Guinée : la semaine de l’avocate officiellement lancée à Conakry

C’est sous le thème « l’accès aux professions juridiques et judiciaires pour les jeunes femmes » que la semaine de l’avocate a été officiellement lancée ce jeudi, 19 octobre 2023, à Conakry. Cette première édition, qui va durer 3 jours, est une initiative du Réseau international des femmes avocates en collaboration avec l’Ordre des avocats de Guinée. La démarche vise à rendre hommage aux pionnières qui ont intégré le barreau de Guinée pour la première fois et encourager les filles et femmes à exercer la profession d’avocate, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’ouverture de la Semaine de l’avocate a connu la présence de toute la famille judiciaire du pays. Juges, procureurs, avocats, greffiers, huissiers, notaires, ONG de défense des Droits de l’homme, ont tous pris part à l’ouverture de cette rencontre.

Mme Irène Marie Hadjimalis, Secrétaire Général du ministère de la justice garde de sceaux

Dans son discours, la Secrétaire générale du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Irène Marie Hadjimalis a expliqué la portée de cette activité. « Les nouvelles générations doivent savoir qu’elles ont eu des devanciers et elles ont l’obligation de connaître l’histoire de leur profession. Il y a eu la première femme magistrate de Guinée, il y a eu la première femme avocate de Guinée. Ça, ce sont des faits que beaucoup ne connaissent pas et qu’il y a lieu de rappeler pour que la mémoire de notre Ministère perdure. Donc, il était question pour cette rencontre d’encourager les femmes, les filles, à adhérer à la profession judiciaire, d’encourager les avocates, magistrates, greffières huissières, notaires, et leur dire, avant elles, certaines ont défriché leur chemin et elles aussi doivent continuer dans le même sens », a-t-elle laissé entendre.

Me Halimatou Camara, avocate

Dans la même lancée, Me Halimatou Camara, avocate au Barreau de Guinée, a rappelé que le barreau de Guinée existe depuis 1986. A cette période, il n’y avait qu’une seule femme, en l’occurrence maître Charlotte Laurence, qui était inscrite au barreau.  Actuellement, précise l’avocate, sur plus de 300 avocats inscrits au Barreau de Guinée, il n’y a que 26 femmes. « Beaucoup de choses ont motivé cette organisation. La première chose, c’est d’abord rendre hommage aux pionnières qui ont intégré le barreau pour la première fois. Le bureau de Guinée existe depuis 1986. Et les premiers avocats qui ont eu à exercer la profession d’avocat ne faisaient même pas une quinzaine. Il n’y avait qu’une seule femme inscrite en 1986. Je parle de maître Charlotte Laurence qui est décédée en 2010. Il nous fallait quand même marquer le coup et organiser cette semaine de l’avocate, mettre en lumière le fait que le barreau de Guinée aujourd’hui, sur plus de 300 avocats, il y a pratiquement 26 avocates qui exercent. C’est comme une goutte d’eau dans la mer. C’est vrai que des progrès ont été accomplis ; mais il s’agit aujourd’hui, en ce mois d’octobre, qui est le mois de la jeune fille sur le plan mondial, d’inciter beaucoup plus de jeunes filles à s’intéresser aux professions juridiques et judiciaires de façon générale et à s’intéresser à la profession d’avocate. Il n’y a rien de diable dedans. Toutes les femmes qui ont envie d’exercer la profession d’avocat, si elles suivent le parcours qu’il faut, si elles travaillent nécessairement bien, elles peuvent devenir avocates », a lancé Me Halimatou Camara.

Me Felicite Esther Zeifman avocate au barreau de Paris et secrétaire générale du réseau international des femmes avocates

De son côté, maître Félicité Esther Zeifman, avocate au barreau de Paris, Secrétaire générale du Réseau international des femmes avocates, a vivement invité les femmes et jeunes filles étudiantes à choisir cette profession. « Ce n’est pas facile d’être femme et d’être avocate parce qu’on a cette difficulté de dire, est-ce que je peux pouvoir concilier les deux. Ma vie familiale, ma vie personnelle, ma vie active. Mais, c’est la même problématique qui se pose chez les hommes. Mais les hommes ne se posent pas ces questions. Pourquoi nous, nous devrions nous poser ces questions et pourquoi ça devrait être un frein à l’accès à la profession ? C’est une belle profession. D’ailleurs, elle est plus que féminine puisque nous portons une robe, les hommes la portent aussi. Donc à l’instant du port de la robe, ils deviennent des femmes. Pourquoi est-ce qu’on voudrait faire de cette profession uniquement masculine. Non ! Nous les femmes, nous serons là, nous avons un droit de cité, nous avons une intelligence beaucoup plus constructive, plus maligne, plus fine que les hommes. Nous sommes dans tous les dossiers. Même dans les dossiers les plus médiatiques. Au début, on essayait de nous cantonner à tout ce qui est droit de la famille. Aujourd’hui, on est dans des dossiers de droit pénal qui sont lourds. Donc, nous sommes compétentes, nous le revendiquons haut et fort. Notre condition de femme ne fait pas de nous des faibles. Dommage pour ceux qui continuent à dire que la femme c’est le sexe faible. Pas du tout ! Nous sommes des sexes forts et de plus en plus forts, nous allons le démontrer. Et nous avons tenu à le démontrer ici à Conakry. Nous allons changer la donne dans l’esprit des jeunes filles, dans l’esprit des jeunes étudiantes. Nous n’allons peut-être pas changer la donne dans l’esprit de la loi. Parce que la loi encadre l’accès à la profession d’avocat. Mais, nous allons leur dire, venez, nous sommes là, il y a des difficultés dans tous les métiers. La profession d’avocat est belle, elle est féminine, elle est féminisante. Donc, nous les accueillerons à bras ouverts et nous serons là, nous les aînées, pour les accompagner. Moi je dis aux jeunes étudiantes guinéennes, essayez, venez avec nous, il n’y a pas plus belle profession que celle d’avocat, surtout quand elle est exercée par les femmes », a-t-elle martelé.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel :620 589 527/664 413 227

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