Crise de carburant à Mandiana : les femmes maraîchères de Ouroubakoro peinent à ravitailler les marchés

Tous les secteurs d’activités sont affectés par la rareté du carburant à travers la Guinée. C’est le cas des femmes qui évoluent dans le maraîchage dans la localité de Ouroubakoro, relevant de la préfecture de Mandiana. Malgré leur dévouement et leur énergie dans la culture de légumes, elles sont frappées de plein fouet par la difficulté d’acheminer leurs produits vers les marchés hebdomadaires suite à l’augmentation des frais de transport. Interrogées par un des correspondants de Guineematin.com, elles ont exprimé leur désarroi.

Mariétou Sacko, native de Ouroubakoro, évolue dans la culture maraîchère et la commercialisation des légumes frais sur les marchés hebdomadaires depuis plusieurs années. Mais en raison de la pénurie de carburant, les frais de transport sont devenus coûteux. Les prix exorbitants du transport des légumes vers les marchés rendent les trajets plus chers. Ce qui, selon elle, pèse lourdement sur son maigre revenu.

« J’ai passé toute ma vie dans le maraîchage. Je cultive plusieurs variétés de légumes dans le but de les revendre dans les marchés hebdomadaires de Mandiana. Mais ces derniers temps, ce que nous sommes en train de vivre est vraiment décevant. Nous nous battons ici à Ouroubakoro pour servir les citoyens en légumes de qualité, sans soutien de l’Etat. Mais si pour les acheminer vers les marchés locaux on nous impose de payer des transports qui vont au-delà de nos bénéfices, cela est vraiment décourageant. J’ai payé le double de ce que j’avais l’habitude de payer pour être là aujourd’hui », s’est-elle lamentée.

Sur le grand espace de négoce de Ouroubakoro, les légumes frais inondent les étals du marché. Pendant ce temps, de longues discussions sont engagées entre chauffeurs et certaines commerçantes de légumes à quelques kilomètres du village pour le transport de leurs marchandises sur le marché.

« Les trajets où nous avons l’habitude de payer 10 000 GNF se négocient entre 20 000 et 30 000 mille francs guinéens. Et quand nous nous plaignons auprès des chauffeurs, ils ne veulent même pas nous écouter. C’est pourquoi vous constatez toutes ces discussions. Je suis là depuis le matin, mais aucun chauffeur n’a accepté d’embarquer mes légumes à l’ancien prix. Je suis finalement obligée de payer le montant de 30 000 de francs guinéens qu’ils demandent tous pour ne pas rater le jour du marché », a indiqué Mariame Kéita.

Dans l’ombre de cette crise du carburant, d’autres ont opté pour des moyens de transport alternatifs, tels que les vélos ou les charrettes à cheval. C’est le cas de Hadja Tadiba Condé, qui vient de parcourir une longue distance, de son jardin potager jusqu’au marché.

« Nous chargeons plus de 20 véhicules parfois. Mais avec cette hausse du prix du carburant, je préfère les charrettes à âne et les vélos pour transporter mes légumes. J’ai été informée de la situation il y a quelques jours. C’est pourquoi ce matin j’ai utilisé les vélos de mes enfants et une charrette à âne pour transporter mes légumes au marché. Depuis 5 heures du matin nous étions dans mon jardin potager pour que je sois à l’heure, pour pouvoir écouler mes légumes avant que les autres viennent. Pour moi, c’est la meilleure solution », a-t-elle laissé entendre.

Accusés dans cette hausse exorbitante des frais de transport, les chauffeurs justifient l’augmentation du tarif par la difficulté d’obtenir du carburant dans la localité. « Nous ne voulons pas augmenter le prix du transport, mais nous achetons le carburant à des prix exorbitants. Pour avoir un bidon de 20 litres, nous sommes obligés de dépenser 300 mille francs guinéens voire plus. Alors, comment voulez-vous que nous continuons à transporter les marchandises au prix initial ? », questionne Laye Diakité.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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