Comment concilier l’école et le foyer ? Des jeunes femmes d’un lycée de Kipé (Conakry) disent leur stratégie

Mme Djenabou Camara, élève TSS au lycée KIpé

Dans la société guinéenne actuelle, de plus en plus des jeunes dames s’efforcent à étudier, alors qu’elles ont des foyers à gérer. Mais, concilier ses études t et ses charges d’épouse dévouée est souvent une tâche difficile. On n’a presque pas de repos ; et, très souvent, l’un a tendance à prendre le dessus sur l’autre. Ceci entraîne, chez certaines, l’abandon des cours. Certaines jeunes femmes, rencontrées par un reporter de Guineematin.com au lycée Djibril Tamsir Niane de Kipé, dans la commune de Ratoma ont expliqué comment elles s’y prennent.

Comment concilier ses études et son foyer ? La question se pose avec acuité chez de nombreuses jeunes femmes. Décidées à poursuivre leurs études, elles sont obligées de concilier cette ambition avec des charges dans le ménage, parvenant parfois à ménager le chou et la chèvre.

Mme Aïssatou Bobo Barry, élève en classe de Terminale Sciences Mathématiques, au lycée Djibril Tamsir Niane de Kipé, mère d’un petit garçon, revient sur son quotidien, pas évident.

Mme Aissatou Bobo Barry, élève de la terminale SM

« Il y a de cela deux ans que je suis mariée. Et j’ai eu un garçon de ce mariage, qui fête son 1er anniversaire ce jeudi même. Je vis avec mon épouse, mon fils et ma belle-famille. Chaque jour, mon mari et moi, nous nous quittons à la maison à 7 heures 30 minutes. J’envoie d’abord mon fils chez l’une de mes belles mères, qui est près de chez nous, avant d’aller à l’école pour suivre les cours. Vu que je suis dans une classe d’examen, après les cours de 14 heures, je reste à l’école jusqu’à 18 heures pour suivre les révisions avant de rentrer à la maison. Mais, je me lève chaque matin à 4 heures du matin pour faire la cuisine avant de venir à l’école, et quand je rentre le soir, je m’attaque aux autres tâches ménagères ou que je cuisine encore. Donc, c’est pour vous dire ce n’est pas facile de concilier ces deux vies ensemble. Mais quand tu te fixes des objectifs, tu dois aussi faire des sacrifices. Mais quand la femme a le soutien de son mari, elle pourra s’en sortir dans tout ce qu’elle fait. Donc moi ma chance est que j’ai eu un époux qui m’aime et me soutien énormément dans mes études. Parce que quand moi mon mari rentre avant moi, il m’aide à faire certaines tâches et s’occupe de notre fils pour que je puisse réviser mes matières à la maison jusqu’à 22 heures après avoir dîné. Et quand je finis de réviser, je lave les bols avant de me mettre au lit afin d’être matinale pour reprendre la même routine », explique madame Barry.

Mme Djenabou Camara, élève TSS au lycée KIpé

Même son de cloche, chez Madame Oularé née Djénabou Camara, en classe de Terminale Sciences Sociales au lycée Djibril Tamsir Niane de Kipé. « La vie de couple et la vie estudiantine sont deux vies qui ne sont pas du tout facile à coupler. Je vis avec ma belle-sœur, mon mari et ma fille de deux ans, qui est déjà dans une garderie. Après l’école, à 17 heures, je passe la prendre pour rentrer à la maison. Moi, je ne suis pas trop prise par les tâches ménagères à la maison, grâce à mon époux, qui a pris une bonne pour s’occuper de la maison. C’est seulement les week-ends, avec ma belle-sœur, que j’aide la bonne à faire la cuisine. Le matin, à 6 heures, je réveille ma fille pour la préparer afin que je puisse la déposer tôt à la garderie pour ne pas que je sois en retard à l’école. Seulement, c’est quand j’étais en 11ème année que j’ai rencontré d’énormes difficultés parce que dès après mon mariage en 2021, quelques temps après, je suis tombée enceinte et cela m’a beaucoup fatigué, et m’empêchait parfois d’aller à l’école. Une chose qui n’était pas du tout facile et qui m’a valu mon échec cette année-là, parce que je ne pouvais plus aller à l’école. Sinon, hormis ça, les travaux de maison n’entravent mes études grâce au soutien de mon épouse », a-t-elle fait savoir.

Mme Djenabou Diallo, élève de la terminale Sciences Mathématiques

Pour sa part, Madame Diallo, née Djénabou Diallo, candidate au baccalauréat de la session 2024, en Sciences Mathématiques, explique que ses études ont pris un coup après son mariage. « Je me suis mariée en 2021 et Dieu nous a bénis d’un enfant. Mais, je vais dire que concilier la vie de couple et les études n’a pas été facile pour moi au début. Ça a eu un grand impact sur mes études. J’ai échoué. Vous savez, il y a certaines filles, quand elles tombent enceintes, ce sont des petites maladies jusqu’au terme de la grossesse. Moi, quand je suis tombée enceinte, je ne partais plus à l’école convenablement alors que j’étais dans une classe d’examen. Après mon accouchement, je n’avais personne pour prendre soin de mon bébé. Cette année-là encore, je suis restée à la maison… Mais, cette année 2023/2024, avec le courage, j’ai décidé de prendre les choses en main, et grâce aussi à la compréhension de mon mari, qui a accepté mes vœux, afin que je fasse venir ma jeune sœur qui m’aide à prendre soin de mon enfant pour que je puisse reprendre le chemin de l’école, car je tiens beaucoup à mes études. Quant aux travaux domestiques, je me suis planifiée de sorte que je n’ai pas trop de difficultés, parce que c’est après les cours que je rentre à la maison pour faire mes travaux de ménage et la cuisine. Mais, il faut être pétri de courage et d’endurance. Et la nuit, avec l’accord de mon mari, je suis les révisions de 20 heures à 23heures avec des amis. Aujourd’hui, mon souhait le plus ardent cette année est de décrocher mon bac, car les années précédentes n’ont pas été roses pour moi. Mais si vous me revoyez aujourd’hui à l’école c’est grâce à l’accord de mon cher époux, de son soutien moral, financier, et de sa confiance à mon égard. Voilà pourquoi je profite pour lui dire merci pour tout ce qu’il fait pour moi depuis que nous sommes ensemble, et j’espère partager avec lui le fruit de mes études si Dieu le veut bien à l’avenir… »

 Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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