Foulématou Kaba, M’Mah Sylla et Aminata Cissé, jugés pour enlèvement d’enfant, complicité et recel, ont été reconnus coupables au tribunal criminel de Dixinn dans la journée d’hier, mardi 24 octobre 2023. Pour la répression, les dames ont écopé de 2 ans d’emprisonnement, assortis de sursis, et au paiement d’une amende de 2 millions de nos francs. Elles avaient déjà passé 5 mois de détention à la maison centrale de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Après la déposition des 3 prévenues la semaine dernière, c’est Abou Keïta de la partie civile, père du bébé enlevé juste après sa naissance, qui a été appelée à la barre pour livrer sa version des faits. Ce chauffeur de taxi, domicilié à ENCO5, donne une explication différente de celle des trois prévenues. « Je suis un taxi man. Hadja Foulématou Kaba est ma patronne. Quand je suis parti au village, à mon retour, j’ai présenté Hadja à ma femme. Elle a dit que ma femme a de la chance. Quand elle tombée enceinte, Hadja m’a dit de me laisser l’envoyer à l’hôpital pour le suivi. Mais à chaque fois, elle refuse de me laisser payer. Elle dit toujours, non laisse, je vais m’en charger. La grossesse est arrivée à certain niveau, elle me dit que l’endroit où je suis n’est pas bon pour ma femme, de l’envoyer chez elle. J’ai envoyé ma femme chez Hadja. Quand elle a accouché, je suis venu et Hadja m’a dit que l’enfant est mort-né. J’ai dit d’accord, on va l’enterrer. Je suis parti et à mon retour, j’ai demandé le corps de l’enfant, Hadja me dit qu’elle l’a jeté (…) Lorsqu’on est venu à l’OPROGEM, ils m’ont demandé si je connais la deuxième concession de Hadja, j’ai dit oui. On est allé dans la deuxième concession de Hadja. J’ai toqué et Mimi (Aminata Cissé, une des prévenues) a demandé, c’est qui ? j’ai répondu que c’est moi et elle a refusé d’ouvrir. Quelqu’un a sauté dans la cour et on a trouvé une clé sur la table. On a ouvert la porte et on a trouvé l’enfant dans la chambre avec Mimi. Il y’avait dans la maison trois enfants également », a expliqué la partie civile.
Pourtant, dans sa déposition, Foulématou Kaba avait donné une autre version. « La mère de l’enfant, c’est son mari que je connais très bien. C’est moi qui l’ai amenée chez la sage-femme pour accoucher. Quand elle a accouché, elle était souffrante. J’ai pris l’enfant pour le confier à ma nièce pour dire que j’allais à Coyah. C’est moi qui ai confié l’enfant à Aminata Cissé, comme quoi, le matin je vais à Coyah. Je n’ai pas enlevé l’enfant. Je n’ai pas dit non plus que je ne savais pas où était l’enfant. J’ai donné de l’argent à M’Mah Sylla, c’est parce qu’elle s’est occupée de l’enfant. C’était la somme de 300 000 GNF. Juste pour la récompenser et non pas pour ne pas qu’elle parle. Elle a accouché la nuit et elle ne se retrouvait pas. C’est pourquoi j’ai remis l’enfant à Aminata. Et Pendant que moi je suis en prison, le papa de l’enfant part chez moi pour demander pardon et dire qu’il s’agissait d’une incompréhension », avait-elle dit lors de l’audience précédente.
Après l’audition du père du bébé enlevé, le président du tribunal Ousmane Simakan a déclaré les débats clos avant de donner la parole au Ministère public pour ses réquisitions. « Nous avons tenu à ce que vous entendiez la partie civile et vous l’avez entendu. C’est suite à l’intervention de la police (OPROGEM) que l’enfant a été retrouvé », a mentionné le procureur Mamadou Hady Diallo qui soutient que les faits sont établis et Foulématou Kaba a enlevé cet enfant, en complicité avec M’Mah Sylla et Aminata Cissé. Au regard de ces faits, le représentant du Ministère public a requis de retenir les 3 dames dans les liens de la culpabilité. Pour la répression, il va requérir leur condamnation à 2 ans de prison, assortis de sursis, de constater la lettre de désistement de la partie civile. Mamadou Hady Diallo va également demander leur condamnation au paiement d’une amende de 5 millions GNF chacune.
De son côté, la défense va plaider pour la libération de ses clientes. Après avoir relaté les faits qui, selon lui, prouve à suffisance que les prévenues sont innocentes, l’avocat de la défense va demander au tribunal de renvoyer les 3 prévenues des fins de la poursuite pour délit non constitué. « Nous ne sommes pas d’accord avec cette réquisition car on est en train de diaboliser ces dames. Il n’y a nullement eu enlèvement. On ne peut pas enlever un enfant et prendre ensuite la maman chez-soi. En ce qui concerne la sage-femme, pouvez-vous poursuivre une dame qui a sauvé une vie ? Elle ne pouvait pas donner l’enfant à une autre personne que madame Foulématou. C’est madame Foulématou qui lui a présenté la femme. Aminata Cissé n’a fait qu’obéir à sa tante qui lui a demandé de prendre soin de l’enfant en attendant que la mère se rétablisse. Elles ont causé des actes sociaux louables. Elles n’ont jamais eu l’intention d’enlever. Il n’y a nullement une intention coupable », a plaidé l’avocat.
Le Tribunal, après en avoir délibéré conformément à la loi, sur l’action publique, déclare les prévenues coupables d’enlèvement, de complicité et de recel d’enfant. Pour la répression, elles sont condamnées à 2 ans assortis de sursis et au paiement d’une amende de 2 millions. Le tribunal a ordonné la restitution des téléphones des prévenues.
Kadiatou Barry pour Guineematin.com
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