Sékou Jamal Pendessa : « 2023 a été une année noire pour la presse guinéenne »

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG

C’est un secret de polichinelle. L’année 2023 a été très éprouvante pour les entreprises de presse et les professionnels de médias en Guinée. De nombreux sites d’informations, des radios et télévisions ont été victimes de restrictions et de censures sur le territoire national. Egalement, des journalistes ont été victimes d’agression de part des forces de défense et de sécurité.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, jeudi 28 décembre 2023, Sékou Jamal Pendessa, le secrétaire général du SPPG (syndicat des professionnels de la presse en Guinée), a parlé d’une « année globalement noire » pour la presse guinéenne. Il estime que 2023 a été marquée par des « actions liberticides » qui ont sérieusement entamé le libre exercice du journalisme en Guinée.

« L’année 2023 a été globalement une année noire pour la presse guinéenne. On a connu des actions inédites, des actions liberticides au cours desquelles le pays a été complètement plongé dans le noir. On ne peut pas tout citer, mais prenons quelques actions phares. Au mois de mai dernier, pour la première fois, on a arraché les émetteurs d’un média. Vous connaissez l’affaire Sabari FM et love FM. Au même moment de cette affaire, des dizaines de brouillages de sites d’information ont été enregistrés. Le cas de Guineematin est une illustration. Pendant près de trois mois et durant ce temps, des arrestations de journalistes, gazés et violentés. Quelque chose du jamais vu sur le continent. Des médias comme Espace, Djoma et Evasion aujourd’hui sont retirés des bouquets canal+, les radios sont brouillés aussi. C’est une année noire pour la presse guinéenne en résumé. Le débat ne se pose plus. C’est un énorme recul qu’on a enregistré cette année. Durant l’époque d’Alpha Condé, Gangan FM a été fermé, mais ça n’a pas pris du temps. À l’époque la HAC, même si on lui reprochait beaucoup de choses, avait eu le courage de publier un communiqué pour rappeler à Alpha qu’il n’avait pas le droit de fermer un média. Mais, cette fois-ci, on brouille les médias, on les ferme presque. C’est un recul catégorique… Pour l’année 2024, on va continuer le combat, c’est l’unique perspective. Nous allons relancer la lutte, si tout va bien, dans le mois de janvier. On ne va pas permettre à quelqu’un de venir pour en finir avec la liberté de la presse acquise au prix des libertés de certains de nos aînés ayant accepté la prison. Notre génération ne doit pas avoir peur de la prison pour préserver ces acquis. Si on le fait, on devrait cesser d’être journalistes pour faire autre chose, parce qu’on aura plus mérité l’héritage de nos valeureux aînés », a dit Sékou Jamal Pendessa.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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