Détention du journaliste Sékou Jamal Pendessa : « les droits de l’Homme régressent en Guinée »

Me Koné Aimé Christoph Labilé, le Président de l'ONG Avocat sans frontière

Le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) croupit en prison à la maison centrale de Conakry depuis le 22 janvier dernier. Sékou Jamal Pendessa a été inculpé par le parquet du tribunal de première instance de Dixinn pour « participation à une manifestation non autorisée sur la voie publique et publication de données de nature à troubler la sécurité et l’ordre public ». Cela faisait suite à un appel à manifester lancé par ce journaliste et leader syndical pour exiger la levée des restrictions d’accès à internet et l’arrêt du musellement de la presse.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce jeudi, 25 janvier 2024, Me Koné Aimé Christoph Labilé, président de l’ONG Avocat sans frontière, s’est interrogé sur les motivations derrière l’arrestation de Sékou Jamal Pendessa. Cet avocat et défenseur des droits humains a aussi dénoncé la violation répétée des droits de l’homme en Guinée depuis l’arrivée de la junte militaire du CNRD au pouvoir.

« En tant que défenseur des droits de l’homme, je suis en train de constater que nous reculons dans l’application des libertés, les droits de l’homme sont en train d’être violés. Il y a certains temps, nous avons assisté à la restriction de certains sites d’internet, après c’est le brouillage de certains médias. On ne s’est même pas limité à cela, on est allé jusqu’à demander à Canal+ de les retirer de son bouquet. En plus, ils ont restreint l’internet. Pour le cas particulier de l’internet, c’est toute la population qui est victime. S’il est vrai que les médias relaient des informations à travers les sites internet et les réseaux sociaux, il y a d’autres personnes qui ont Internet comme outil de travail. Moi par exemple, j’échange avec mes partenaires à travers l’internet, il y a des documents que je produis et que je leur transmets par Internet. Il y a aussi de nombreuses sociétés qui font du télétravail. Tous ceux-ci sont en train d’être bloqués, donc tout le monde souffre… En ce qui concerne les journalistes, il y a une loi spéciale sur la liberté de la presse. Si quelqu’un viol les principes-là, traduisez le devant une juridiction légale qui examine son cas en lui donnant la possibilité de se défendre. Quand on prend le cas sur la loi de la presse, on a dépénalisé, quelle que soit l’infraction qu’un journaliste peut commettre par la voix de la presse, il ne doit pas être privé de sa liberté. Cette lutte a été menée et ce droit a été obtenu, mais on est en train de reculer. On est en train de restreindre un acquis, ce n’est pas normal. S’il est reproché à Sékou Jamal Pendessa des infractions commises en tant que journaliste, la loi applicable, c’est la loi spéciale… Est-ce qu’il y a même des conditions qui sont réunies pour pouvoir justifier sa détention préventive, j’en doute. Alors, ce n’est qu’à même pas normal que quelqu’un revendique son droit et qu’on le restreint. Il faut dialoguer et discuter, il faut que chacun puisse avoir la possibilité de s’exprimer. Donc, je crois qu’on est en train de régresser en matière des acquis des droits de l’homme. Quand le régime Alpha Condé était à son apogée, tout le monde souffrait, c’est ce qui a fait que lorsque le CNRD est arrivé, tout le monde a applaudi même les politiques. Mais nous sommes en train de constater que la promesse des fleurs accouchée d’une souris. Tout l’espoir qu’ils nous ont fait naître est en train de s’estomper », a expliqué Me Koné Aimé Christoph Labilé.

Ismaël DIALLO pour Guineematin.com

Tel : 624693333

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