Difficultés d’avoir du carburant à Kindia : le cri de cœur des citoyens, pris entre le marteau et l’enclume

Malgré la reprise de la desserte en carburant, les citoyens de la commune urbaine de Kindia ne savent plus à quel saint se vouer. Dans les différentes stations-services, obtenir une goutte d’essence relève d’un véritable parcours du combattant, notamment pour les taximotards. A cela s’ajoute « l’exclusion » des propriétaires de cultures maraîchères qui tentent de se servir à travers des bidons. Les gérants des stations sont accusés d’injustice et favoritisme, même s’ils nient tout en bloc. Les citoyens sollicitent l’intervention des autorités pour mettre fin à leur calvaire, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Sékou Gamy, maraîcher venu de Kolenté

Sékou Gamy, maraîcher venu de Kolenté, dénonce l’exclusion des propriétaires des cultures maraîchères. « Chez moi, le problème qui se pose est qu’ils ont demandé de servir seulement les motards et non les maraîchers. Il y a des maraîchers qui n’ont pas des motos. Donc, cela nous cause de sérieux problèmes parce que même s’ils disent que c’est 5 ou 2 litres dans les bidons pour nous, ça va être arrangeant pour tout le monde. Cela fait plus d’une semaine que nos plantes sont en train de mourir. Moi, je suis jusqu’à Kolenté où j’ai plus d’un hectare de pastèques, un demi-hectare d’aubergines et de concombres. Je vais chaque jour de gauche à droite pour savoir comment carburer la moto pour retourner dans mon jardin. J’ai aussi des amis qui sont là-bas et qui n’ont pas de moto. J’aimerais que les gérants et les autorités essayent de voir si on peut servir dans les bidons », a-t-il plaidé.

Même son de cloche chez Mamadou Billo Bah, conducteur de taxi moto, rencontré à la station Shell de Komoya, qui explique son calvaire. « Actuellement, l’affaire d’essence constitue un véritable calvaire pour nous. Vous avez vu ici, on a bien organisé. Mais ce qui préoccupe surtout, c’est le fait de rester derrière la ligne durant plus 2 à 3 heures ; après, on te dit que l’essence est finie. Partout où tu vas dans les stations, c’est le même constat. Tu attends pour le lendemain, obligatoirement. S’ils disent de servir 5 litres pour les motos, qu’ils fassent correctement le travail. Nous sommes de pères de familles, nous donnons la dépense. Ils n’ont qu’à servir tous les stocks pour soulager la population. C’est ce que nous sollicitons », a lancé le conducteur de taxi moto.

Mamadou Alpha Barry, client

Cet autre client, Mamadou Alpha Barry, pointe du doigt les pompistes dans les stations dans l’utilisation de bidons, pourtant interdite. « Nous étions là depuis 20h dans les rangs pour obtenir de l’essence. Nous avons passé la nuit ici. Mais la façon dont ils sont entrain de servir les clients, ce n’est pas comme ça. Ils sont en train de pomper dans les bidons. Les propriétaires des bidons vendent à leur tour 30.000 GNF le litre. C’est ce qui nous fatigue ici. Normalement, ils ne doivent pas vendre dans les bidons. Nous voulons à ce qu’ils viennent servir les motos », a demandé Alpha Barry.

Elhadj Mbemba Sylla, domicilié à Foulaya Cité

Elhadj M’bemba Sylla, domicilié à Foulaya Cité, rencontré à la station Total de la gare routière. « Nous souffrons. J’étais venu pour faire des achats au marché central de Kindia. Mais mon essence est finie dans le réservoir. J’ai poussé jusqu’à la station ici, mais je n’ai pas eu d’essence. J’ai été obligé d’acheter un litre à 35 000 GNF. J’invite les gérants des stations à nous aider en excluant ceux qui sèment la pagaille. Que tout le monde respecte les rangs. Si on ne met l’essence dans les bidons, ça va fatiguer certaines personnes qui poussent la moto à une dizaine de km. Ils n’ont qu’à nous aider… ».

Mamadou Billo Baldé, chef de la Station Gare Routière de Kindia

Pour sa part Mamadou Billo Baldé, chef de la station Total de la gare routière de Kindia, interrogé par notre reporter, rassure de la vente du carburant à la clientèle, en livrant 3 000 litres par jour. « Il y a plein de gens qui viennent ici avec des bidons. Mais déjà, nous travaillons avec les autorités. Sans elles, nous ne pouvons pas travailler. S’ils disent que nous sommes en train de servir dans les bidons, peut-être qu’ils ont vu les bidons vides. Mais, voir un pistolet dans un bidon, c’est une autre chose. Nous, on ne sert que les engins ; les voitures, 25 litres ; et les motos, 5 litres depuis le matin. Le problème qui est là est que la quantité de stock qu’on a ne peut pas suffire tout le monde. Par jour, on a un quota de trois mille litres à revendre. Une fois que ces 3000 L sont atteints, on arrête. On recommence le lendemain encore. Parce que si on dit qu’on va servir jusqu’à la nuit, c’est le premier jour qu’on allait finir de vendre tout le stock qui est ici. Donc, chaque jour, on ouvre à 6h-30mn. De 6h-30mn jusqu’à atteindre les trois milles litres. Des fois, on peut vendre jusqu’à 9h voire 10h. Et ça dépend de l’organisation des demandeurs qui viennent nombreux se mobiliser autour de la pompe. Chose qui empêche les pompistes de travailler. Ainsi, on est obligé d’arrêter pour appeler la sécurité. J’invite tout un chacun à ne pas paniquer. Chacun doit économiser le peu d’essence qu’il a, afin que tout le monde soit servi », a conseillé le chef de la station Total de la gare routière de Kindia.

Mamadou Diallo, gérant de la Station BNT, Caravancérail

De son côté, Mamadou Diallo, gérant de la station BNT, a balayé d’un revers les accusations portées à son encontre pour la vente de carburant. « Il n’y a pas de corruption ici. D’ailleurs, moi j’ai dit que les bidons sont formellement interdits à la pompe. Mais le problème est que ces gens-là sont plus nombreux que nous. Il faut que les autorités viennent au secours. Nous seuls, nous ne pouvons pas. On est envahi comme ça. On nous accuse d’avoir servi dans les bidons. C’est faux. Mais il faut constater quelque chose encore ; d’ici à Bangouyah, il n’y a pas de stations. Et Il y a des gens qui ont des jardins. Qui arrosent à partir de l’essence. Mais ils n’ont pas de carburant. Ainsi, on préfère avec ces gens-là, de les aider au moins d’avoir un bidon. Mais avec les vendeurs aux marchés noirs, non. Nous invitons les citoyens de Kindia, de faire doucement. On va les servir le peu qu’on a ici. On ne le gardera pas pour nous. Les citernes sont déjà en route en provenance de la Sierra Leone. La crise là va passer », assure monsieur Diallo.

Depuis Kindia, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224) 628516796

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