Condamnation de Sékou Jamal Pendessa : Ibrahima Kalil Diallo dénonce l’hypocrisie des patrons de presse

« Nous sommes abandonnés par nos patrons de presse qui sont promptes de répondre à une invitation d’une certaine autorité comme le ministre de la justice, mais qui ne sont pas capables de venir au tribunal soutenir quelqu’un qui est en train de se battre pour sauvegarder les emplois dans leurs entreprises, mais aussi pour sauvegarder l’essentiel, c’est-à-dire la chose qui les a permis de créer des médias et de faire de profits », a-t-il dénoncé.

Comme annoncé précédemment, le journaliste et secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa, a été condamné par le tribunal correctionnel de Dixinn ce vendredi, 23 février 2024, à six mois de prison assortie de 3 mois de sursis et 500 000 francs guinéens d’amende. Ce professionnel de média et secrétaire général du SPPG était poursuivi pour « participation à une réunion publique non autorisée par les autorités administratives compétence, participation délictueuse à un attroupement non armé, atteinte et menace de porter atteinte à l’ordre public, à la sécurité publique, à l’intégrité et à la dignité des individus par le biais d’un système informatique et de complicité par instigation de ces faits dont d’autres en sont les acteurs principaux ». Des faits qu’il a toujours réfutés, mais le tribunal l’a quand-même déclaré « coupable » aujourd’hui. Cette décision du tribunal a été vivement critiquée par les professionnels de médias. Mais, Ibrahima Kalil Diallo, le secrétaire général adjoint du SPPG, est surtout révolté par l’hypocrisie des patrons des médias.

« En Guinée on a peur de se battre pour défendre les acquis de la démocratie qu’on a obtenus depuis des décennies. On vient de prouver encore une fois, la justice guinéenne, qu’on veut fermer la bouche à tout le monde. Ils veulent fermer la bouche à tout le monde, à ceux qui n’ont rien à voir avec la gestion du pays, mais défendent juste la liberté. On veut fermer la bouche à ceux qui ont le courage de se lever pour rappeler aux décideurs, les interpeller sur la nécessité au moins de sauvegarder l’essentiel. Pendessa est condamné, mais c’est le peuple de Guinée qui est condamné aujourd’hui. C’est l’ensemble des personnes éprises de paix et de justice qui sont condamnées. Nous voulons dire encore une fois que dans cette lutte que nous sommes en train de mener au niveau du syndicat de la presse, on n’a pas voulu le dire, mais aujourd’hui je le dis haut et fort : nous sommes abandonnés par nos patrons de presse qui sont promptes de répondre à une invitation d’une certaine autorité comme le ministre de la justice, mais qui ne sont pas capables de venir au tribunal soutenir quelqu’un qui est en train de se battre non seulement pour sauvegarder les emplois dans leurs entreprises, mais aussi pour sauvegarder l’essentiel, c’est-à-dire la chose qui les a permis de créer des médias et bien entendu de faire de profits. Ces patrons de presse nous ont abandonnés. Nous, nous sommes un syndicat. Nous ne sommes pas contre une transition. Je réitère ici, on n’est pas contre le général Mamadi Doumbouya, on n’est pas contre le gouvernement. Tout ce qu’on a dit, c’est qu’on ne peut pas fermer une radio privée qui n’a rien fait, qui n’a porté atteinte à aucun principe qui régit le fonctionnement du métier de journaliste dans notre pays », a précisé Ibrahima Kalil Diallo.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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