Conflit autour d’un magasin à Conakry : Lansana Camara, Bountouraby Keita, Aminata Keita jugés pour menaces, injures…

Les prévenus Bountouraby Keita, Aminata Keita et Lansana Camara ont comparu dans la journée d’hier, jeudi 18 janvier 2024, devant le tribunal correctionnel de Mafanco. Ils y sont jugés pour injures, menaces et rébellion au préjudice de Souleymane Sow, opérateur économique, et d’un huissier de justice. A la barre les 3 prévenus ne reconnaissent pas les faits qui leurs sont reprochés, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Détenus depuis le 08 janvier 2024 à la maison centrale de Conakry, Bountouraby Keita, Aminata Keita et Lansana Camara sont en conflit avec Souleymane Sow autour d’un magasin à Touguiwondy, dans la commune de Matam. La famille Keita réclame le magasin comme étant sa propriété. Dans cette affaire, Souleymane Sow, gestionnaire du magasin de son papa Elhadj Moustapha Sow, a porté plainte. Une décision a été rendue en sa faveur, l’autorisant à utiliser le magasin. L’huissier a exécuté la décision au mois de décembre 2023. Mais le 04 Janvier 2024, la famille s’y est catégoriquement opposée, apprend-on.

Appelée à la barre, Bountouraby Keita ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. « Je ne reconnais pas les faits, je n’ai pas vu un huissier. J’étais à la maison, couchée, entre 7h-8h. Les enfants étaient partis à l’école, les dames étaient là, en train de griller des gâteaux. Le magasin, c’est un entrepôt. Ils sont venus. Je suis sortie. Mon mari m’a demandé ce qu’il y avait. Je suis allée voir. Le fils du vieux était devant le magasin. Je lui ai demandé pour quelles raisons il venait ouvrir. Ensuite, j’ai demandé le papier. Je lui ai dit que s’il n’y a pas de papier, qu’il n’allait pas ouvrir. Il m’a répondu que c’est son magasin. Je lui ai dit que s’il y a jugement, nous, on n’est pas au courant. Il avait un fer avec lui. Pour ne pas qu’il me frappe avec, j’ai dit aux dames de filmer et d’aller appeler la police. Quelques temps après, le fils du vieux a appelé les gendarmes. Lorsqu’ils ont débarqué, ils ont dit où est Bountouraby Keita. J’ai demandé le papier aux gendarmes, ils m’ont dit que leur tenue, c’est ça le papier. Ensuite, ils sont allés prendre mon mari pour le frapper. Depuis 2005, on est en train de se battre dans cette affaire… Le 04 février 2023, un huissier était allé là-bas… L’huissier ne nous a pas montré un papier. Ils ne nous ont rien dit. Je ne connais pas cet huissier. Il est parti au commissariat pour porter plainte. C’est là-bas que je l’ai connu. Le problème de documents, je ne connais pas. Souleymane Sow était seul là-bas. C’est lui qui a appelé les agents… Je suis en prison, ça fait 10 jours. Je ne sais pas si le magasin est ouvert ou pas. Elh. Moustapha Sow, c’est au tribunal que je l’ai connu. Pour moi, ce n’est pas pour eux ce magasin. C’est Lancinè Keita, le jeune frère de mon papa, qui a construit le magasin… On a discuté seulement. Je ne l’ai pas insulté. J’ai dit qu’il n’y aurait pas une ouverture forcée du magasin. C’est nous qui l’avons cadenassé. Personne ne nous a autorisés à le faire. On a décidé de fermer le magasin, sans autorisation. Pendant 10 ans, le loyer est payé là-bas. Je n’étais pas au courant au moment de la construction en 2005. On nous a dit que c’est un bail », a-t-elle déclaré.

Même négation des faits de la part de Lansana Camara, le mari de Bountouraby Keita. « L’huissier est venu pour me donner un papier pour ma femme. Je lui ai dit que je ne le prends pas, d’aller voir le chef de quartier. J’ai dit que si le chef de quartier ne prend pas, d’aller voir notre avocat. Je ne me suis pas opposé à l’huissier. Lorsque les gendarmes sont venus, madame m’a dit de quitter. Je n’ai pas menacé quelqu’un, ni injurié. Je ne connais pas Souleymane Sow. Le magasin, c’est dans la concession même. Lorsque j’ai entendu le bruit, j’ai trouvé ma femme devant le magasin. L’huissier est parti avec les papiers. C’est le fils du vieux qui m’a indexé, et les gendarmes sont venus me frapper. Toute la famille Keita était là pour s’opposer », a-t-il expliqué.

Même son de cloche chez Aminata Keita, petite sœur de Bountouraby Keita, qui rejette les accusations portées à son encontre. « Je ne peux pas m’opposer. Le 04 janvier, aux environs de 08 h, il m’a dit qu’il veut ouvrir ici. Après, je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème. Lorsqu’il est venu, il a mis les clés pour ouvrir. Ça a trouvé que ma sœur est venue. Elle lui a demandé de montrer le papier. Ça n’a pas duré, les agents sont venus. Ils nous ont dit de quitter. Après, je me suis approchée d’un agent, je lui ai demandé le papier, il a dit que c’est sa tenue. Ils ont enlevé les cadenas. On a dit qu’aucun colis ne va rentrer sans le papier. Après, ils ont dit de nous embarquer. Ils m’ont prise. Ils ont lancé beaucoup de gaz lacrymogène », a-t-elle dit à la barre.

Souleymane Sow, gestionnaire dudit magasin, résidant à Madina école, dit avoir obtenu une décision de justice concernant le magasin, mais que la famille s’est farouchement opposée à son exécution. « Le magasin est pour mon papa. Il faisait louer le magasin. On a été en justice, jusqu’au niveau de la Cour suprême. On a eu raison. On a fait louer. Le locataire qui a pris les lieux, quand il a été là-bas, ils lui ont jeté des cailloux. Moi aussi, je faisais rentrer des marchandises, quand je pars et que je quitte, ils cassent un cadenas pour mettre le leur. C’était 4 cadenas sur la même porte. J’étais parti avec l’huissier et les gendarmes au mois de décembre pour enlever le cadenas que la famille Keita a mise. À notre départ encore, ils ont cassé un cadenas pour encore en mettre le leur. Nous sommes encore allés le 04 janvier 2024. Là, je suis allé avec ma marchandise. J’étais avec l’huissier et 6 gendarmes. On a cassé le cadenas, je suis entré dans le magasin, ils m’ont poursuivi à l’intérieur. Leur jeune frère, Bountouraby Keita et un autre, ils sont allés me prendre pour me jeter dehors. Je n’ai pas réagi. Ma marchandise aussi, les gendarmes et l’huissier m’ont dit de faire rentrer dans le magasin. Dès que je prends un carton, ils viennent le prendre de mes mains pour le jeter. L’huissier avait tout filmé, ils m’ont insulté, agressé. Vu que la situation devenait compliquée, les gendarmes ont appelé du renfort. C’est en ce moment qu’ils ont été arrêtés. Je veux que cette fois soit la dernière. Mr Camara, lui, on se connait très bien. Il m’a menacé. C’est seulement Aminata Keita qui ne m’a pas insulté. Mais, elle s’est opposée à la décision de justice », a-t-il déclaré.

L’avocat de la défense, maître Joseph Loua, va profiter pour formuler une demande de remise en liberté pour les prévenus. Le ministère public va considérer la demande prématurée avant la visualisation des vidéos de la clé.

Finalement, le tribunal a ordonné la remise en liberté d’Aminata Keita. Elle va rejeter la liberté provisoire pour Bountouraby Keita et Lansana Camara.

Le dossier est renvoyé au 08 février 2023 pour les réquisitions et plaidoiries.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 693 333

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