Infrastructures routières, cohabitation, tracasseries, atteintes à l’environnement… le préfet de Koundara dit tout à Guineematin

Colonel Abdourahamane Keïta, préfet de Koundara

La préfecture de Koundara, en Moyenne Guinée, est une zone agro-pastorale et de commerce par excellence. Elle fait frontière avec la Guinée Bissau et le Sénégal. De nombreux travaux sont entrepris actuellement pour le désenclavement de certaines zones en vue de faciliter les échanges et l’acheminement des productions. De nombreux défis liés au réchauffement climatique et aux tracasseries des services de sécurité rendent le quotidien des populations compliqué.

Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com, le Colonel Abdourahmane Kéita, préfet de Koundara, est revenu sur ce qui est entrepris pour changer la donne dans le Badiar.

Colonel Abdourahamane Keïta, préfet de Koundara

D’entrée, le Colonel Abdourahmane Keïta a procédé à une présentation de la préfecture. « Koundara est une zone par excellence d’agriculture, d’élevage et de commerce. Les trois activités se complètent ici. Surtout pour le commerce, nous sommes à la frontière. Koundara seulement, c’est une ville stratégique. On a le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau. Alors, le commerce bouge bien. Le jour où on va régler la route de Gaoual vous, allez voir qu’aucun citoyen de Koundara ne sortira pour aller ailleurs. Il y a les activités touristiques qu’on peut valoriser, les parcs de bétail, les groupements… ».

Par ailleurs, le préfet est revenu sur la situation des infrastructures routières, véritable casse-tête chinois. « On a fait le tour. On s’est intéressé à la route qui relie Boké, Gaoual, Koundara. On peut passer par Télimélé, Labé pour venir à Koundara. On a défendu au niveau national pour qu’on ait ces routes-là. A l’interne, Koundara-Sarébhoïdho ne fait pas 50 km. De là, pour aller à Termessé, ça fait 80 km. Quand vous venez vers la Gambie, c’est très proche. La route de Guingan et Termessé, on a fait ces constats et on a rendu compte aux autorités. Actuellement, on est en train de faire la route de Koundara en allant vers la Guinée Bissau. Les bailleurs de fonds nous accompagnent dans ce sens », a déclaré le Colonel Abdourahmane Kéita.

La préfecture de Koundara n’est pas épargnée par l’impact du changement climatique. Selon le préfet, des actions sont entreprises pour inverser la tendance. « Le réchauffement climatique bat son plein à Koundara. C’est qui du coup, par ignorance et manque de sensibilisation par endroit, les gens font la coupe abusive du bois. Tels que les charbonniers qu’on a toujours cherché à sensibiliser. A côté, on a imposé le reboisement. On a un service de l’environnement avec qui l’Etat nous accompagne pour organiser des campagnes de reboisement. La coupe du bois est complètement interdite ici. Et ceux qui passent à côté, dès qu’ils sont interpellés on les sanctionne selon la loi. Ensuite, nous sortons également chaque année dans les sous-préfectures et par entité pour faire des campagnes de sensibilisation et leur parler de l’inconvénient de couper les bois à tout moment. Au mois de mars, on a constaté qu’à Koundara, ce n’est pas facile de vivre. C’est une forte chaleur qui continue sans relâche et augmente à tout moment. Même au moment où on doit avoir la chaleur, ce n’est pas facile. C’est pourquoi, notre premier rôle est de sensibiliser la population… ».

En outre, préfet a expliqué le bilan des activités menées avec son cabinet depuis sa nomination à ce poste. « A notre arrivée à la tête de la préfecture, après l’avènement du CNRD, d’abord la frontière était fermée. Il n’y avait pas d’activités entre la Guinée et le Sénégal. Et l’une des activités principales de cette population, c’est le commerce. Si cela est fermé, il y a problème. L’Etat a ouvert les frontières qui ont soulagé la population. Les gens étaient divisés par endroits à cause de la politique. Avant, tu ne pouvais pas dire le nom de quelqu’un dans ta concession qui n’est pas de même bord politique que toi. On a essayé de mettre tout le monde ensemble pour que les choses bougent. Vous savez comment les choses se passent dans la transition. Le chantier est grand. L’Etat a donné 10 km de goudron pour la ville de Koundara. Les gens sont venus faire le levé, on a procédé à la pose de la première pierre au niveau de Gaoual. Les travaux vont bientôt démarrer. En un mot, toute la population de Koundara se fréquente et parle le même langage. Nous saluons le dynamisme du président de la République qui œuvre à tous les niveaux à travers notre ministre de l’Administration du territoire, d’où l’arrivée de ce cadre de dialogue. C’est un organe consultatif qui est entrain de rouler. On a reçu aujourd’hui le rapport du processus du cadre de dialogue inclusif inter guinéen. Le rapport final est là. Donc, ce document doit être démultiplié », a indiqué le Colonel Keïta.

L’autre défi de Koundara, ce sont les tracasseries causées par les forces de l’ordre. Le préfet exprime toute sa préoccupation à ce sujet. « Nous sommes toujours informés. Mais ce problème est beaucoup plus accentué du côté du Sénégal. Au niveau de Koundara, il n’y a que la frontière pour sortir aller au Sénégal et en Guinée Bissau. Et si vous voyez qu’on a mis le barrage à la rentrée, parce qu’il y a eu l’évasion de certains prisonniers à la sûreté. C’est pourquoi on a mis ce barrage pour voir réellement quels sont les mouvements des gens qui bougent, pour se mettre à l’abri de tout. Sinon, on nous a expliqué tout ce qui se passe. On demande de l’argent, qu’il y ait pièce d’identité ou pas. Ils sont exposés à tout cela. A travers tout ça, on est venu sur le terrain pour sensibiliser nos agents, pour leur dire qu’ils ne doivent pas prendre de l’argent avec les usagers qui ont les pièces d’identité. S’ils n’en ont pas, retournez-les. S’il y a des documents, il n’y a pas de barrières entre les pays de la CEDEAO. Mais après tout le constat, les gens nous ont fait comprendre que du côté de Sénégal, que tu aies du papier ou pas, on te verbalise. Donc, s’il y a sensibilisation, c’est au niveau du Sénégal et de la Guinée », a laissé entendre l’officier.

De retour de Koundara, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

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