Pêche artisanale : Fodé Idrissa Kallo de la FENAPAG interpelle le colonel Mamadi Doumbouya

La journée internationale des prêcheurs artisans et des travailleurs de la mer a été instaurée le 21 novembre 1997 à New Delhi (en Inde) pour défendre et promouvoir les intérêts des hommes et des femmes qui vivent de la pêche artisanale. Guineematin.com a mis à profit cette journée pour parler des difficultés auxquelles sont confrontées les personnes qui évoluent dans le secteur de la pêche artisanale en Guinée. C’est dans ce cadre que nous avons donné la parole à Fodé Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures, communication et information de la fédération nationale des pêcheurs artisanaux de Guinée.

Les acteurs de la pêche artisanale Guinéens ont rencontré plusieurs problèmes durant cette année 2023. L’heure n’est pas donc à la fête ce 21 novembre chez eux.

Fodé Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures et de la communication de la FENAPAG

« Cette année la pêche artisanale a été beaucoup plus impactée que les années passées. Donc il fallait chercher des voies et moyens pour attirer l’attention des décideurs. Vous savez qu’au mois de mars il y a l’éruption cutanée en mer, plus de 800 pêcheurs ont eu des brûlures sur leur corps, 700 ont été suivis par l’hôpital d’autres qui étaient dans les coins reculés n’ont pas pu être suivis. Mais malgré l’injonction du ministre de la Justice rien n’a été fait. À part ça, il y a eu le chavirement d’une barge de la société Bel Air Mining, plus de 700 tonnes de bauxite déversées dans la mer. Dans le lieu où la barge a chaviré, il peut faire 6 ans sans qu’il n’y ait la pêche dans cette zone. Donc vous avez vu combien l’activité de la pêche artisanale est impactée », a rappelé M. Kallo.

Ces difficultés sont venues s’ajouter à d’autres qui sont là depuis longtemps sans qu’une véritable solution n’y soit apportée.

« Toutes les installations minières sont sur les bras de mer (les ports), la destruction de la mangrove, zone de reproduction, de nutrition et de repos des espèces halieutiques qu’on est en train de détruire. Vous savez, notre plateau continental n’est pas si profond. Les gros bateaux qui viennent ne peuvent pas entrer au port, donc ils restent en haute mer. Donc ils occupent toute une partie parce qu’en une semaine il peut y avoir 16 navires miniers. Et quand 16 navires miniers sont dans une zone, ils occupent la zone de pêche. Donc les pêcheurs ne pourront pas y pêcher. Pour venir prendre la bauxite, ce sont des barges qu’ils utilisent. Ces barges sont remarquées, donc la trajectoire là aussi sera occupée et les pêcheurs ne pourront pas exercer. Il y a eu aussi des collisions entre ces navires causant des pertes en vies humaines. Il y a eu des pertes de matériels des pêcheurs et rien n’a été fait (…). Les navires qui font le dépotage de carburant au port, ils se débarrassent du reste en mer ici avant de partir. Quand c’est une fois vous croyez que c’est petit mais pendant toute une année c’est des dégâts (…). Il y a un manque de formation des pêcheurs. Il faut comprendre que la sécurité maritime a besoin de formation : sur comment respecter les règles maritimes, il y a des matériels qui doivent être dans les embarcations de transport ou de pêche. Il faut former les pêcheurs sur les premiers secours en mer en cas de naufrage…Le ministère de la pêche vient de doter les acteurs de la pêche artisanale en gilets de sauvetage, mais il faut dire qu’il y a plus de 7 000 embarcations. Dans ce nombre, il y a plus de 50 000 pêcheurs artisans. Et le ministère n’a trouvé que 2000 gilets de sauvetage. Nous avons des problèmes dans certains débarcadères parce qu’il y a des préfectures qui n’ont reçu que 50 alors qu’ils ont plusieurs débarcadères. Mais pour que le ministère puisse résoudre nos problèmes, il faut qu’il soit pris en compte », a-t-il poursuivi.

Donc face à tous ces problèmes, le secrétaire de la FENAPAG estime qu’il vaut attirer l’attention de l’Etat sur eux au lieu de faire une mamaya.

« La base alimentaire en Guinée c’est le riz et pour manger du riz il faut forcément avoir la sauce. La sauce provient de la mer, si on arrive pas à trouver cette sauce ce sera des problèmes. Voyez l’importance de la pêche. Elle crée plus de 300 000 emplois directs. La pêche contribue à l’économie nationale, à la sécurité alimentaire. Il faudrait qu’on prenne des mesures pour éviter la pollution de la mer », a-t-il invité.

Par ailleurs, Fodé Idrissa Kallo demande au colonel Mamadi Doumbouya d’avoir un regard particulier sur cet important secteur.

Fodé Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures et de la communication de la FENAPAG

« Il faudrait que le président (de la transition) puisse avoir un regard particulier sur le secteur de la pêche, qu’il comprenne les enjeux et les défis de la pêche, l’importance de la pêche et qu’il comprenne que si les gens ont faim ils ne pourront rien faire. Que nous ne pouvons pas manger le riz sans la sauce et la sauce c’est le poisson. Il faut trouver des voies et moyens pour gérer cette ressource, pour qu’elle se régénère. Si le président et le CNRD sont dans cet esprit, je crois que le gouvernement sera dans cet esprit, ainsi les différents départements en lien avec la mer travailleront dans la synergie d’actions et ce sera au bénéfice des acteurs de la pêche », a-t-il souligné.

Pour cette année 2023, la journée internationale des prêcheurs artisans et des travailleurs de la mer est célébrée au Bénin.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Facebook Comments Box