Le comptable de Winners Chapel International jugé à Conakry : « la malédiction va suivre celui qui a volé cet argent… »

Comptable de profession, Jallah Prince est jugé pour abus de confiance au tribunal de première instance de Dixinn. La partie civile dans cette affaire portant sur 34 millions de francs guinéens, 800 dollars et 600 euros est l’Eglise Winners Chapel International, sise au quartier Somparéah, dans la commune de Matoto. A l’audience d’hier, lundi 29 janvier 2024, le prévenu, qui est le comptable de ladite église, a nié les faits mis à sa charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

En faisant sa déposition à la barre, Jallah Prince a reconnu avoir reçu ce montant en tant que comptable de l’Eglise à l’effet de les garder, avant de les déposer à la banque. Cependant, soutient-il, cela n’a pas pu se faire parce que l’argent a été volé dans son bureau. « Je reconnais avoir pris ce montant. Je suis le comptable de l’Eglise depuis 5 ans. L’argent a été collecté pour les Prêtres de l’Eglise. Quand j’ai reçu l’argent, je l’ai gardé dans mon bureau pour que le lundi je le dépose à la banque.  J’ai fermé le bureau. Quelqu’un est venu voler cet argent.  La personne qui est venue prendre l’argent a utilisé une clé. Parce que rien n’a été cassé. C’est quelqu’un qui a pris l’argent.  Mais comme l’argent était à mon niveau, j’en suis responsable. Durant les 5 ans que j’ai travaillé là-bas, il n’y a pas eu de manque ni de vol.  Ce n’est même pas la première fois qu’on me confie de l’argent en devises et en francs guinéens. Je les garde au bureau et le lendemain, je les dépose à la banque. L’année passée, quand j’ai voyagé, j’ai laissé les clés des cadenas du bureau avec le pasteur Ernest. A mon retour, il ne m’a remis qu’une seule clé », a dit le prévenu, en détention depuis deux semaines.

Des propos contredits par le représentant de l’Eglise, Jercy Chica, qui a déclaré que personne ne détient la clé du bureau à part le comptable. « Chaque année les gens font des dons, des sacrifices pour l’Eglise. Cette année, après la collecte, on a obtenu : 34 millions de francs guinéens, 800 dollars, 600 euros.  On a remis le montant au comptable. C’est lui seul qui a la clé de son bureau. Il n’a jamais dit que les clés du coffre-fort ou les clés de son bureau sont détenues par une tierce personne. C’est son bureau. Les clés des cadenas, les clés de la serrure sont détenues par lui. C’est à lui d’expliquer comment l’argent a disparu… »

Dans ses plaidoiries, la partie civile va solliciter un franc symbolique en guise de réparation. « On lui a remis le montant le samedi 9 décembre 2023 pour qu’il le dépose à la banque le lundi. Mais l’argent a disparu, sans aucune effraction. Pour accéder à son bureau, il faut passer par trois bureaux.  Il n’y a pas eu d’effraction dans tous les 3 bureaux. On lui a remis l’argent. Lui-même a confirmé qu’il l’a reçu. Mais, il nous dit que quelqu’un est venu voler cet argent. Cela veut dire que tous les éléments constitutifs de l’infraction d’abus de confiance sont réunis ici. Nous vous demandons de le condamner à un franc symbolique. Nous ne voulons pas de l’argent. La malédiction va suivre celui qui a volé cet argent dans l’Eglise », a plaidé l’avocat de la partie civile.

Dans ses réquisitions, le Ministère public, par la voix de Amara Camara, va demander au tribunal de condamner le prévenu au paiement de 25 millions de francs guinéens d’amende. « Le ministère public requiert qu’il vous plaise de le retenir dans les liens de la prévention d’abus de confiance. Pour la répression, vous le condamnerez au paiement d’une amende de 25 millions de francs guinéens. Sur l’action civile, nous vous demandons de prendre en compte les réclamations de la partie civile », a requis le procureur Amara Camara.

La défense quant à elle va plaider de revoir à la baisse l’amende de 25 millions GNF requise par le procureur tout en condamnant son client avec sursis.

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue ce mardi 30 janvier 2024.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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