Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, à l’aube de ce samedi, la maison d’arrêt de Kaloum a été attaquée par des militaires lourdement armés qui ont extrait quatre prisonniers accusés dans les crimes du 28 septembre 2009. À savoir le Capitaine Moussa Dadis Camara (ancien chef de la junte militaire du CNDD), les Colonels Moussa Thiegboro Camara et Claude Pivi (ex ministres) et le Commandant Blaise Gomou. Même si certains comme le colonel Thiegboro ont été repris et retournés à la maison centrale, l’avocat et membre du Barreau de Guinée, Me Thierno Souleymane Baldé exprime sa vive préoccupation sur la sécurité des victimes, des témoins et de tous les acteurs impliqués dans le procès du 28 septembre.
Il a été joint au téléphone par un journaliste de Guineematin.com, ce samedi 4 novembre 2024. « Nous avons appris l’évasion de certains prévenus dans le dossier du 28 septembre, ce matin. Cela est vraiment inquiétant surtout par rapport à ce qui s’est passé lors des évènements du 28 septembre. S’il y a la possibilité pour certains individus de venir attaquer la maison centrale pour extraire des détenus, cela pose des questions sur la sécurité des témoins, des victimes et de tous les acteurs impliqués dans ce dossier. Cela démontre clairement qu’on peut s’en prendre aux témoins clé ou aux victimes. Nous, nous sommes très concernés et nous espérons qu’ils vont pouvoir réintégrer la maison centrale et des mesures strictes seront prises pour empêcher, dans l’avenir, que de tels événements ne surviennent. Dans le cas contraire, il sera assez difficile aux témoins de venir déposer devant le tribunal. Par exemple, sur la question de l’endroit où sont enterrés certains disparus après les évènements du 28 septembre, il y a des témoins qui disposent des informations mais qui peuvent avoir peur de venir déposer, si leur sécurité n’est pas garantie », a affirmé l’avocat.
A la question de savoir quel va être l’impact d’une telle opération sur le déroulement du procès, Me Baldé. « Nous espérons qu’ils vont être tous retournés à la maison centrale. Puisque s’ils ne sont pas là, il va de soi qu’il y aura une interruption du procès. Ce sont des détenus clé. Il est inimaginable de continuer le procès à leur absence. En d’autres termes, s’ils ne sont pas retrouvés et ramenés à la maison centrale, le procès risque d’être impacté par une interruption. Nous avons appris qu’au moins un de accusés, en l’occurrence le Colonel Moussa Thiegboro a été repris et ramené à la maison centrale », a indiqué ce membre du barreau qui dit ignorer l’identité des membres du commando qui a attaqué cette prison, la plus gardée du pays.
« Pour le moment, nous ne savons rien. Nous n’allons pas nous mettre à spéculer. Certaines informations font état de l’implication d’un moins un des proches d’un des détenus. Mais nous ne savons rien là-dessus pour le moment. C’est pourquoi, nous demandons des enquêtes sérieuses pour situer les responsabilités. Puisque la maison centrale n’est pas un endroit banal. A certaines heures de la nuit, tout passage qui mène vers ces lieux est interdit. Il des blindés qui sont postés tout autour et même à l’entrée de Kaloum, au niveau du pont 8 novembre, c’est bien gardé. C’est curieux qu’un commando traverse tous ces cordons et arrive à la maison centrale, opère et s’en sorte comme ça. Nous sommes vraiment inquiets », a fait savoir Me Thierno Souleymane Baldé, qui est à la fois, avocat et victime.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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