N’Zérékoré : zoom sur des filles apprenties-vitrières, fières de leur métier !

Marie Koïvogui, apprentie

Considéré comme réservé aux hommes, le métier de vitrerie attire de la gent féminine dans la ville de N’zérékoré. Au moins quatre jeunes filles apprennent ce métier à l’atelier « Blémou et Frères », sis au quartier Boma, dans la commune urbaine. Interrogées par l’équipe de Guineematin.com basée dans la préfecture ce mercredi, 18 octobre 2023, ces apprenties-vitrières ont expliqué leur motivation et les difficultés qu’elles rencontrent dans ce métier.

Sény Delamou, apprentie

Seny Délamou, apprentie vitrière à l’atelier « Blémou et Frères », sis au quartier Boma, explique les raisons de son choix. « J’ai choisi la vitrerie comme mon travail par amour. C’est un honneur pour moi, en tant que femme, d’exercer un métier que les hommes exercent aussi. Une fois que j’aurais fini, j’aurai de la valeur au regard de tous, même mes amies. C’est un travail qui donne un peu d’argent, mais c’est aussi très dur, surtout quand je veux serrer des vices, transporter des barres d’aluminium et des vitres. Les machines sont très lourdes et surtout les moteurs, quand il s’agit des travaux de chantier. Parfois, on arrive à se blesser avec la vitre ou l’aluminium, très tranchants. Cela ne me décourage pas. Je sais ce que je veux, et je ne peux pas me délaisser, malgré la souffrance. C’est pour juste un temps, cette souffrance est passagère. Je dis merci à Dieu, car il y a le courant actuellement dans la ville.   Sinon avant, c’était trop difficile. Donc, ce que je demande aux femmes, c’est de travailler, d’étudier ou apprendre un métier car le premier mari de la femme, c’est son travail », a laissé entendre Seny DELAMOU.

Thérèse Haba, apprentie

Même son de cloche chez Thérèse Haba, apprentie vitrière du même atelier. « Quand la femme apprend, elle ne peut jamais être honnie par son mari. Elle peut aussi prendre une décision dans le foyer, s’il s’agit de le faire. J’ai décidé de faire ce métier car j’ai le souci de mon avenir. Ce travail pourrait beaucoup m’aider à m’occuper de mes parents quand ils seront faibles et surtout de mes enfants, sans demander auprès de mon mari. Il y a beaucoup de métiers féminins aujourd’hui, mais moi je veux faire l’impossible ou le dur pour connaître mieux la vie. J’invite toutes les femmes à faire comme les hommes, cela nous donnera de la valeur aussi. Je demande au colonel Mamadi DOUMBOUYA de voir notre situation et de penser à nous », a sollicité demoiselle Thérèse HABA.

Marie Koïvogui, apprentie

Pour sa part, Marie KOÏVOGUI a expliqué les difficultés rencontrées dans le travail. « Il y a plusieurs métiers de femmes actuellement, mais moi j’ai décidé de faire la différence en exerçant la vitrerie qui est considérée comme travail des hommes. Je me sens fière en pratiquant ce métier, car c’est pour l’honneur de toutes les femmes. Cela va m’aider dans l’avenir, pour prendre soin de mes parents et de ma petite famille. C’est très dur, parce que parfois, pour percer le mur, ça nous crée beaucoup de difficultés. Mais, j’espère que c’est pour juste un temps. Je demande aux femmes d’apprendre quelque chose dans la vie, si on n’étudie pas, on apprend un métier. Nous ne devons plus totalement compter sur les hommes », a dit Marie KOÏVOGUI.

Jeannette Haba, apprentie

Jeannette Haba se sent heureuse dans l’exercice de son métier. « Le travail de la vitrerie me plaît beaucoup, je l’exerce pour montrer aux hommes que nous sommes capables de tout. La famille compte beaucoup sur moi, alors j’ai choisi de faire ce métier pour l’aider. Pour moi, il n’y a pas de difficultés, car j’ai décidé de faire et je suis prête à surmonter tous les obstacles. Certaines femmes disent que ces métiers sont difficiles, mais je veux juste leur dire que c’est dans le dur qu’on atteint le possible. J’invite toutes les femmes à travailler car c’est le travail qui paie, comme le disent les chanteurs », a-t-elle laissé entendre.

Henry Blémou, maître vitrier

Henry BLEMOU, maître des quatre filles apprenantes, a expliqué la détermination de ces filles dans ce service. Il a aussi demandé l’attention du gouvernement. « La manière dont ces filles ont commencé le travail, j’espère bien qu’elles ont déjà leur avenir. Elles sont plus actives que certains hommes qui sont apprentis. Elles viennent à 7 heures et restent jusqu’à 18 heures, sans se fatiguer. Au début, ce n’était pas facile ; mais actuellement, je peux même les envoyer travailler seules, sans aucun homme, ni moi-même. Elles ont le courage à tout moment, elles suivent strictement le travail. Je leur demande parfois de se reposer, car elles sont tout le temps en action plus que beaucoup de mes apprentis. Je demande au gouvernement d’aider ces filles qui se battent corps et âme pour leur avenir. Certaines sont mécaniciennes, plombières, peintres, chaudronnières… Une fois à la fin de leur travail, je souhaiterais que l’Etat les aide à avoir les matériels qu’il faut pour travailler », a souhaité Henri BLEMOU, maître des quatre filles.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah, Jean David Loua et Joseph Goumou pour Guineematin.com

Tel : (+224) 620166816/666890877

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