Mamadou Dian Diallo au procès du 28 septembre 2009 : « Thiegboro a pris son pistolet pour tirer sur un petit »

Ce sont des accusations lourdes que cette partie civile vient de porter contre le Colonel Moussa Thiegboro Camara, figurant parmi les 11 accusés dans le procès du 28 septembre 2009. Il affirme avoir vu l’ancien patron des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et des crimes organisés au moment des faits tirer sur un jeune entre Dixinn terrasse et l’université Gamal Abdel Nasser. Il l’a dit au cours de l’audience tenue devant le tribunal criminel de Dixinn ce lundi, 23 octobre 2023, a appris Guineematin.com à travers son équipe de reportage.

Dans sa déposition, Mamadou Dian Diallo né en 1965, peintre de profession, a d’abord indiqué que le Colonel Thiegboro Camara a menacé les manifestants en ces termes dans la matinée du 28 septembre 2009 devant le stade: « tous ceux qui vont entrer ici, on va tous vous tuer ».

S’en sont suivis des jets de pierres obligeant les forces de sécurité à se replier. Selon lui, c’est lorsqu’elles sont revenues qu’il aurait tiré sur ledit jeune.

« Il y a eu des jets de pierres, ils sont partis, ensuite ils sont revenus. Les jets de pierres ont repris de plus belle, Thiegboro a pris son pistolet pour tirer sur un petit. Il est mort ou pas, je ne sais pas. Tout le monde a fui. On est revenus vers la terrasse. On a vu que les portails (du stade) étaient ouverts. Les gens se sont appelés pour entrer dans le stade. Je suis allé à la tribune. Aux environs de 10 heures et quelques, on a entendu des crépitements d’armes. Je me suis dis que cela n’était pas clair, j’ai voulu descendre sur la pelouse. À mon arrivée là-bas, tout était mélangé dans le stade. Un des nos amis Algassimou a reçu une balle, il est tombé. Il y a eu la panique, j’ai voulu aller prendre Algassimou, quelqu’un est venu par derrière pour me poignarder sur la cuisse droite. Quand il m’a poignardé, je ne pouvais plus arriver là où Algassimou était couché. Je me suis efforcé de sortir par le portail par où les joueurs sortent, beaucoup de gens sont tombés là-bas. J’ai longé la tribune mais avant d’arriver à la salle de sport, j’étais devenu lourd. Je ne pouvais pas bouger mon pied. Je suis allé me mettre entre deux personnes mortes. En ce moment ça tirait fortement. Je me suis couché là, après j’ai aperçu des femmes toutes nues qui couraient derrière la salle de sport. Je me suis recouché là-bas, lorsque j’ai vu ça, j’ai eu pitié d’elles et j’étais désespéré », a expliqué cette partie civile.

Elle dit être restée entre ces deux cadavres jusqu’à ce que des agents de la Croix Rouge soient venus les prendre pour les emmener à l’hôpital Donka.

« Ils nous ont mis dans leur véhicule croyant que j’étais mort. En descendant les deux autres corps, ils ont pris le pied de l’un deux qu’ils ont tiré, il est tombé par terre. Ils ont ensuite pris mon pied droit, ils l’ont tiré, je l’ai plié. Ils ont tiré, je l’ai encore plié et je me suis relevé. Ils ont fui, je leur ai dit venez je ne suis pas mort. Ils ont hésité, j’ai poussé pour arriver au niveau du portail, j’ai dit aidez-moi. C’est là qu’ils m’ont pris pour me mettre quelque part et ils ont fait descendre le 3ème pour l’emmener à la morgue. Ils m’ont envoyé aux urgences », a poursuivi Mamadou Dian Diallo.

Dans cet hôpital, il raconte que des bérets rouges sont venus plus tard là-bas mais les médecins et la croix rouge leur ont dit qu’il n’y avait ni blessé, ni mort dedans. Le lendemain, son frère est venu le prendre pour l’emmener dans une clinique à Hamdallaye où il sera soigné.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com

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