Utilisation d’internet en Guinée : « ce qui aurait dû être une solution économique est devenu un problème social »

Ibrahima Balaya Diallo, président du Forum civil guinéen

En Guinée, les populations sont de plus en plus connectées à internet. Pour de multiples raisons, des citoyens de tous les âges surfent sur les réseaux sociaux. Mais, pour Ibrahima Balaya Diallo, président du Forum civil guinéen, de nombreux internautes guinéens font un « usage abusif » d’internet sur le territoire national. Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, mercredi 3 janvier 2024, cet activiste de la société civile guinéenne estime que l’« internet est devenu un problème social » dans le pays. Et, cela s’est matérialisé au cours de l’année 2023 par des diffamations, des injures, l’exposition de la vie privée des gens et leur intimité sur la toile.

« Ce qui m’a marqué [en 2023], c’est l’utilisation abusive de l’internet. Ce qui aurait dû être une solution économique est devenu un problème social, on a utilisé ça pour manipuler et à d’autres fins. Malheureusement ça va du mal en pis. Cela est en déphasage avec nos réalités, nos valeurs sociales, culturelles, parce qu’il y a eu une utilisation malencontreuse. Ce qui constitue d’ailleurs une autre sphère porteuse de richesses. Mais, on préfère les diffamations, mettre sur la place publique la vie des gens, des pères de famille, des manipulations politiques. Ce n’est pas ça l’objectif de l’internet. On voit des gens où les procureurs doivent s’autosaisir et les convoqués sur des abus des discours ethniques. Tout ça, c’est des éléments de droit pénal », a-t-il indiqué.

L’année 2023 a aussi été marquée en Guinée par une large utilisation des VPN à cause des nombreuses restrictions sur internet sur le territoire national. Ces restrictions sont l’œuvre du gouvernement et elles constituent une violation flagrante de la liberté d’expression. Ibrahima Balaya Diallo alerte sur le danger lié à cette utilisation de VPN sur les données privées des citoyens.

« Quand on est sur VPN, on n’est pas protégé, on déambule de pays en pays, il n’y a aucune maîtrise. Et ne soyez pas surpris que nos comptes soient piratés, c’est le risque que nous courons. Mais, comme on est obligé, le monde d’aujourd’hui ne peut pas vivre sans cela. La cybercriminalité est difficile à contrôler. On peut toujours dire qu’on ne peut pas contrôler l’internet, il faut appliquer la loi, ça va nous permettre d’avoir une certaine maîtrise en essayant vraiment de canaliser les citoyens malencontreux. C’est l’État qui doit nous aider dans ce sens-là. Tout le monde critique l’État, mais aujourd’hui lui-même est dans l’insécurité, parce qu’on ne maîtrise plus internet. Il faut une éducation civique à l’internet dès le bas âge, il faut introduire ça aussi dans les écoles dès le primaire pour qu’on sache qu’internet n’est pas pour insulter, ni pour mettre la vie privée de quelqu’un en public ou un espace de règlement des comptes », a dit Ibrahima Balaya Diallo.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tel : 624 69 33 33

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