Élevage : Beyla, Faranah, Lola et Dabola, constituent-ils le noyau de la production animale en Guinée ?

Le Code pastoral a été adopté par le Conseil national de la transition (CNT) par une large majorité de ses membres, le mercredi 7 février 2024 sous la direction de son président, Dr Dansa Kourouma.

Ce document qui traite spécifiquement du développement du secteur d’élevage en Guinée a fait l’objet d’intenses débats, à la hauteur de l’importance qu’il représente pour les populations rurales du pays, a constaté un journaliste de Guineematin.com, qui a couvert les travaux.

Présent à cette séance plénière, Mamoudou Nagnalen Barry, le ministre de l’agriculture et de l’élevage a été soumis à une batterie de questions. Les questions sur les conflits agriculteurs-éleveurs ont focalisé les débats.

Dans sa réponse, le patron de ce département stratégique a tenté de convaincre ses interlocuteurs, peut-être en faisant moins attention à certains chiffres fournis par son département.

Selon le ministre de l’agriculture et de l’élevage, les préfectures de Beyla, Lola, Faranah et Dabola constituent le noyau de la production animale en Guinée. Non monsieur le ministre ! Cette déclaration ne se vérifie nulle part. En tout cas, ni officiellement, ni statistiquement. Dire que ces préfectures sont facilement accessibles par rapport à Gaoual, Télimélé, Dinguiraye et autres est une vérité. Mais à dire que le noyau de l’élevage est ailleurs qu’à Gaoual, le berceau de la race Ndama est une erreur monumentale que ni les bouviers, ni les partenaires qui investissent dans le secteur ne peuvent cautionner.

A titre illustratif en 2019, l’annuaire statistique de l’élevage pour la période 2015-2019 souligne que la Guinée compte 7 millions 932 mille 749 têtes de bovins. Dans les détails, Dabola dispose de 255 451 têtes, Faranah compte 336 706 bœufs (contre 429 504 de bœufs à Dinguiraye), Beyla compte 294 847 bœufs (loin derrière Kérouané qui a ses 383 706 bovins. À ce niveau d’ailleurs, la préfecture de Siguiri dame le pion à la haute Guinée et à la Guinée forestière avec ses 429 059. Et la préfecture de Lola dénombre 13 957 têtes de bœufs. Et toutes ces préfectures viennent très loin derrière la préfecture de Gaoual qui comptait en 2019 à elle seule 798 107 têtes de bœufs. Soit près de 10% de l’effectif total du gros bétail en Guinée. Sur le plan national d’ailleurs, Gaoual est suivi de la préfecture de Télimélé, selon ces statistiques avec 466 049 bœufs.  Et curieusement, dans l’intervention du ministre devant les parlementaires, ces préfectures n’ont fait l’objet d’aucune attention. Pire, les dispositions annoncées par le chef du département pour accompagner les éleveurs ne font aucune mention de ces localités. Et ce, au moment où le code pastoral vient accompagner les acteurs de ce secteur rural pour passer de l’élevage extensif à celui intensif.

Et ce n’est pas étonnant si des éleveurs Guinéens du côté de Gaoual, notamment des sous-préfectures de Koumbia, Wendou M’Bour et Foulamory sont de plus en plus nombreux à migrer en Guinée Bissau où les conditions d’élevage offertes sont nettement meilleures. Cette question n’a également pas retenu l’attention du ministre Mamoudou Nagnalen Barry qui s’est focalisé à justifier la présence de zébu en Guinée forestière et les conséquences qui en découlent.

Faut-il rappeler que les bovins passent de loin devant les ovins (moutons) et caprins (chèvres) réunis, selon l’institut national des statistiques (INS) de Guinée.

 Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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