Massacre du 28 septembre : « il y a eu plus de trois mille morts », jure Me Paul Yomba Kourouma

Me Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba Diakité

Comme indiqué dans une de nos précédentes dépêches, le procès du massacre du 28 septembre s’est poursuivi hier, lundi 11 décembre 2023, au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum, avec la deuxième journée d’audition du Général à la retraite Ibrahima Baldé, ancien Haut commandant de la gendarmerie, Directeur de la justice. Mais, ce qui a surpris plus d’un a été le silence de Me Paul Yomba Kourouma. L’avocat avait pourtant promis de grosses révélations sur cet témoin qui l’ami d’enfance du Capitaine Moussa Dadis Camara, ex chef de la junte du CNDD.

«  Nous appartenons à une grande artillerie dont le Chef d’État-major est le Commandant Toumba Diakité. Nous voyons aussi les démarches du Général Ibrahima Baldé. Nous l’avons vu très honnête. Nous l’avons vu relater les faits tels qu’il les a vécus. Nous ne l’avons vu pas disculper Toumba, mais dire ce qu’il en sait. Nous avons cru qu’il fallait mettre en dessous les autres questions. On ne s’attaque qu’à ceux qui s’attaquent à Toumba. C’est moi qui ai divisé les avocats de la défense. Sans cette division, le tribunal n’aurait pas vu clair. Parce que chaque avocat devait passer, c’était à lui seul de poser des questions à son client et pas à d’autres. Et avec cela, la contradiction ne serait pas née », a indiqué l’avocat de Toumba Diakité.

Me Paul Yomba Kourouma qui s’est montré admiratif de l’ancien patron de la gendarmerie, a insinué que celui-ci devait esquiver la question sur le Colonel Bienvenue Lamah.

« Général Baldé devait esquiver la question sur Kaléah. Il a répondu par respect au tribunal et par insuffisance de conseils. Nous allons prouver que le Colonel Bienvenue Lamah (ndlr : l’un des prévenus de ce procès, récemment inculpé) n’était pas le Directeur de ce centre mais le Directeur de stage. C’est-à-dire quand Dadis devait enlever Baldé qui était le Directeur de là-bas, puisqu’il n’était pas de la forêt, il fallait l’enlever puisque Bienvenue devenait le Directeur de stage. En d’autres termes, tous les incorporés relevaient de lui et que restait du Directeur de l’école ? Rien. D’ailleurs, il a fini par être enlevé de là », soutient Me Paul Yomba.

Contrairement au général Ibrahima Baldé, l’avocat de Toumba accable l’ancien Chef d’Etat-major général des armées, le Général Oumar Sanoh de graves accusations.

« Dadis et le Chef d’Etat-major d’alors sont les géniteurs de cette affaire. Regardez ce grand mensonge. Ce n’est que le matin qu’on pouvait voir Dadis. Mais, il dit que c’est à 16 heures qu’il est venu lui apporter les grandes informations à la suite du massacre. Et, quand il a vu l’attitude moribonde de Dadis, en lamentation, il fallait qu’il repartit et ne l’apporta pas d’information. Mais, c’est faux ! Si c’était le cas, c’est une démission. Ramenant lui à Dadis, à 16 heures. Vous savez ce qu’il a dit à Dadis. ‘’Ah ! Il y a eu trop de morts. Il y a des corps qui sont gâtés. Il y en a qu’on ne peut pas rendre. Il y en a qu’on peut préparer et rendre. Ce sont les 57 corps’’. Dadis a dû lui dire ‘’mais qu’est-ce qu’on va faire pour la gestion des corps ?’’ Il a répondu qu’il faut mettre les corps dans des fosses communes, il y en a qu’on peut présenter. Et, c’est ce qui a été présenté. Mais, tous les parents n’ont pas reçu tous les corps. C’est vous dire qu’il y a une implication de ce monsieur dans la conception, la préparation et la réalisation de ce massacre », soutient Me Paul Yomba Kourouma.

Parlant de l’ancien Président du CNDD avec ironie, cet avocat a qualifié le Capitaine Moussa Dadis Camara de mort.

« Dadis est déjà un mort qu’on veut ressusciter par un avocat qui est venu après avoir été renvoyé par lui-même. Il y a eu des morts et des disparus, où sont-ils ? Même les disparus, on ne nous dit pas où sont-ils. J’ai personnellement des données récupérées par drones qui ont été recueillies au Congo et dont le détenteur est en France et qui me les a renvoyées. Mais, maître DS Bah a déconné avec moi. J’aurai pu prouver qu’il y a eu plus de trois mille morts… J’ai dit que je peux prouver ; mais, je refuse ! Parce qu’on nous a dit de rester dans le cadre de la défense… Ils ont dit qu’ils n’ont pas besoin des avocats de Toumba pour se défendre. D’ailleurs, ils ont étendu ça aux autres avocats de la défense. Nous croisons les bras, ils n’ont qu’à se défendre… », a notamment soutenu ce doyen des avocats de la défense qui présente le Commandant Coumba Diakité comme un saint.

Autant il charge le Général Oumar Sanoh, autant Me Yomba blanchi le Général Sékouba Konaté, pourtant ministre de la défense au moment de ce massacre.

«  Il a toujours été apolitique et n’a jamais été associé. Même lorsqu’il a été contacté par Tibou Kamara à Labé. Il a dit ‘’moi, je ne suis pas politique, allez-y voir avec Dadis’’. Sékouba Konaté n’a jamais voulu d’un portefeuille ; sinon, il pouvait l’être. C’est lui qui a destitué le Général Oumar Sanoh de son poste. Parce que c’est lui qui l’a proposé. Mais, il a été incapable d’aller anéantir le camp de Kaléah, il ne l’a pas fait. Et, le Général Nouhou Thiam a été nommé en lieu et place de cet homme. Voici la sanction ! », a précisé l’avocat de Toumba Diakité.

Propos recueillis et décryptés par Abdallah BALDE pour Guineematin.com

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