Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara s’énerve contre Me Sidiki Bérété : « Vous ne dirigez pas les débats-là, suivez… »

Ibrahima Sory 2 Tounkara, président du tribunal criminel de Dixinn

C’est une journée qui n’est visiblement pas très facile pour Me Sidiki Bérété devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’appel de Conakry). Après avoir été traité de « trop petit » par le témoin Youssouf Touré dit ‘’Joli’’ un peu plus tôt ce lundi, 15 janvier 2024, cet avocat vient de se faire rappeler à l’ordre (pour ne pas dire grondé) par le président Ibrahima Sory 2 Tounkara. Il a failli induire le tribunal en erreur en essayant de lui faire « noter des variations » dans la déposition de ce témoin dans le cadre des événements du 28 septembre 2009, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Lors de la présente audience dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, Me Sidiki Bérété a eu sa première déconvenue quand il a tenté de faire passer Youssouf Touré pour « un haineux ». Ce témoin avait vigoureusement répliqué en lui signifiant qu’il était « trop petit » pour le tromper.

Face à cette situation, le tribunal avait conseillé l’avocat d’éviter de transformer les débats en discussion avec le témoin. Malheureusement, Me Sidiki Bérété est resté sur cette ligne qui pouvait pourtant le conduire à son second désappointement. Et, cette fois-ci, c’est le tribunal qu’il a tenté (peut-être sans le vouloir) d’induire en erreur. Mais, c’est son insistance à couper la parole au témoin qui a agacé le tribunal et a conduit à son rappel à l’ordre sur un ton impératif.

Me Sidiki Bérété, avocat

En effet, l’avocat a cru avoir constaté une variation dans les propos de Youssouf Touré sur l’endroit où il se trouvait le 28 septembre 2009. Me Sidiki Bérété assure que le témoin avait dit à Me Sampil qu’il avait passé la journée [du 28 septembre 2009] à Matam et qu’aujourd’hui il a changé de version en disant à Me Salifou Béa qu’il était ce jour au camp. « Comment pouvez-vous être dans deux endroits au même moment ? » a-t-il demandé.

Malheureusement, la réponse du témoin l’a visiblement laissé sur sa faim. Ainsi, il a demandé au tribunal de noter cette variation sur le fondement de l’article 426. Seulement, cette demande aura du mal à passer.

« Peut-être que vous ne vous comprenez pas, mais je pense qu’il est en train de répondre à votre question. Le tribunal va noter des variations s’il les constate. Parce que le tribunal ne constate pas de variation pour le moment », a rétorqué le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara.

Cependant, Me Sidiki Bérété n’a pas lâché du lest. « Il (Youssouf Touré) a dit à Me Sampil qu’il a passé la journée du 28 septembre 2009 à Matam. Mais, à partir du moment où il dit aujourd’hui qu’il n’a jamais été à Matam ce jour, c’est une variation », a-t-il insisté, tout en demandant le témoin depuis quand il connaît le commandant Marcel Guilavogui (un des accusés dans cette affaire).

Pendant que Youssouf Touré était en train de prendre à cette question, Me Sidiki Bérété l’interrompt en ces termes : « monsieur le président, c’est aussi simple [la question] ».

Et, le président Ibrahima Sory 2 Tounkara de s’énerver : « Maître, vous ne dirigez pas les débats-là. S’il vous plaît, suivez ! Il (Youssouf Touré) est en train de donner des explications, suivez ! ».

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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