Chavirement d’une barge de Bel Air Mining à Boffa : l’inquiétude des acteurs de la pêche artisanale

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Un navire de la société de Bel Air Mining, qui contenait 7 500 tonnes de bauxite, a chaviré à Boffa, il y a de cela quelques mois. Alors que la société minière a été frappée d’une forte amende, les autorités guinéennes sont accusées d’être restées silencieuses sur l’impact de cet accident sur la pêche artisanale. C’est ce qu’a expliqué à Guineematin.com Fodé Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures et de la communication de la Fédération nationale des pêcheurs artisans de Guinée lors d’un entretien.

Comme on le sait, c’est dans la nuit du vendredi 9 au samedi du 10 juin 2023 qu’une barge de la société Bel Air Mining a chaviré à Boffa. Une situation qui impacte directement l’activité des pêcheurs artisanaux de cette zone, notamment au port de pêche de Koukoudé.

Fodé Idrissa Kallo, secrétaire des affaires extérieures de la fédération des pêcheurs de Guinée

Fodé Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures et de la communication de la Fédération nationale des pêcheurs artisans de Guinée (FENAPAG), dénonce. « Nous avons été surpris et indignés du chavirement d’une barge de la société de Bel Air Mining, qui impacte directement notre activité et que les autorités n’arrivent pas à corriger. C’est pourquoi nous parlons de cela, pour que l’opinion nationale et internationale puisse s’intéresser et surtout les ONG qui luttent contre la pollution marine. La barge contenait 7 500 tonnes de bauxite et que c’est dans la zone de pêche, non loin de la côte, que la barge a chaviré. Ça veut dire que toute la quantité de bauxite est restée là. L’eau a été bouleversée. Sinon, c’est le moment de la pêche à Koukoudé. Mais au jour d’aujourd’hui, les embarcations que les embarcadères sortent, c’est les mêmes qui entrent. Il n’y a plus de pêche et les jeunes sont directement entrés en chômage. Donc, quand ça se passe comme ça dans cette zone et surtout que c’est une zone poissonneuse, ce n’est pas bien. Le débarcadère de Koukoudé est le plus grand débarcadère de la Guinée, et c’est là-bas d’ailleurs que l’Etat a envisagé de construire le village des pêcheurs artisans. Donc, si une telle action se passe, il faut que l’Etat et les missionnaires qui ont été sur le terrain cherchent à savoir réellement ce qui s’est passé. Parce qu’on a appris que l’Etat, à travers le Ministère des Mines, s’est focalisé sur l’infraction commis par la Société. J’ai appris qu’ils ont infligé une amende de 60 milliards de francs guinéens et que la société s’est exécutée », a dit monsieur Kallo.

Par ailleurs, notre interlocuteur se dit préoccupé par la pêche artisanale qui en a pris un sérieux coup. « Pour nous, c’est notre activité qui nous concerne ici, car elle a été impactée et la zone, c’est notre zone de pêche. Parce que quand tu prends la bauxite, c’est une substance qui contient des métaux lourds et ces métaux peuvent causer certaines maladies ; également, les poissons pêchées là-bas peuvent provoquer les maladies. D’ailleurs, il faudra chercher à savoir quel est le type d’infractions que la société a commise. Si c’est de la pollution, il faut savoir de quel type de pollution il s’agit. En ce moment, on pourra parler des analyses, et ce sont ces analyses qu’on présentera à l’opinion nationale et internationale… ».

Devant cette situation, Fodé Idrissa Kallo interpelle le Colonel Mamadi Doumbouya et Dr Dansa Kourouma, président du Conseil national de transition (CNT). « Mais fort malheureusement, l’Etat n’a même pas cherché à communiquer officiellement. A travers les informations, le Ministère des Mines a reçu l’argent passé par la société et ils n’ont rien fait. Puis les acteurs qui ont été affectés, l’Etat n’a même pas pensé à eux. Ce que je demande à l’Etat, surtout au président du CNRD, qu’il s’implique dans cette situation, il faudrait qu’il communique là-dessus et attirer l’attention de tous qu’on est en train de détruire les ressources halieutiques et il faut que les gens sachent que l’une des causes de la rareté des poissons sur le marché national est dû aux miniers. Parce que l’éloignement des poissons joue sur le cycle de leur reproduction. C’est pourquoi, nous demandons l’implication du président de la transition et celui du CNT. Quand il y a une telle pollution, il faudrait vraiment que la société civile et les ONG en parlent », a-t-il lancé.

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tel : 621937298

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