Décès d’un agent de la garde communale suite à une bagarre à Conakry : ce que risque Abdoulaye Sylla

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Né en 1999 et domicilié au quartier Yimbaya, dans la commune de Matoto, Abdoulaye Sylla est jugé pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ses ennuis judiciaires ont commencé après une altercation avec un agent de la garde communale de Matoto, un certain Madou Sylla. Suite aux coups de poings reçus, l’agent a trouvé la mort quelques minutes après. Interrogé au tribunal de Mafanco hier, mercredi 6 décembre 2023, Abdoulaye Sylla a reconnu les faits de coups administrés au défunt, a constaté un reporter de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Les faits remontent courant 2022. Une vive altercation est survenue entre Abdoulaye Sylla, élève de son état, et Madou Sylla de la garde communale en service à la mairie de Matoto.

Appelé à la barre, l’accusé reconnaît avoir administré des coups au défunt. « Je quittais chez moi sur ma moto. Arrivé à la Tannerie, j’ai garé. Après, il est venu dire d’enlever ma moto. Je l’ai chuchoté. Il est directement venu me donner un coup au visage. Lorsque le sang est sorti, j’ai répliqué aussi, je lui ai donné un coup sur la poitrine et à la bouche. Ses chefs sont venus nous séparer… C’est lorsqu’on était dans la cour pour s’expliquer qu’il a commencé à saigner par la bouche. Moi-même, je l’ai accompagné à l’hôpital, dans une clinique à côté, à pied. Lorsque je suis allé faire le retrait, à mon retour, je l’ai trouvé dans un autre état. Il s’agitait. Après, le docteur a dit de l’amener à base militaire… C’est en cours de route qu’il a rendu l’âme », a expliqué l’accusé.

Le Ministère public, représenté par Kanfory Ibrahima Camara, a contesté les explications de l’accusé. « Vous n’êtes pas un boxeur de cette carrure pour lui administrer, à main nue, rien ne prouve qu’il était malade. A 45 ans, on est encore solide. Savez-vous qu’en boxant sur la poitrine, ça peut être fatale ? Le torse est là, c’est la partie sensible du corps. Si les organes sont atteints, d’une manière ou d’une autre, ça peut être fatale… qu’est ce qui prouve vous avez été le premier à être blessé ? Qu’est-ce que vous avez utilisé comme objet pour le taper ? »

A Abdoulaye Sylla de répondre : « je n’avais aucune intention de le blesser ou de lui faire quoi que ce soit. On ne se connaissait même pas… ».

Prenant la parole, l’avocat de la défense, maître Mohamed Abou Camara, a sollicité la requalification des faits. « Qu’est-ce qui prouve que ce sont les coups administrés par mon client qui sont à l’origine de sa mort ? Lui et le défunt ont marché pour aller à l’hôpital. C’est à sa sortie pour faire le retrait pour les soins de son adversaire qu’il l’a trouvé dans un état critique. Vous connaissez aujourd’hui combien de fois nos cliniques ou centre de santé sont défaillants. Alors, je souhaite qu’au lieu des coups de blessures ayant conduit à la mort, il faut plutôt requalifier les faits en disant coups et blessures volontaires, puisqu’aucun acte médical n’est versé dans le dossier… ».

Statuant sur siège sur les remarques faites par l’avocat de la défense, le tribunal dirigé par Mohamed Sangaré a accédé à la requête de la défense sur la requalification des faits en « coups et blessures volontaires ».

Dans ses réquisitions, le Ministère public a requis la condamnation de l’accusé à 18 mois de prison ferme. « Très soucieux de l’état où trouvait son adversaire, il est parti faire le retrait, à son retour il l’a trouvé agité. Est-ce par rapport au coup ? Ou par la consultation faite par le premier soignant… C’est ça l’équivoque dans cette affaire, car il a reconnu avoir administré de violents coups sur son torse. Mais, aucun rapport médical n’est versé dans le dossier.  Qu’est-ce qui s’est passé dans la structure sanitaire ? En tout état de cause, difficile de se prononcer sur la cause de la mort. L’application des dispositions de l’article 239 du code pénal ne fera nul doute par rapport à tous ces faits et vous le ferez condamner à 18 mois d’emprisonnement », a requis le procureur.

Pour sa part, maître Mohamed Abou Camara, avocat de la défense, a indiqué que son client a passé 1 ans 6 mois de détention préventive. C’est ainsi qu’il va plaider sa condamnation au temps mis en prison.

Le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 13 décembre 2023.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél : 624 693 333

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