Un mois après l’enlèvement des journalistes locaux Saleck Ag Jiddou et Moustapha Koné au nord du Mali, Reporters sans frontières (RSF) déplore le silence des autorités maliennes et les exhorte à tout mettre en œuvre pour les faire libérer.
Cela fait un mois que le journaliste et directeur de Radio Coton d’Ansongo Saleck Ag Jiddou et l’animateur de ce même média local Moustapha Koné sont portés disparus. Ils ont été enlevés par des membres d’un groupe armé non identifié le 7 novembre, alors qu’ils se rendaient à Gao, dans le nord du Mali, avec deux de leurs confrères. Le journaliste de la radio communautaire Naata Abdoul Aziz Djibrilla a été tué par balles par les assaillants au cours de cette attaque. Son confrère de la radio communautaire Alafia, basée à Ansongo, Harouna Attino, a, lui, été blessé.
La rançon réclamée aux familles serait passée en quelques semaines de 3 millions de francs CFA (environ 4 500 euros) par journaliste à 4 millions de francs CFA (environ 6 000 euros) selon des sources de RSF. Celles-ci indiquent également que les kidnappeurs auraient déplacé les deux journalistes par crainte d’être retrouvés par des militaires en patrouille dans la zone.
Alors que l’enlèvement a eu lieu il y a déjà un mois, les autorités maliennes ne se sont toujours pas publiquement exprimées sur cette prise d’otage.
“Cette attaque et cette prise d’otage montrent à quel point les journalistes sont menacés par les bandes armées dans le contexte sécuritaire dégradé au nord du Mali et dans l’ensemble du Sahel. Le silence des autorités maliennes et des instances régionales, un mois après l’enlèvement de ces deux professionnels de l’information locale, est particulièrement inquiétant. RSF leur demande de prendre en charge cette affaire et de tout mettre en œuvre pour retrouver Saleck Ag Jiddou et Moustapha Koné, sains et saufs. C’est une nouvelle fois le droit à l’information qui est attaqué et mis à mal dans cette région.” Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Le journaliste Saleck Ag Jiddou est né en 1980 à Ansongo, où il a intégré la radio communautaire Coton en 2013. Dans cette commune rurale située à 90 km au sud-est de Gao, le journaliste est considéré comme un “un technicien et un homme d’une vaste culture”. Devenu le directeur de la radio depuis 2019, il présente toujours des journaux en français et en langues nationales et anime des émissions grand public sur différents sujets se rapportant à la vie de la communauté. Quant à l’animateur Moustapha Koné, âgé de 45 ans, il présente lui aussi des journaux au sein de Radio Coton, qu’il a rejoint depuis un an.
Les deux journalistes étaient très investis dans leur mission au sein d’une des radios communautaires qui, dans ces zones, proposent des programmes de qualité, répondant aux besoins d’information, d’éducation, de développement et de divertissement des communautés. Cependant la sécurité des journalistes et animateurs de ces radios est mise à rude épreuve depuis une dizaine d’années, comme le rappelle le rapport de RSF Dans la peau d’un journaliste au Sahel. .
Au Mali, l’enlèvement de Moustapha Koné et de Salek Ag Jiddou porte à quatre le nombre de journalistes de radios communautaires aux mains de ravisseurs. Les journalistes Hamadoun Nialibouly et Moussa M’Bana Dicko ont été enlevés respectivement le 27 septembre 2020, à Somadougou, dans la région de Mopti au centre du pays et le 18 avril 2021 dans la localité de Boni, dans le centre-est.
Le Mali occupe la 113e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.
