Conakry : les acteurs du conseil scientifique et technique de l’AAEA en conclave

Les 92ème assises de conseil scientifique et technique de l’Association africaine de l’eau et de l’assainissement (AAEA) se sont ouvertes ce lundi, 27 novembre 2023, à Conakry. Cet organe permanent de l’AAEA a pour objectif de renforcer les capacités des acteurs pour une meilleure performance du service. Ces 92ème assises de cet organe consultatif de l’AAEA vise à élaborer les solutions financières innovantes et durables dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Organisée dans un réceptif hôtelier de la place, cette rencontre de trois jours réunit à Conakry 14 pays de l’Afrique et la France. L’événement a mobilisé les représentants du chef de l’État, du Premier ministre, les partenaires et les acteurs du secteur, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Placée sous le thème : « des stratégies de financement pour l’accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement », cette rencontre de haut niveau se tient en prélude au 22ème congrès de l’eau prévu en février 2023 à Conakry. Ces journées de réflexion et de partage de visions devraient permettre aux participants de se pencher sur les solutions innovantes afin de trouver des modèles de financement adaptés à l’Afrique.

Pour Aboubacar Camara, le Directeur général de la société des eaux de Guinée (SEG), il faut plus de 2 700 000 000 de dollars US pour assurer l’accès à l’eau potable et l’assainissement en milieu urbain en Guinée.

Aboubacar Camara, Directeur général de la SEG

« Ces assises revêtent une importance cruciale alors que nous explorons collectivement les voies et moyens pour assurer un accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement. Placés sur le thème central : des stratégies de financement pour l’accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement ; notre objectif est très clair : élaborer des solutions financières innovantes et durables pour répondre à cet impératif vital. La Guinée offre un environnement propice pour explorer ce thème crucial. Notre pays est souvent désigné comme le château d’eau de l’Afrique de l’ouest. Cependant, la transformation de cette eau brute en ressource d’eau potable accessible à tous demeure un défi majeur. À l’heure actuelle, le secteur de l’eau requiert un investissement massif de l’ordre de deux milliards sept cent millions de dollars américains (2.700.000.000) pour l’eau potable et l’assainissement en milieu urbain. Cela est issu du forum de l’eau organisé cette année en Guinée. Malgré la volonté affichée de l’État de soutenir cette initiative, le schéma traditionnel de financement, généralement proposé par les bailleurs classiques, ne parvient pas à combler ce besoin criard. Il est donc impératif que nous repensions nos stratégies afin de revitaliser et de catalyser le développement de ce secteur vital. Le conseil scientifique et technique, pierre angulaire de réflexion et d’orientation stratégique au sein de notre association, se réunit dans le cadre de ces assises pour partager ses découvertes, ses recommandations et ses visions. Ensemble, nous allons explorer, débattre et collaborer pour générer des solutions innovantes et des modèles de financement adaptés à la réalité africaine. Nous sommes convaincus que ces échanges et cette collaboration aboutiront à des avancées significatives dans la réalisation de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement », a dit le Directeur général de la SEG.

Selon Sylvain Usher, directeur exécutif de l’AAEA, ces travaux du conseil scientifique et technique de l’association africaine de l’eau et de l’assainissement visent à fournir un leadership professionnel dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’environnement. Près de 2,1 milliards de personnes, soit 30% de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable ; et 4,5 milliards, soit 60%, ne disposent pas de services d’assainissement adéquats.

Sylvain USHER, Directeur exécutif de l’AAEA

« L’eau est la source de toute vie et l’assainissement est la dignité. Leur accès est un droit fondamental pour chaque individu. Cependant, la réalité est que de nombreuses communautés dans le monde et notamment en Afrique continuent à faire face à des défis considérables en matière d’eau potable et d’assainissement… Sur le continent, cela fait environ 418 millions de personnes qui manquent encore d’un service d’eau potable de base et 779 millions qui manquent de service d’assainissement de base. Mais, pour tenter de résoudre ces disparités et atteindre l’accès universel, d’importants financements sont nécessaires. Au niveau africain, les initiatives voient le jour, et en particulier le programme d’investissement dans l’eau en Afrique. C’est l’un des programmes les plus ambitieux que l’Union africaine a mis en place, lancé lors du forum mondial de l’eau, à Dakar en mars 2022, et dont l’association africaine de l’eau et de l’assainissement est partie prenante à travers sa présence dans le groupe de travail technique consultatif d’experts de haut niveau. Depuis le mois de mars 2023, au sortir de la conférence des Nations unies sur l’eau, un panel de haut niveau sur les investissements sur l’eau et l’assainissement en Afrique a été mis en place pour présider le bon déroulement de ce programme d’investissement dans l’eau en Afrique. L’eau est essentielle au développement économique et social de l’Afrique, à la stabilité politique, ainsi qu’à la consolidation de la paix. Cependant, environ 50 milliards de dollars par an, soit 40 dollars par africain/an sont nécessaires pour parvenir à la sécurité de l’eau et à un assainissement durable en Afrique depuis 2030. Faisant le cumul des investissements qui sont faits dans le domaine de l’eau et l’assainissement en Afrique actuellement, il reste un déficit d’investissement d’environ 30 milliards de dollars par an pour réaliser les droits humains à l’eau et à l’assainissement, et contribuer à de multiples objectifs de développement qui incluent la santé, l’éducation, la dignité, l’égalité des sexes, les moyens de substances, la sécurité alimentaire et la production énergétique. Chaque dollar investi dans l’eau et l’assainissement résilient au climat rapporte moins 7 dollars. Et le coût de l’inaction est près de 200 milliards de dollars par an », a indiqué Sylvain USHER.

Pour sa part, Bocar Bailo Ly, conseiller principal du président de la transition, a rassuré de l’engagement du chef de l’État à offrir de l’eau à toutes les villes de Guinée.

Bocar Bailo Ly, conseiller principal du président de la transition et président du conseil d’administration de la SEG

« La Guinée a de l’eau, la Guinée ne manque pas d’eau. C’est la politique de l’eau qui a été à un moment défaillante. La Guinée est le château d’eau de l’Afrique de l’ouest. La Guinée devrait exporter de l’eau au même titre qu’elle exporte de la Bauxite. Nous avons plus de 1 600 rivières, nous avons des bassins. Il ne devrait pas avoir de problème d’eau en Guinée, et le président de la République en fait sa priorité. Contrairement à ce que les gens pensent, la priorité du président de la République c’est de nourrir les Guinéens. Et, la première nourriture c’est l’eau. Je vous garantis qu’il y aura de l’eau dans toutes les villes de Guinée. Il y a un projet d’adduction d’eau pour alimenter toutes les villes en eau. Ce conseil scientifique permet d’éclairer les exploitants et les responsables du secteur de l’eau sur les méthodologies, les procédures et sur les sources de financement pour l’accès à l’eau pour tout le monde », a dit le président du conseil d’administration de la SEG.

En prenant la parole à l’occasion de cette cérémonie d’ouverture, Mme Lima Bah, cheffe de cabinet du ministère de l’énergie, de l’hydraulique et des hydrocarbures a, au nom de son ministre rappelé les efforts et l’engagement du gouvernement de la transition à assurer l’accès à l’eau potable pour la population guinéenne.

Mme Nima Bah, cheffe de cabinet du ministère de l’énergie, de l’hydrocarbure et de hydrologique

« Selon une publication de l’ONG Watergate, plus d’un tiers d’Africains n’ont toujours pas accès à l’eau potable, tant disque 70% vit dans des zones qui manquent d’assainissement. La République de Guinée, pour sa part, en dépit de son potentiel hydrique, suit des efforts significatifs dans la recherche des résolutions d’eau potable et d’assainissement. Tenant compte de cette situation, les nouvelles autorités de la transition, à la tête Monsieur le Chef de l’État, ont pris soin afin de faire en sorte que l’accès aux populations à l’eau potable et à un environnement sain soit une priorité. Vous conviendrez donc avec moi que l’organisation d’un congrès l’AAEE en Guinée au mois de février 2024 s’inscrit en droite ligne avec les objectifs fixés par le Gouvernement guinéen, tels que le renforcement du réseau avec les spécialistes au niveau international, apporter des conseils idoines et l’orientation de la direction exécutive pour l’atteinte de ces objectifs. Chers scientifiques ici présent, nous vous félicitons pour les efforts déjà accomplis et nous vous encourageons à persévérer dans ce sens », a dit la représentante du ministre de l’énergie.

Mme Nima Bah, cheffe de cabinet du ministère de l’énergie, de l’hydrocarbure et de hydrologique

Malick DIAKITE pour Guineematin.com 

Tél : 626-66-29-27

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