N’Zérékoré : « le vin blanc est utilisé pour traduire l’hospitalité et la générosité, et créer une belle atmosphère »

Bienvenu Goumou, citoyen résidant au district de Kpaghalaye

La consommation du vin blanc, tiré du raphia, est une pratique ancrée dans les mœurs en Guinée forestière. Pourtant, sa fabrication demande beaucoup d’efforts et un savoir-faire particulier. Une fois obtenu, le vin de palme est consommé individuellement ou en groupe à l’occasion de rassemblements pour certaines cérémonies de réjouissances. Mais, son excès est déconseillé pour éviter toute déconvenue. Des citoyens de N’zérékoré, interrogés à ce sujet par l’équipe locale de Guineematin.com, ont dit tout le bien qu’ils pensent du vin blanc.

Connu généralement sous le nom de ‘’Blanco’’ dans la région forestière, le vin de palme occupe une place importante dans le quotidien des populations. Mais, sa fabrication est un parcours pas si simple et nécessite un art pour y arriver.

Yôhé-nyanga Goumou

Trouvé assis au pied d’un raphia dans le district de Kpaghalaye, Yôhé-nyanga Goumou, explique comment se fait la récolte du vin blanc. « Pour avoir le vin blanc, il faut être courageux. Quand tu plantes le raphia, il n’a pas besoin de ton entretien, ça grandit de lui-même avec une seule branche de fleur au milieu. Mais quand il arrive à un certain niveau, tu vois la fleur au nombre de 4 au milieu, il faut grimper et tailler avec une machette. C’est ce qu’on appelle ‘’tuer le raphia’’. Ce n’est pas parce que le raphia ne va plus donner du vin, non. Tu vas tailler en deuxième lieu le sommet du raphia avec un objet tranchant au bout. Quand tu le fais, tu cherches une échelle traditionnelle et place à sa face droite parce que si tu mets à sa face gauche, ça ne donnera probablement pas de vin. Si tu n’es pas de la matière, tu ne peux pas comprendre. Le problème de raphia est comme un être humain, il y a des personnes fainéantes et des personnes courageuses, de même que le raphia. Une fois que la partie est taillée, avec le courageux, tu n’as seulement qu’une semaine pour obtenir du vin. Mais si on n’est pas courageux, tu peux faire un mois sans rien trouver. Souvent, il faut te rendre matin, midi et soir pour voir. Une fois que le vin est trouvé, il faut encore envoyer une calebasse qui est communément appelée la marmite du raphia, dans laquelle le vin se verse. Quand tu installes la calebasse, il y a des feuilles larges en brousse que tu dois couper pour mettre au sommet du raphia où passe le vin pour se verser dans la calebasse. Après cela, il faut bien couvrir avec beaucoup d’herbes ou de feuilles pour ne pas que la pluie touche le sommet et la calebasse. En dernière position, il faut visiter chaque matin et chaque soir ton raphia pour récolter le vin qui s’y trouve. Une fois qu’on ne respecte pas ce temps de récolte du vin, on risque de mettre tout le travail à l’échec. C’est pourquoi nous avons l’habitude de dire que le récolteur du vin est l’esclave de son raphia. C’est par tout ce processus qu’on peut récolter le vin blanc », a-t-il expliqué.

Marcel Loua, cultivateur de profession et consommateur du ‘’Blanco’’

Marcel Loua, cultivateur de profession et consommateur du ‘’Blanco’’, donne les raisons de son affection pour ce produit. « Je consomme le vin blanc parce que c’est une boisson simple et naturelle dans la mesure où il n’y a pas de mélange de produits toxiques comme les autres boissons industrielles. Je suis à l’aise quand je le prends. La consommation du vin blanc est à peu près une source d’inspiration pour moi. Je suis tout le temps inspiré quand je le prends. Et même souvent, quand j’ai des problèmes qui me dépassent, je le prends pour me distraire. Donc, le vin blanc est bon pour moi. La consommation de tout aliment est bonne, mais l’abus est toujours dangereux pour la santé, de même que pour le vin blanc. Celui qui veut en prendre, il lui faut prendre sa dose », conseille Marcel Loua.

Pour sa part, Bienvenu Goumou, citoyen résidant au district de Kpaghalaye, parle de l’importance du vin blanc dans la société traditionnelle et demande aux vendeurs d’éviter de faire des mélanges.

Bienvenu Goumou, citoyen résidant au district de Kpaghalaye

« Le vin blanc joue un rôle capital dans nos sociétés traditionnelles. C’est un aliment unificateur de bonnes causeries autour de beaucoup de choses qui concernent la société. Il est utilisé notamment pendant les cérémonies traditionnelles pour traduire l’hospitalité et la générosité, mais surtout pour permettre de créer une belle atmosphère. Certains disent le prendre pour bannir la peur, le stress et la honte de se tenir devant une foule. Depuis que je suis né, j’ai vu mes ancêtres boire le vin blanc, et ça leur permettait des fois de mélanger avec des produits traditionnels pour le traitement de certaines maladies. Ce que je déplore aujourd’hui est que certains vendeurs de vin blanc, pour des raisons d’argent, donnent une mauvaise image à cet aliment en le faisant mélanger de l’eau et du sucre. C’est pourquoi, j’invite les vendeurs de vin blanc à ne pas se comporter de la sorte pour éviter de créer d’autres problèmes », a laissé entendre Bienvenu Goumou.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah, Jean David Loua et Joseph Goumou pour Guineematin.com

Tel : (+224) 620166816/666890877

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