Procès de Guidho Foulbhé et Cie au tribunal de Kaloum : tous les accusés plaident « non coupable » à la barre

Comme annoncé précédemment,  le procès de Mamadou Bailo Diallo alias Guidho Foulbhé et ses six co-accusés s’est ouvert ce vendredi, 23 février 2024, devant le tribunal criminel de Kaloum. Ils sont poursuivis pour « tentative d’attentat de complot et complicité contre la République de Guinée ». Mais, seuls cinq accusés étaient présents ce matin dans la salle d’audience de cette juridiction d’instance. Ils sont tous passés, à tour de rôle, devant le juge Aboubacar Tiro Camara pour décliner leur identité. Ensuite, Mamadou Lamarana  Guessé  Diallo, cultivateur, s’est avancé à la barre pour sa déposition dans cette affaire. Il a  plaidé « non coupable » des faits mis à sa charge, a constaté Guineematin.com à travers une de ses équipes de reportage.

Il s’agit dans cette affaire de Mamadou Lamarana Guessé Diallo, Alpha Abdourahmane Diallo, Mohamed  Sow, Mamadou Bailo Diallo alias Guidho Foulbhé, Mamadou Bailo Baldé, tous placés sous mandat de dépôt entre le 17 octobre et le 13 décembre 2022. Les deux autres (Alpha Barry et Mody Sory Barry) sont en fuite.

Mamadou Lamarana Guessé Diallo, cultivateur, plaide non coupable des faits mis à sa charge.  Il explique les circonstances dans lesquelles il a été mis aux arrêts. Il dit qu’il n’a jamais tenu des propos qui visent à déstabiliser les institutions légalement installées.

« C’est le matin du 10 septembre 2022 qu’on m’a interpellé et conduit à Coyah, puis à la DPJ dans la cellule Mathias. Ils nous ont fait subir des tortures pendant 37 jours à la Degris. Dans ma maison, ils n’ont trouvé aucune arme, même une cuillère ils n’ont pas trouvé chez moi. On m’a demandé si je suis au courant de mon arrestation. J’ai dit que je ne connais pas. Ils m’ont demandé si je suis membre d’une plateforme sur WhatsApp. J’ai répondu : oui, j’utilise notre plateforme qui est la coordination internationale de Fouta Djallon pour le respect de droit humain et la cohésion sociale. Cette plateforme consiste à conseiller aux jeunes d’éviter d’aller dans la clandestinité, d’éviter de faire des manifestations et d’encourager les jeunes qui sont à l’extérieur de rentrer pour aider ceux qui sont dans le pays. Ils m’ont dit que c’est à cause de cette plateforme qu’on m’a mis aux arrêts. Cette structure a été créée le 9 février 2020 en Belgique. Elle comptait plus de 20 mille personnes. Docteur Alpha Abdoulaye Diallo était le représentant de l’antenne résident en Guinée. Moi j’ai adhéré à la structure en 2022. Mais, au cours de nos activités, je n’ai jamais tenu des propos allant dans le sens de déstabiliser les institutions légalement installées. On conseille aux jeunes d’éviter l’immigration clandestine et les manifestations. Je n’ai pas adhéré à cette plateforme pour renverser un pouvoir. Cette plateforme n’a même pas ces moyens pour le faire. Et même si les moyens sont là, je ne peux pas faire ça. Parce que la Guinée, c’est mon pays. La plateforme est mise en place pour créer la paix, l’unité et la cohésion sociale… Cette plateforme ne m’a rien apporté sauf me conduire en prison. Mais, moi je ne sais pas pourquoi on m’a mis aux arrêts », a-t-il déposé.

Cependant, le président audiencier a exhibé une série de photos sur lesquelles l’accusé est habillé en uniforme de gendarme.

« Qui vous a autorisés à porter ça ? » demande le juge Aboubacar Tiro Camara.

« J’étais volontaire en 2018-2019 à Timbi Madina dans la préfecture de Pita. J’ai abandonné le volontariat depuis 2020. C’est en ce moment que j’ai pris ces photos. Ce sont mes chefs, adjudant-chef Kassi Gomou et adjudant-chef Saidouba Sidibé qui m’ont autorisé à porter cette tenue. Ce n’est pas moi qui ait acheté cette tenue. C’est eux qui m’ont remis cette tenue. Quand j’ai quitté en 2020, je leur ai rendu la tenue », a-t-il répondu.

Et le procureur Mamoudou Magassouba de charger l’accusé.

« Cette association n’existe nulle part dans les livres guinéens. En Guinée, il n’y a aucun document légal pour l’exercer. C’est n’est pas une association de droit guinéen, elle a été créée en Belgique. Cette plateforme évoluait en violation du droit guinéen », a dit le parquetier avant de demander à l’accusé comment il a connu Mamadou Bailo Diallo alias Guidho Foulbhé.

« Je n’ai jamais connu Guidho Foulbhé. C’est ici que j’ai vu Guidho Foulbhé. Je ne l’ai jamais connu auparavant. Guidho Foulbhé ne m’a jamais contacté. Je ne l’ai jamais connu », a-t-il répondu.

Au terme de cette déposition qui a durée 3 heures, les conseils de la défense ont demandé la mise en liberté de leurs clients avant de renvoyer l’affaire à une autre date.

Face à cette demande, le ministère public fait part de son opposition et a demandé au tribunal de la rejeter.

Finalement, le tribunal a rejeté cette demande et a renvoyé l’affaire au 1er mars 2024 pour la suite des débats.

Saïdou Hady et Fatoumata Diallo pour Guineematin.com

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