mon bureau. Mais que je ne dois pas allez là-bas jusqu’à la fin des travaux. (…) Finalement, c’est 350 millions que mon bureau et certains de mon cabinet ont été réalisés. Elle a mis un système onduleur et d’intranet avec un téléphone central qui me permettait de communiquer avec tout le monde. Elle a évalué son téléphone central à 4 millions, les autres fournisseurs ont dit de revoir le prix qui semblait trop petit.

Elle a fait mon bureau, le cabinet, la salle des Actes et quelques bureaux. Elle avait le 5ème marché…Et quand le Président de la transition a visité mon bureau, il était lui même content. Et Mariam continue d’ailleurs d’avoir des contrats avec les Départements, sous le CNRD….

Après cette rénovation, il y a eu la digitalisation. Il n’en fallait pas plus pour le.procureur ramène le débat sur les 15 milliards.

Procureur: sur les 15 milliards, le Directeur financier de l’Assemblée nationale, Saa Léno, dit qu’il n’est au courant que des l’utilisation que de 7 milliards.

Damaro : il peut avoir raison, puisqu’il n’était pas associé à certains niveaux. Il y a une différence entre l’ordonnateur des deux caisses que je suis et le comptable.

La première caisse n’était pas finie et j’attendais le montant sur l’investissement. J’ai pris dans le fonds du fonctionnement pour payer les investissements.

Je ne crois pas que les détails soient si importants. Ma nomenclature budgétaire n’obéit pas à cela.

Procureur : si, vous obéissez à cette règle. Il faut qu’il y ait de l’argent pour une opération de paie. Le DAF souligne qu’il n’est au courant du paiement que de 7 milliards.

Damaro : en 18 mois, vous n’avez pas été capable de demander à l’EDG de fournir les preuves de son prestation et de son paiement ? C’est ce que j’ai reproché à l’instruction. Demandez à la SEG. Cela est-il difficile?

Procureur : les contradictions qui vous opposent sont issues de votre instruction. Est-ce que le compte de Assemblée nationale à la Banque centrale n’est pas unique?

Vous savez qu’à la date du 1er septembre, le compte a été crédité de 4 milliards.

Damaro : nous avons un compte unique, c’est vrai. Mais pour gérer les 15 milliards, nous avons un chèque à part…

En septembre, la session unique était déjà clôturée en juillet. Ce montant de 4 milliards ne peut être qu’un reversement.

Procureur : les 15 milliards ont été effectivement payés sur le compte par l’Etat, n’est-ce pas ?

Damaro : l’Assemblée nationale n’a pas d’autres sources de revenus que les subventions de l’Etat. En août, nous avons eu une subvention de 15 milliards et c’était pour les investissements.

Procureur : vous confirmez que six milliards ont servi au paiement des primes des députés ?

Damaro: les 15 milliards, je suis l’ordonnateur mais pas le gestionnaire au quotidien.

Procureur : nulle part, il ne figure le paiement de six milliards aux députés.

Damaro : ces montants sont payés par virement à partir du ministère du Budget.

Procureur :  Sur le libellé de la Banque centrale, ce montant ne figure pas.

Le 26 août, il y a un retrait, le 27 août, c’est pour le compte d’ Éva multiservices, le 31, vous avez fait également un paiement à Afribonne et un montant de 2 milliards à mondial …Les 15 milliards ne rentrent pas dans le cadre du budget de souveraineté. Cela doit être clair, Honorable Damaro.

Damaro : le Président de l’Assemblée nationale n’est pas soumis au contrôle budgétaire comme les autres. Cette subvention n’est pas nomenclaturée. Je l’utilise dans le respect de la constitution et je rends compte à la Cour des comptes. C’est ce que j’ai fait en procédant au paiement sur les 15 milliards…

Procureur : ma question n’est pas répondue. Vous dites que vous n’avez pas de compte à rendre. Pour un travail de 15 milliards, vous avez fait 3 milliards. Le reste devrait être reversé dans les caisses de l’Etat.

Damaro : un ordonnateur peut faire des aménagements de crédits. C’est d’ailleurs l’objet de la tenue de la LFR. Tout fonds mis à la disposition du Président de l’Assemblée nationale, celui-ci est responsable jusqu’à la fin de l’exercice et il est responsable devant la Cour des comptes.

Procureur : jusqu’à date, nous savons de l’utilisation que de un milliard huit cent millions ( 1.800.000.000 ). Où est le reste de l’argent ?

Damaro : je suis surpris. C’est tellement simple. Aucun franc n’a été détourné dans ce montant…Je suis frustré pour avoir renoncé à 38 milliards en 16 mois, frustré de travailler pendant 16 mois et avoir un tel traitement…

Procureur : le 31 mai à 15 h, vous avez subi l’interrogatoire devant vos conseils. Vous n’avez nulle part soutenu avoir effectué des paiements à l’EDG ou à la SEG.

Damaro : devant les enquêteurs, très peu de questions avaient porté sur les 15 milliards. Ce jour, l’interrogatoire portait sur ma participation à une mine d’or à Loyla à Mandiana et à Ecobanque. Sinon, j’ai dis les faits ont été dits à la gendarmerie avec la fourniture de toutes les pièces.

Damaro à Bernard Keita : il n’est pas une référence.

Damaro : J’ai travaillé avec lui pendant six ans. Moi en tant que Président du groupe parlementaire et lui, comme questeur chargé des finances. Mais en la matière et avec tout le respect que je lui dois, il n’est pas une référence…Notre législature a fait un règlement administratif, financier et un code de passation de marchés. L’exécution ne peut pas envoyer des instructions à l’Assemblée nationale.

Procureur : par rapport à la liste des biens que vous avez, pouvez vous nous fournir nous la fournir ?

Damaro : je l’ai déjà dit à mes conseils.

Les débats se poursuivent.

Depuis la CRIEF, l’équipe de Guineematin.com

Tél: 628089845

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