Enlèvement et assassinat d’Elhadj Doura à Conakry : « c’est trop cruel ce qu’ils ont fait subir à ce vieil homme… » (avocat)

Feu Elhadj Abdourahmane Diallo

Le procès des auteurs présumés de l’enlèvement et de l’assassinat de l’opérateur économique Elhadj Abdourahmane Diallo, connu sous le nom d’Elhadj Doura, s’est poursuivi ce lundi 27 novembre 2023 au tribunal de première instance de Dixinn. L’audience du jour a été consacrée aux réquisitions et plaidoiries des parties au procès. Maître Faya Gabriel Kamano, avocat de la famille d’Elhadj Doura, a dénoncé les traitements cruels infligés à son client par ses ravisseurs, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.  

Elhadj Doura était un opérateur économique, âgé de 85 ans lors de son enlèvement. Il a été enlevé au petit matin du 03 décembre 2017, au quartier Hamdallaye, dans la commune de Ratoma. Ses ravisseurs avaient par la suite exigé le paiement d’une rançon pour sa libération. D’importantes sommes d’argent avaient été versées aux kidnappeurs, sans jamais que le vieil homme ne recouvre la liberté. Après son enlèvement à Hamdallaye, Elhadj Doura a été conduit successivement au quartier Sonfonia, puis à Kénendé (Dubréka) avant d’être transféré à Forécariah où il a trouvé la mort dans les mains de ses ravisseurs.

Les 26 accusés dans cette affaire sont tous poursuivis pour enlèvement, séquestration, association de malfaiteurs, recel, blanchiment de capitaux, abstention délictueuse et complicité. Il s’agit de : Elhadj Mamadou Diallo, Oumar Barry, Abdourahmane Bah, Naby Moussa Camara, Thierno Mamadou Kahn, Mamadou Samba Diallo, Amadou Oury Bah, Amadou Sacko, Abdoulaye Yadi Camara, Sao Ndanema, Oury Diallo, Idrissa Diallo, Tony Akpo, Mohamed Dady Bah, Elhadj Bailo Sow, Thierno  Ciré  Sow, Uchechyku Stanley Okorom, Cibeku Ogocheuku, Calistus Okurom, Mamoudou Diallo, Mohamed Bafodé Camara, Mariama Camara. Ils sont placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry entre 2018 et 2019. Il y en aussi ceux qui n’ont jamais comparu, donc en fuite : Alpha Oumar Barry, Lama Kaba alias LKaba, Zimbabwe, Ibrahima alias B 52.

Pour sa plaidoirie de ce lundi 27 novembre 2023, c’est maître Faya Gabriel Kamano, avocat de la partie civile, de présenter ses plaidoiries. L’avocat a parlé des accusés d’un réseau transnational, parce que composé de guinéens, de nigérians, entre-autres. « C’est un réseau, qui représente quatre nationalités, qui a enlevé feu Elhadj Doura Diallo. Ils ont dit qu’ils ne se connaissaient pas. Mais ces acteurs n’ont pas intérêt à se connaître. Chacun d’eux avait un rôle déterminant à jouer. C’est un réseau transnational. Ceux qui enlèvent sont là-bas. Ceux qui gardent les otages sont là-bas. Ceux qui exécutent sont là-bas. Donc, le fait de dire qu’ils ne se connaissaient pas n’est pas important. Les rôles sont joués de façon séparée. Elhadj Doura a été enlevé le 5 décembre 2017 par les commandos qu’on vous a cité. Ils ont pris la direction de Sonfonia où ils l’ont gardé dans un bâtiment qui avait été loué à l’avance. Après avoir passé quelques jours sur les lieux, il a été transféré à Kénendé (Dubréka), dans un bâtiment inachevé où Mamadou Samba et petit Sow assurent sa garde… ».

Par ailleurs, l’avocat a fustigé la cruauté que les accusés ont fait subir au vieil homme. « C’est trop cruel ce qu’ils ont fait. Un homme de la 3ème génération, un riche homme d’affaires, on le fait dormir dans un poulailler. C’est trop cruel. Oumar Barry, un des commandos, nous a fait croire que cette case avait été louée à Maférinya pour loger un opérateur économique Chinois qui devait venir investir en Guinée. C’est pour vous dire que tout ce qui a été dit ici, ce sont des contre-vérités. Je vois mal un opérateur économique Chinois qui va à Maférinya pour louer une case qui n’a pas de toilettes, pas de restaurant, pas de bar. Cette case a été construite par lui et pour les besoins de la cause. C’est dans cette case qu’ils ont continué à garder Elhadj Doura. Elhadj Doura était couché sur une natte à même le sol. Elhadj Doura décède dans leur main.  Et ils ont décidé d’enterrer le vieil homme, au bord d’un marigot. Il a été enterré dans une indignité totale. Une indignité qui révolte, qui frise la colère. Il a été enterré sans avoir fait la prière funèbre », a déploré l’avocat.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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