Procès du 28 septembre 2009 : échange tendu entre les avocats de Dadis et un témoin, l’audience suspendue

Un cailloux dans la chaussure des conseils de la défense. Le témoin Youssouf Touré dit “Joli” dont l’audition a commencé hier se poursuit devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum ce mercredi, 10 janvier 2023, mais les échanges entre ce témoin très loquace et les avocats de la défense virent désormais à la confrontation depuis qu’il accuse notamment Me Pépé Antoine Lama, Me Abdoulaye Keïta, Me Dinah Sampil et Pépé Koulémou d’avoir tenté de le corrompre avec 700 000 000 GNF et un sac de riz pour le dissuader de venir témoigner à la barre. Après la “confrontation” avec Me Dinah Sampil, l’audience est pour le même suspendue, a appris Guineematin.com à travers son équipe de reportage sur place.

C’est Me Pépé Antoine Lama, un des avocats de Moussa Dadis Camara, qui a continué à poser des questions au témoin. Dans son approche, l’avocat rappelle le passé judiciaire visiblement chargé du témoin pour le décrédibiliser. Selon lui, Youssouf Touré a été jugé et condamné au tribunal de Dixinn pour diffamation et injures publiques. Mais à cela, M. Touré répond inlassablement que ces faits ne sont pas liés aux événements du 28 septembre 2023. Fâché, il rétorque souvent « je ne réponds pas à cette question ».

Ensuite, l’avocat rappelle également le passage du témoin au tribunal de Kaloum ou encore son expulsion du domicile où il logeait. Finalement, Me Lama conclut que pour se couvrir des ses ennuis judiciaires, selon lui, il a tenté d’abord de se constituer partie civile avant finalement d’être sur la liste des témoins. Mais “Joli” explique avoir fait cela parce que les avocats ont tenté de le faire taire. Me Pépé Antoine Lama demande au tribunal qu’il veuille faire la confrontation entre les accusés qu’il dit connaître et lui pour confirmer ou infirmer sa version.

Ce fut ensuite au tour de Me Abdoulaye Keïta de prendre la parole mais rapidement, il dit n’avoir pas de questions à poser au témoin. Cependant, il souhaite que le tribunal passe par Orange pour vérifier s’il a eu des contacts avec Youssouf Touré depuis le début de ce procès.

Fraîchement entré dans la salle d’audience, Me Dinah Sampil prend la parole pour notifier au tribunal qu’il est malade mais malgré cela, il est venu pour éclaircir cette situation, qui a fini par devenir une confrontation entre lui et Youssouf Touré. D’ailleurs, quand cet avocat est arrivé dans la salle, “Joli” s’en est réjoui estimant que tout sera clair car depuis hier, il réclame sa présence.

Venu “se blanchir”, Me Sampil tente également de révéler le passé du témoin pour certainement convaincre le tribunal qu’il n’est pas crédible. Il lui demande entre autres de décrire sa maison, de citer les personnes qui étaient présentes lors ce fameux jour. Ce que Youssouf a fait en le nommant lui-même, Me Pépé Koulemou et les féticheurs de Guillaume Soro avant de dire ce qui s’est passé entre eux.

« Quand je suis parti Me Pépé (Koulémou) était là, les féticheurs de Guillaume Soro et vous. Vous avez sorti le sac, vous avez dit de l’ouvrir il y a 700 000 000 GNF. Vous avez sorti le téléphone pour enregistrer, j’ai compris que c’était un piège. J’ai dit si on m’appelle, je vais tout dire. C’est ce qui a fâché le féticheur qui a sorti larme blanche. Vous avez dit on ne peut pas le faire ici, il y a ma famille en haut », a rappelé le témoin.

Constatant désormais la confrontation entre le témoin et Me Sampil, Me Alpha Amadou DS Bah interpelle le tribunal en lui signifiant qu’il a déjà appelé le bâtonnier pour qu’il constate cet état de fait « inédit ». Il demande la suspension pour permettre aux avocats d’aller tirer tout ça au clair. Ainsi, l’audience a été suspendue.

De Kaloum, Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com

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