Évasion de Moussa Dadis Camara et Cie : des éléments qui accablent le ministre Charles Wright

Alphonse Charles Wright, ministre de la justice et des droits de l'Homme

La rocambolesque évasion ou exfiltration samedi dernier, 4 novembre 2023, du capitaine Moussa Dadis Camara et les colonels Moussa Tiegboro Camara, Blaise Goumou et Claude Pivi de la Maison centrale n’est visiblement pas une surprise. D’abord, on apprend que Verny Pivi, fils de Claude Pivi, radié de l’armée, avait promis de venir libérer son père. Ensuite, dans un article publié hier, Jeune Afrique révèle que l’administration pénitentiaire avait alerté Alphonse Charles Wright, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, sur des faits « troublants » concernant justement ces évadés. Ces révélations, si elles s’avèrent vraies, remettent en cause la colère déversée sur les gardes pénitentiaires hier (mardi) par le Garde des Sceaux.

« Selon nos informations, Moussa Dadis Camara s’était querellé avec ses codétenus à plusieurs reprises. Il leur aurait dit être opposé à l’opération dont certains détails étaient peaufinés dans leur cellule commune. Moussa Tiégboro a traité Dadis de « maudit » et Pivi a failli en venir aux mains avec l’ancien putschiste », rapporte Jeune Afrique en citant une source proche de la Maison centrale de Conakry.

Le média révèle que les quatre prisonniers recevaient leurs visiteurs directement dans leur cellule, en lieu et place du salon d’accueil prévu à cet effet. Il indique aussi que des téléphones saisis sur des détenus avaient été remis au ministre de la justice.

« Les téléphones des détenus avaient été saisis. Leur examen aurait permis de retracer des appels fréquents entre les prisonniers et des groupes de jeunes issus, comme eux, de Guinée forestière, dans le sud-est du pays. De quoi nourrir les soupçons de l’administration pénitentiaire, qui avait remis les téléphones au ministre de la Justice », écrit Jeune Afrique.

Sur l’évasion proprement dite, Jeune Afrique explique que le commando était composé d’une vingtaine d’assaillants qui sont arrivés aux abords de la maison centrale de Conakry.

« À l’extérieur de la prison, une trentaine de gendarmes, policiers et militaires gardent le bâtiment. Mais aux premières heures de ce 4 novembre, alors que le commando donne l’assaut, aucun n’ouvre le feu. Ils prennent la fuite, laissant sur les lieux deux pick-up équipés de mitrailleuses dont les assaillants s’empareront plus tard, en quittant la prison. Mais pour l’heure, le commando pénètre dans la Maison centrale de Conakry sans être inquiété non plus par la sentinelle de garde à l’intérieur de l’enceinte. Les gardes pénitentiaires ne sont pas armés. Une fois encore, les assaillants ne rencontrent donc aucune résistance. Quatre hommes pénètrent à l’intérieur de la prison et font exploser le cadenas de la porte de la cellule. Il est à peine 5 heures lorsqu’ils quittent les lieux. Nos sources sont formelles : aucun coup de feu n’a retenti durant toute la durée de l’opération », révèle ce journal.

Selon lui, une fois sortis de la prison, les évadés sont répartis en plusieurs groupes avant de prendre la direction de la banlieue de Conakry.

« En fuite, les quatre détenus sont répartis en trois groupes. Selon nos informations, le colonel Claude Pivi – alias Coplan – monte dans un véhicule conduit par son fils. Verny Pivi est un ancien soldat, radié de l’armée en 2012 pour une histoire de vol à main armée. C’est lui qui dirige le commando », fait savoir Jeune Afrique.

Moussa Dadis Camara, Moussa Tiégboro Camara et Blaise Goumou sont finalement repris et reconduits en prison le jour même. Quant à Claude Pivi, il reste toujours introuvable 5 jours après l’attaque.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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