Arrestation des journalistes lors de la marche contre la censure de Guineematin : entretien avec Lamine Kaba (Espace TV)

Lamine Kaba, reporter à Espace Tv

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, 13 journalistes guinéens avaient été arrêtés et interrogés toute la journée du lundi dernier, 16 octobre 2023, lors de la marche du Syndicat professionnel de la presse privée de Guinée contre la censure du site Guineematin.com à Kaloum. Ces confrères sont poursuivis pour « participation délictueuse à un attroupement interdit sur la voie publique », alors que plusieurs d’entre eux étaient déployés par leurs rédactions respectives pour la couverture médiatique de la marche. C’est le cas par exemple de Lamine Kaba, journaliste-reporter à Espace TV, rencontré ce jeudi, 19 octobre 2023, par un reporter de Guineematin.

Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) a organisé une marche pacifique, qui a tourné court, à Conakry lundi dernier. La démarche visait à exiger la levée des restrictions imposées au site d’information Guineematin.com depuis plus de deux mois.

Mais, la marche a été dispersée, 13 journalistes interpellés, d’autres blessés par les force de l’ordre. Lamine Kaba, journaliste-reporter à Espace TV, fait partie des confrères mis aux arrêts ce jour-là, alors qu’il était venu pour couvrir la manifestation.

Lamine Kaba, reporter à Espace Tv

« Le matin, comme d’habitude, je suis venu au boulot. Après le conseil, on m’a dit d’aller couvrir la marche du SPPG. Une collègue d’Espace TV m’a appelé pour me dire qu’elle est déjà sur les lieux, qu’elle m’attendait. Après, j’ai pris ma moto pour partir. Ce que vous devez savoir, c’est que j’étais allé sur les lieux pour couvrir la marche et non pour manifester, tout comme les 10 autres journalistes arrêtés. Quand j’ai eu vent qu’on réprimait la manifestation, j’ai appelé mon responsable qui m’a dit d’aller toujours. Une fois sur les lieux, j’ai constaté les faits. Après qu’on nous ait chassé de plusieurs endroits, nous nous sommes rendus au siège de l’Agence Guinéenne de Presse. Un ami qui voulait nous rejoindre et à qui j’ai indiqué le siège m’attendait en bas. Je suis descendu pour lui indiquer où j’étais pour qu’il me rejoigne. C’est là que j’ai aperçu deux pickups de gendarmes et de policiers qui m’ont arrêté malgré que je leur ai dit pourquoi j’étais sur les lieux. Ils se sont jetés sur moi, retirant mon téléphone pour m’envoyer au commissariat », a expliqué le confrère.

En ce qui concerne le procès contre les 13 journalistes poursuivis pour participation à un attroupement illégal, Lamine Kaba dit être serein. « Ce dont on nous reproche exactement, c’est participation délictueuse à un attroupement interdit sur la voie publique. En quoi peut-on reprocher à un journaliste qui vient couvrir un évènement de participation à un attroupement ? On ne peut pas arrêter un journaliste venu couvrir une manifestation. Il n’y a vraiment pas lieu de poursuivre un journaliste venu faire son travail. Moi personnellement, je n’ai pas de crainte. Tout comme mes confrères qui ont été arrêtés. La couverture d’une manifestation n’est pas un délit à ce que je sache. Je n’ai aucune crainte parce que je n’ai enfreint à aucune loi, aucune règle en ce qui concerne cette transition. J’étais dans l’exercice de ma profession. Nous avons des avocats qui vont nous défendre et nous avons confiance en eux », a-t-il laissé entendre.

Le procès de ces 13 journalistes est prévu la semaine prochaine au tribunal de première instance de Kaloum.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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