Le cancer du poumon, une maladie plus connue chez les hommes à partir de l’âge de quarante ans, a commencé à se féminiser à cause de la consommation du tabac et de la chicha élevée chez les femmes, affirment des spécialistes. Cette maladie est la huitième diagnostiquée en termes de rang dans les familles des cancers en Guinée. C’est qu’a indiqué Dr Mamadou Bobo Souaré, en service à la cancérologie du CHU de Donka, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
D’entrée, le médecin a expliqué ce qu’on entend par cancer du poumon et les signes de la pathologie. « Le cancer du poumon, aussi appelé cancer bronchique ou cancer broncho-pulmonaire, est une maladie des cellules des bronches ou plus rarement des cellules qui tapissent des alvéoles pulmonaires, qui se développent à partir d’une cellule initialement normale, qui se transforme, se multiplie de façon anarchique jusqu’à former une masse appelée tumeur maligne. Alors, les signes sont un peu particuliers. Parce que les signes qu’on retrouve au niveau du cancer pulmonaire ne sont pas forcément liés au cancer. C’est des signes qui se ressemblent avec d’autres maladies. Le plus souvent, comme il n’y a pas de terminaison nerveuse au niveau des poumons, la douleur survient tardivement, ce qui fait que la maladie est parfois localement avancée. Mais en dehors de ça, si quelqu’un remarque une toux rebelle, un essoufflement ou bien un sifflement respiratoire, des crachats dans le sang ou une douleur à la poitrine, même une modification de la voix ou des gonflements de la face ou d’autres symptômes, il doit consulter pour savoir s’il a un cancer du poumon ou pas. En dehors de ça, il y a d’autres signes généraux comme la fatigue, l’amaigrissement, la perte d’appétit, une fièvre prolongée, des maux de tête », a fait savoir Dr Mamadou Bobo Souaré.
Il n’y a pas de causes évidentes du cancer du poumon, mais des facteurs de risques, soutient le médecin. « En matière de cancer, il n’y a pas de causes d’évidence, il y a des facteurs de risque. Le principal facteur de risque connu pour le cancer du poumon, c’est le tabac qui entraîne 8 cancers sur 10 au niveau des poumons. Nous savons actuellement qu’il y a beaucoup de types de tabac, il y a la chicha qui est beaucoup consommée par les femmes et quelques hommes, alors qu’il y a d’autres facteurs aussi environnementaux ou professionnels, comme l’amiante, les gaz d’échappement des moteurs diesel, des hydrocarbures polycycliques, des rayonnements ionisants ou du cadmium ou de la silice qui peuvent entraîner des cancers du poumon », révèle-t-il.
Pour éviter le cancer du poumon, Dr Mamadou Bobo Souaré conseille d’arrêter la consommation du tabac et d’éviter beaucoup les facteurs de risque environnementaux. « La première des choses, c’est qu’il faut arrêter de consommer le tabac, la chicha, tout ce qui est tabac même d’ailleurs. Ensuite, évitez au maximum les autres facteurs environnementaux ou professionnels en portant des masques quand on est exposé à ces différents facteurs… »
En ce qui concerne les conséquences du cancer, le médecin indiqué qu’elles sont de plusieurs ordres. « Les conséquences sont de plusieurs ordres. Le premier, c’est l’arrêt des activités parce que la personne malade ne pourra plus travailler. Ensuite, il y a tout ce qui est symptômes somatiques, c’est-à-dire les douleurs que ça entraîne, et de l’autre côté aussi, il y a la charge de la maladie qui impacte sur la famille et l’entourage du malade. Parce que la maladie coûte chère. Déjà, pour faire le diagnostic, c’est un problème, ça demande beaucoup de moyens. Donc, ce sont les conséquences directes de la maladie. Les conséquences tardives évidemment, c’est le décès à long terme du malade. »
Pour ce qui est des statistiques, Dr Bobo Souaré a fait savoir qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes qui en souffrent. « Chez nous, nous avons des statistiques sous-évaluées. Comme on l’a dit toujours, les cas de cancers qu’on reçoit, ce sont des cas qui sont autour de 40 à 50 ans pour le cancer du poumon. Nous remarquons également qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes, malgré que la tendance commence à s’inverser plus ou moins parce qu’on remarque qu’il y a beaucoup plus de femmes qui fument. Nous rencontrons environ 200 cas de cancer par an au niveau du poumon, avec 95% de décès. C’est le 8ème cancer en termes de rang pour les cancers confondus », a déclaré le médecin.
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com
