Pourquoi le syndicat a refusé la prime proposée par le gouvernement ? Kadiatou Bah du SLECG fait des révélations

Mme Aïssatou Bah, secrétaire générale du SLEG

Le mouvement syndical guinéen a tenu une assemblée générale extraordinaire ce mardi, 10 octobre 2023, à la bourse du travail à Conakry. Cette rencontre portait sur la situation des négociations tripartites engagées avec le gouvernement et le patronat autour des revendications des travailleurs. Ces revendications portent entre autres sur « l’augmentation de la valeur monétaire du point d’indice salarial à hauteur de 100% pour les fonctionnaires, les contractuels permanents et les pensionnées ; l’engagement de tous les enseignants contractuels et les agents de santé à la Fonction Publique et la valorisation de la pension de retraite des anciens travailleurs régis par la caisse nationale de sécurité sociale à hauteur de 80 % du dernier salaire ».

Les échanges ont eu lieu à huis clos entre les leaders syndicaux. Et, au sortir de la rencontre, Kadiatou Bah, la secrétaire générale du SLECG, s’est confiée à la presse. Son exposé, elle a révélé que le mouvement syndical a rejeté une prime que le gouvernement lui avait proposé. Elle a aussi souhaité que les autorités de la Transition soient attentives et donnent une suite favorable aux revendications des travailleurs. A défaut, elle assure que « la dernière arme (la grève) sera utilisée pour les contraindre à céder.

« Depuis bientôt deux mois nous sommes autour de la table de négociation tripartite entre le patronat, le gouvernement et le syndicat. Il se trouve que, autour de cette table de négociations, nous avons au moins huit représentants de l’éducation… Ce qui nous préoccupe le plus, parce que c’est des acquis qu’il ne faut pas négliger, c’est la situation de nos jeunes enseignants contractuels. Ils sont plus de dix-neuf mille, il ne faudrait pas qu’avec le manque criard que nous avons sur le terrain que le gouvernement néglige cet aspect. Nous de l’intersyndical de l’éducation, présent autour de cette table de négociation, le point crucial c’est comment engager ces jeunes à la Fonction publique. Le deuxième élément, c’est aussi la revendication proprement dite. Nous avons discuté sur le premier point relatif à l’augmentation sur la question salariale. Le gouvernement nous a fait une première proposition nous donnant 15% de prime, on a dit qu’on n’est pas d’accord, parce que ça n’accompagne pas le travailleur jusqu’à sa retraite et pendant sa retraite. C’est pourquoi nous avons refusé d’emblée ces primes et nous avons posé le problème d’aller vers l’augmentation sur la valeur monétaire du point d’indice. Ils ont commencé par 10%, ils sont allés à 12%, 15% et actuellement on est bloqué au niveau de 20%. Nous avons demandé 100%, ils sont à 20%, nous sommes descendus nous aussi jusqu’à 90 ou 95%. Parce qu’en technique de négociation, quand une partie fléchit, il faut que l’autre parti aussi fléchisse. Nous sommes des syndicalistes, nous ne portons pas les gants pour écrire nous n’avons pas peur aussi de dire ce qu’il faut. Aujourd’hui, nous sommes en négociation tripartite parce que nous prônons le dialogue social. Ce dialogue social là va en droite ligne avec les préoccupations du mouvement syndical. Mais, si au cas où les travailleurs ne sont pas compris par ce gouvernement, ils n’ont qu’à savoir qu’ils sont là dans une phase transitoire. Donc, c’est des décisions exceptionnelles, parce que c’est un régime exceptionnel. Il faut qu’ils acceptent cette exception pour satisfaire les travailleurs, sinon on va utiliser notre dernière arme », a indiqué Kadiatou Bah.

Oumou Lamarana Bah pour Guineematin.com

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