Les avocats sont en colère suite à un différend qui les oppose au procureur de Coyah, Almamy Sékou Camara qu’ils accusent d’avoir asséné des coups à un de leurs, en l’occurrence maître Facinet Sylla. En guise de protestation, ils ont décidé les audiences dans les cours et tribunaux du pays jusqu’au 10 novembre.
Interrogé à ce sujet hier, lundi 30 octobre 2023, le porte-parole du Barreau, maître Gabriel Faya Kamano, a fait savoir que le boycott a été largement suivi et met en garde tout avocat qui ne se conforme pas à l’appel.
Dans son intervention, l’avocat est revenu sur les raisons de cette colère. « Depuis l’assemblée générale du vendredi dernier, les avocats ont décidé d’observer un débrayage, de s’abstenir d’aller à toutes les audiences sur toute l’étendue du territoire pour une durée de deux semaines. C’est à dire à compter du lundi 30 octobre 2023 jusqu’au 10 Novembre 2023. En effet, au cours de l’audience correctionnelle du mercredi 25 octobre 2023, au tribunal de Coyah, notre confrère Me Facinet Sylla était en train de plaider un dossier. Lorsque le procureur a fini ses réquisitions, Me Facinet Sylla a pris la parole pour présenter sa plaidoirie. Mais, à chaque fois que Me Facinet essayait d’avancer dans sa plaidoirie, le procureur cherchait à l’interrompre. Le premier incident a commencé lorsque Me Facinet a dit que la qualification des faits était erronée de la part du procureur. En soi, il n’y a aucun mal qu’on dise que tel que vous avez qualifié les faits, ce n’est pas la bonne qualification juridique. Ce qui a énervé le procureur qui a menacé que si l’avocat parle maintenant de lui qu’il va lui faire du mal. Me Facinet a continué sa plaidoirie. A chaque fois qu’il avançait, le procureur cherchait à l’interrompre jusqu’à le menacer à l’audience qu’il lui donnerait des coups. L’incident étant devenu sérieux, le président a suspendu l’audience pour essayer de parler entre les deux », a expliqué maître Kamano.
Mais, cette intervention du président du tribunal n’a pas réglé le problème. « Au sortir du bureau du président, le procureur a estimé que Me Facinet lui a obstrué le passage. A cause de ça, il lui a donné un violent coup. Nous, nous disons que c’était prémédité de la part du procureur parce que déjà à l’audience, il avait menacé qu’à la sortie, il allait lui porter des coups », estime l’avocat.
En outre, le porte-parole du barreau de Guinée a dit que le procureur est allé plus loin après l’agression. « Ce qui est déplorable, alors qu’il avait donné un coup violent à l’avocat, alors que notre confrère était en train de saigner, le procureur a appelé la gendarmerie pour notre mettre aux arrêts notre confrère. Il a fallu monsieur le président du tribunal pour que les gendarmes retournent. Nous avons trouvé que c’était assez. Le procureur de la République est le garant de liberté individuelle, il doit veiller aux droits fondamentaux des citoyens. Lorsque les citoyens sont victimes d’injustice, c’est au tribunal qu’ils viennent trouver la justice, c’est au tribunal qu’ils viennent trouver la réparation. Mais, imaginez-vous qu’un procureur de la République soit celui-là qui porte des coups à un avocat et dans l’enceinte d’un tribunal. Cela n’est jamais arrivé dans l’histoire de la Guinée. Et ce procureur est un procureur par intérim. Quelqu’un qui assure l’intérim doit avoir un bon comportement pour qu’on cherche à le confirmer », a fait savoir maître Kamano.
Au-delà du boycott, d’autres actions vont être engagées par le Barreau et met en garde les avocats. « Les avocats ont décidé de le poursuivre, mais aussi d’observer un boycott des audiences en signe de protestation à ce qui est arrivé à notre confrère. Tout avocat qui failli à cette résolution de l’assemblée générale va être traduit devant le conseil de discipline », a-t-il lancé.
Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com
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