Des ambassadeurs : partenaires du peuple ou complices des tyrans ?

Barry Moustapha Ditinn

La Guinée est en proie à une crise profonde : tensions politiques, économiques et sociales, et répression brutale exercée par les autorités en place. Malgré les appels du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), de certains partis politiques, de la presse et des organisations de la société civile à manifester pacifiquement, le régime répond par une répression violente, allant jusqu’à brouiller les médias et restreindre les libertés individuelles et collectives, forçant même certains leaders politiques à l’exil. Le silence des diplomates européens et américains suscite indignation et questionnement.

Pendant que le peuple de Guinée endure les violences et les injustices, ces ambassadeurs détournent le regard. Au lieu de condamner fermement les exactions et les violences subies par les Guinéens, ils se concentrent sur la dénonciation des restrictions d’accès à Internet et à certaines applications indispensables au fonctionnement de leurs services. Cette attitude soulève des questions sur les priorités des diplomates dans nos pays. Ils semblent oublier l’essentiel : la défense des droits fondamentaux et de la dignité humaine pour tous les citoyens guinéens.

Il ne s’agit pas ici d’un appel à substituer les diplomates au peuple de Guinée, mais plutôt d’agir comme des partenaires et des alliés dans sa lutte pour la liberté et la dignité humaine. Leur rôle devrait être d’appuyer les aspirations du peuple, de faire pression en utilisant tous les moyens disponibles sur les autorités de la transition pour le respect des droits fondamentaux et des valeurs démocratiques. En tant que partenaires du peuple, les ambassadeurs accrédités en Guinée ont le devoir de dénoncer les abus, de promouvoir des solutions pacifiques et inclusives, et de défendre les intérêts de tous les citoyens.

La liberté d’expression, le droit à la manifestation pacifique et l’accès à une information libre sont des droits essentiels. En restant silencieux face aux violations en Guinée, ces diplomates trahissent les valeurs démocratiques. Il est temps qu’ils adoptent une position ferme contre les abus de pouvoir et les atteintes aux libertés fondamentales. Les intérêts politiques et économiques ne doivent pas primer sur la justice sociale. La solidarité et la coopération internationale exigent des actions résolues contre l’oppression des peuples, où qu’elle se manifeste, et la Guinée ne fait pas exception.

Il est utile de rappeler qu’un tyran qui se prétend prophète ouvre la voie vers l’enfer. 

Se taire devant l’injustice, c’est ouvrir la porte à d’autres injustices.

Barry Moustapha Ditinn, Citoyen Guinéen

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