Conakry : Mohamed Baldé condamné à un an de prison pour avoir blessé sa mère et son jeune frère avec des ciseaux

En détention à la maison centrale de Conakry depuis le 15 novembre dernier, Mohamed Baldé a été situé sur son sort hier, mardi 26 décembre 2023, au tribunal correctionnel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Ce technicien réparateur de climatiseur est accusé d’avoir blessé son jeune frère à la tête et d’avoir « déchiré le sein » de sa mère. A la barre, il a reconnu les faits mis à sa charge. Et, pour sa défense, il a dit être victime de « dépression ». Mais, le tribunal l’a finalement condamné à un an de prison assortie de 4 mois de sursis, a constaté une journaliste de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Dans cette affaire, Mohamed Baldé est poursuivi pour « coups et blessures volontaires ». Et, c’est Aboubacar Sidiki Baldé (son jeune frère) et Mme Hassanatou Barry (sa mère) qui l’ont trimballé devant cette juridiction de première instance. Il les a blessés lors d’une bagarre. Et, devant cette juridiction, il a dit que ses actes agressifs sont dictés par le manque de médicaments pour soulager ses maux de dépression.

« Je suis venu dire à ma mère de me donner mon médicament, car ma maladie [une dépression] avait commencé. Quand cela m’arrive, je suis violent. Mon jeune frère-là (Aboubacar Sidiki Baldé) a commencé à dire : toi avec ton médicament-là il ne faut pas nous fatiguer. Il connaît pourtant l’existence de ma maladie. Des fois, c’est lui-même qui m’envoie le manger. Je ne touche pas le chanvre indien et je ne bois pas. Ce jour-là, c’est lui qui s’est jeté sur moi. Le bois qu’il avait pour me taper, je l’ai récupéré et malheureusement ça l’a blessé à la tête. C’est le manque de mon médicament qui a fait ça. J’en ai réclamé et je n’ai pas eu. J’ai la dépression. On m’a même enchaîné à plusieurs reprises. J’ai mon carnet médical à la maison », a déclaré le prévenu.

Cependant, se faire passer pour un « fou » n’a pas été d’une grande utilité pour le prévenu devant cette juridiction. En tout cas, son argument a été très vite démonté par son jeune frère. Ce dernier l’a fait passer pour un alcoolique violent et consommateur de chanvre indien.

« Il (Mohamed Baldé) n’a jamais été enchaîné. Chaque fois, il vient la nuit taper à la porte vers 2 heures du matin. Chez nous, il y a deux portes. Et, il peut entrer par la petite sans déranger quelqu’un. Ce jour, il a bu et est venu crier la nuit. Entre lui et moi, il n’y a rien. Il est venu nous insulter. Il a tapé à ma fenêtre. Une fois à l’intérieur, il est venu frapper à ma porte. Je lui ai demandé pourquoi il fait ça. Il m’a poussé, je me suis défendu. Je l’ai maîtrisé et ma mère m’a dit de le laisser. Quand je l’ai laissé, il est rentré dans sa chambre prendre les ciseaux pour me blesser. J’ai voulu me rendre justice, mais mon petit frère m’a dit de le laisser. On m’a amené à l’hôpital pour les premiers soins. Il boit de l’alcool et fume du chanvre indien, il n’est pas malade. C’est mon petit frère qui est atteint d’une maladie mentale. Et lui il est à la maison. Lui (le prévenu), les comprimés qu’il prend, c’est de la drogue. Quand il rentre dans la maison, tout le monde a peur de lui. Je demande au tribunal de m’aider. J’ai peur pour ma vie. Je demande au tribunal de nous aider à ce qu’il quitte la maison même s’il prend une chambre en location… Pour les premiers soins, c’est 700 000, 100 000 à la gendarmerie…  En tout, c’est 900 000 GNF », a indiqué Aboubacar Sidiki Baldé.

Appelée à la barre, Hassanatou Barry, victime et mère du prévenu, a corroboré les propos de Aboubacar Sidiki Baldé. Elle a aussi accusé Mohamed Baldé d’avoir « déchiré complètement son sein » avec une paire de ciseaux.

« Je ne sais pas à quel moment il est allé prendre les ciseaux pour faire du mal à son jeune frère ce jour-là. En essayant de les séparer, j’ai été blessée et je ne le savais même pas. Mon sein-là était complètement déchiré. Moi, c’est la blessure sur la tête de mon fils Aboubacar Sidiki qui me préoccupait. Il y avait du sang qui coulait sur son visage. C’est quand on a envoyé ce dernier à l’hôpital que j’ai su. Quand il (le prévenu) se drogue ou boit, il devient fou. C’est l’un de ses jeunes frères qui est malade depuis 18 ans, mais il ne m’a jamais touchée. Je ne suis pas sûre qu’il arrête de toucher à ces choses (la drogue et l’alcool). C’est Aboubacar Sidiki qui est le père de famille. Mon mari est malade et moi aussi, donc c’est lui qui s’occupe de tout… Je voudrais que vous appeliez Mohamed pour lui dire de jurer qu’il ne va jamais répéter ce qu’il est en train de faire à la maison. S’il est d’accord, je suis prête à lui pardonner. Dans le cas échéant, je ne peux pas », a-t-elle martelé.

Dans ses réquisitions, le ministère public a qualifié le prévenu d’esprit malin qui manœuvre pour tromper la vigilance du tribunal.

« C’est un esprit malin. Il se sert des gens pour que son dossier soit pris en priorité. Il a fait croire qu’il était diabétique. Il ne l’est pas… Ce sont les conséquences de la drogue. D’ailleurs, on le surnomme « dose ». Il a fait la maison centrale pour les mêmes infractions. La drogue conduit à une dégradation totale de la santé. Il a tout le temps la diarrhée. Il a eu le courage de déchirer le sein de sa propre mère. Le sein qui l’a nourri… La mère est sacrée », a dit le procureur Siba Toupou, tout en demandant au tribunal de condamner Mohamed Baldé à un an de prison.

Finalement, le tribunal a condamné Mohamed Baldé à un an de prison dont 4 mois assortis de sursis et au paiement de 900 000 francs guinéens à la partie civile.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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