Fermeture des stations-services : des citoyens tirent le diable par la queue à la gare routière de Madina (Conakry)

La fermeture des stations-services suite à l’incendie du dépôt des carburants impacte négativement les activités quotidiennes. C’est le cas notamment à la gare routière de Madina, dans la commune de Matam, où syndicat des transports, chauffeurs et passagers éprouvent de sérieuses difficultés. A cela s’ajoute la hausse des prix des carburants aux marchés noirs et le manque de passagers. Un véritable casse-tête chinois pour les citoyens dans une conjoncture économique compliquée, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon Daouda Diakité, membre du syndicat des transports et mécanique générale de la gare routière de Madina, le prix du carburant coûte cher au marché noir. « Nous ne refusons pas la décision de nos autorités. Mais, nos chauffeurs ne pourront pas être heureux. Depuis hier lundi, jusqu’aujourd’hui, les chauffeurs achètent de l’essence entre 325 000 et 350 000GNF par bidon de 20 litres. Les uns appellent à Kamsar, les autres appellent à Pamelap où Freetown pour acheter. Kouyaté a acheté hier un bidon de 20 L à 340 000 GNF à la Corniche. Si un chauffeur prend ça et vient embarquer, on lui dit de respecter le prix fixé par les autorités, il n’aura rien comme intérêt. Si vous entendez que quelqu’un a acheté au marché noir, il lui est difficile de respecter le tarif normal. Mais si les stations marchent, quel que soit la situation, il ne pourra pas augmenter le prix du transport. Aucun véhicule n’est sorti aujourd’hui. Nous plaidons auprès des autorités parce qu’il y a trop de souffrance. C’est vrai qu’il y a une tragédie que la Guinée n’avait jamais connue. Mais ils n’ont qu’à libérer les stations. A défaut, les chauffeurs seront obligés d’augmenter le prix du transport », a dit Daouda Diakité.

Pour Aboubacar Camara, chauffeur de ligne Kindia- Conakry, il y a bien une crise d’essence et de gasoil. Il dénonce également les tracasseries des gendarmes sur le tronçon. « Ça ne travaille pas normalement ici, et la crise bat son plein. Il n’y a ni essence ni gasoil. Les gendarmes ont également érigé plus de 7 barrages sur ce tronçon. C’est ce qui nous fatigue à plus d’un titre actuellement. Depuis avant-hier dimanche, je suis là. Il n’y a pas d’argent et de voyages. Et le transport reste maintenu. Si on n’ouvre pas les stations d’essence, c’est compliqué », a lancé Aboubacar Camara.

Pour sa part, Mamadou Sanoussy Bah, passager en partance pour Kindia, dit qu’il n’y a pas de passagers. « Je veux partir à Kindia. Mais, il n’y a pas de passagers. Quand même, ils n’ont pas augmenté le prix de transport. La gare routière est pleine de véhicules. Il n’y a pas de gens pour voyager. Chacun cherche à arriver chez lui parce que la plupart des chauffeurs sont de Kindia. C’est pourquoi les chauffeurs n’ont pas augmenté le prix du transport. Kindia-Conakry est facturé à 50 000 GNF. Je demande au gouvernement de tenir compte de la préoccupation des populations. Tout est dur surtout en ce qui concerne le carburant. Les activités sont liées au carburant. S’il n’y a pas de carburant rien ne marchera … ».

De son côté, Amara Bangoura, chef de ligne adjoint Conakry- Freetown, évoque les calvaires des chauffeurs et passagers. « Nous souffrons beaucoup ces derniers jours. Dès le matin, les passagers viennent en grand nombre. Mais ils sont obligés de retourner à la maison. L’essence au marché noir, c’est 15 à 20 000 GNF le prix d’un litre. Nous acceptons pour soulager les clients. Cependant, les chauffeurs qui quittent ici rencontrent de sérieuses difficultés encours de route. De Conakry à Pamelap, il y a 8 barrages. Partout, on te demande de payer 10 000 ou 20 000 GNF si tu n’as pas de carte d’identité. Le prix du transport reste maintenu chez nous. Si c’est à Pamelap, c’est 70 000 GNF. Celui qui veut augmenter le prix va sortir de la gare routière. Avant, il y avait 5 à 6 véhicules qui sortaient, mais à l’heure-là ce sont 2 à 3 véhicules qui voyagent difficilement. Vouloir fermer toutes les stations d’essence, c’est un véritable problème », a expliqué le chef de ligne adjoint Amara Bangoura.

Pour Sidiki Camara, chauffeur sur le tronçon Conakry-Mandiana, il rencontre plusieurs problèmes. « Je veux aller à Mandiana. Mais j’ai assez de problèmes parce que personne n’aime ce qui se passe. Mon véhicule est garé par manque de carburant. Je devrais voyager, mais il n’y a pas de carburant. J’ai eu 55 passagers. Avant, si je venais, je faisais deux ou trois jours. Je demande à l’Etat de revoir cette situation pour trouver des solutions afin qu’on puisse avoir du carburant dans les stations parce que moi je n’achète pas au marché noir. Cela peut gâter notre pompe », a fait savoir Sidiki Camara.

A travers un communiqué rendu public mardi soir, les autorités ont annoncé la reprise de la desserte dans les stations dès ce mercredi, mais juste pour le gasoil.

Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224) 628 516 796

Facebook Comments Box