Bilan de l’OPROGEM en Guinée : en 2023, il y a eu 205 cas de viols, 43 cas d’enlèvements, 23 cas de séquestrations, 12 cas de mariages précoces…

Marie Gomez commissaire divisionnaire et directrice générale de l'OPROGEM

L’année 2023 tire à sa fin. Elle marque un temps de réflexion et de présentation du bilan annuel des activités réalisées au sein des services publics et privés. A l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance, et des Mœurs (OPROGEM), des résultats appréciables ont été notés par la direction générale. Tous les 205 cas de viol enregistrés dans ce service ont été déférés aux différents parquets des tribunaux. De nombreuses autres violences basées sur le genre ont été notifiés et la majeure partie des cas prise en charge. C’est ce qu’a indiqué Marie Gomez, commissaire divisionnaire, directrice générale de l’OPROGEM, ce vendredi 29 décembre 2023, dans un entretien accordé Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Malgré les efforts consentis, les Violences basées sur le genre (VBG), notamment les cas de viol, sont encore de mise dans nos sociétés. L’année 2023 n’a pas échappé à cette triste réalité.

C’est ce qu’a indiqué madame Marie Gomez, DG de l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance, et des Mœurs (OPROGEM). « Vous savez, ce n’est pas facile le travail à l’OPROGEM. Ça n’a toujours pas été facile, mais on fait de notre mieux. Comme vous le savez, les Violences basées sur le genre sont devenues aujourd’hui un problème de santé publique. Il ne se passe pas un jour sans qu’on enregistre un cas de violences basées sur le genre. Que ça soit à Conakry, dans le grand Conakry, ou à l’intérieur du pays. Même aujourd’hui, j’étais en train de communiquer avec notre point focal à Siguiri, précisément à Léro, où on a tué un bébé et on l’a jeté dans un puits. Donc pour l’année 2023, nous avons procédé à la collecte des données au niveau de toutes nos représentations qui se trouvent dans les 33 préfectures et nous avons fait le cumul de toutes ces données. En termes de statistiques, nous avons enregistré 205 cas de viols, dont 205 déférés ; 43 cas d’enlèvements, dont 18 déférés ; 33 cas d’abandons d’enfants, et 15 ont été déférés. Pour la séquestration, on a enregistré 23, cas dont 9 cas déférés. En ce qui concerne les coups et blessures volontaires, on a enregistré 89 cas, dont 36 déférés ; abandon de famille, 113 cas, dont 43 déférés ; détournement de mineures ; on a eu 1 cas qu’on a déféré. Harcèlement : 14 cas, dont 8 déférés ; mariage forcé et précoce, 12 cas déférés, sur 19 cas enregistrés. Nous avons également enregistré 7 cas d’enfants en conflit avec la loi. Enfants disparus : 1 216 cas enregistrés. S’agissant des menaces, il y a eu 16 cas enregistrés tous déférés. Nous avons enregistré 1 cas d’outrage public à la pudeur ; 2 cas d’invitation de mineures à la débauche, tous déférés ; 1 cas de proxénétisme enregistré et déféré ; 16 cas d’injures publiques, dont 5 ont été déférés ; 2 cas d’infanticide ; 13 cas de maltraitance, dont 12 déférés ; 95 cas de violences (conjugales, physiques, morales et physiologiques), dont 35 déférés ; 12cas de traite de personnes, et les 12 ont été déférés. Pour l’exploitation de mineurs, on a eu 4 cas, dont 1 déféré. Voilà sommairement les statistiques liées aux infractions enregistrées au courant de l’année 2023 », a énuméré madame Marie Gomez.

Par ailleurs, la Directrice de l’OPROGEM a souligné l’importance de traiter le viol en tant que crime, conformément aux dispositions de la loi pénale. « Le viol est une infraction à la loi pénale qui est le maillon fort des VBG. Parce que dès qu’on dit viol, ça sonne autrement à l’oreille. En matière d’infractions, le viol est un crime chez nous. Le viol se fait sans le consentement de la victime », a faits savoir l’officière.

En outre, dame Marie Gomez a expliqué les procédures qui entourent l’infanticide et les découvertes de bébés vivants. « L’infanticide constitue l’action des filles ou femmes qui donnent vie et jettent le bébé après l’accouchement. Donc, une tierce personne qui ramasse ce bébé est tenue de se rendre chez nous pour faire une déclaration. Pourquoi venir faire cette déclaration ? Parce que quand tu t’occupes de l’enfant, lorsqu’il va grandir, une autre personne viendra dire que c’est mon enfant et cela trouve que tu es passé devant une juridiction compétente pour signaler que tu as ramassé un bébé, et que tu es doté d’un document, qui t’a orienté vers le parquet. Puisque quand nous recevons ce genre de personnes, nous leur donnons un document pour la garde provisoire de l’enfant. Après trois mois, nous les envoyons devant le tribunal pour enfants. C’est au procureur près le tribunal pour enfants de décerner un document de garde définitive du nouveau-né. C’est un volet que nous mettons à la disposition des citoyens. Quand vous ramassez des bébés jetés, ayez le courage de venir vers les services de sécurité pour pouvoir mieux vous orienter ».

Pour ce qui est des violences conjugales et des mariages précoces, l’OPROGEM a mené des actions salvatrices. « Nous avons enregistré pas mal de violences conjugales que nous avons orientées vers les médecins légistes pour les diagnostics, et éventuellement pour les rapports médico-légaux pouvant permettre aux juges de faire correctement leur travail. Nous avons également annulé pas mal de mariages forcés et précoces au courant de l’année 2023. Nous travaillons étroitement avec les ONG qui évoluent dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre ainsi qu’avec le Ministère de l’Action Sociale », a fait la directrice générale de l’OPROGEM.

En terme de perspectives, madame Marie Gomez annonce que les séances d’information et de sensibilisation sur les violences basées sur le genre, entamées au courant de l’année 2023. Des mesures seront prises pour l’installation de points focaux de son service dans les zones d’exploitation minière, notamment aurifères, a-t-elle indiqué.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : 622919225

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