Mamady Kéita tué par balle à Sonfonia : « Je suis derrière la justice. Mais, celui qui a tiré… »

Comme annoncé précédemment, un jeune homme a été tué par balle à Sonfonia Casse, dans la journée d’hier, lundi 26 février 2024, suite au début de la grève des centrales syndicales. Mamady Keita, âgé de 18 ans, aurait été tué par les forces de l’ordre en face de l’université Barack Obama. Dans sa famille, l’émotion est encore vive devant cette perte d’un jeune collégien, candidat au brevet au compte de la session 2024. Sa mère espère que justice sera rendue, même si elle a envoyé un message particulier au tireur, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon les informations recueillies sur place, Mamady Keita était sorti de chez lui pour acheter du haricot quand il a été fauché par une balle. Absente de la maison au moment des faits, Taïbou Diallo, mère biologique du défunt, raconte les circonstances dans lesquelles elle a appris la mort de son fils.

Taïbou Diallo, mère de la victime

« Hier soir, je lui ai dit que je devais me rendre à Donka pour le traitement du bébé (son petit frère). Le matin, à 6 heures, je l’ai réveillé et lui ai donné 10 mille GNF pour qu’il achète le déjeuner pour les enfants. Je leur ai dit de rester dans la cour jusqu’à mon retour. Je vais vite aller récupérer les résultats du bébé et revenir. C’est ainsi, arrivée à l’hôpital, en attente des résultats, vers 11 heures, j’ai été appelée par un des amis de Mamady m’informant qu’ils lui ont tiré dessus dans le dos. Il était allé acheter du pain et du haricot pour le petit déjeuner. Il était arrêté et faisait dos, et c’est là qu’on lui a tiré dessus. J’ai demandé au jeune si mon fils était mort. Il m’a répondu par la négative avant de couper l’appel. J’ai commencé à appeler dans la famille, mais personne ne m’a décroché. Du coup, j’ai appelé l’une de mes amies qui m’a confirmé l’information. C’est ainsi que j’ai appelé ma grande sœur Mariama Kankalabé. Elle m’a dit de rester sur place qu’ils arrivent vers moi à l’urgence de l’hôpital Donka. À leur arrivée, mon enfant était déjà mort. Je suis du corps, quand je l’ai vu sortir dans l’ambulance, j’ai compris qu’il était mort », a-t-elle expliqué, en sanglots.

Par ailleurs, Taïbou Diallo dit s’en remettre à la justice guinéenne pour faire la lumière sur cet énième cas d’assassinat. « Dès qu’il a été touché, la vendeuse de haricot a pris son foulard pour attacher la partie afin d’anéantir l’effusion de sang. C’est ce qu’on m’a expliqué et je n’en sais pas plus. Je laisse la justice trancher. Je suis derrière la justice. Mais, celui qui a tiré sur mon enfant, je ne vais jamais lui pardonner. »

Présent dans le quartier au moment des faits, Mamadou Alpha Diallo, voisin de la famille éplorée, explique les démarches effectuées pour tenter de sauver l’enfant.

Mamadou Alpha Diallo, voisin du défunt

« C’est ce matin que nous avons été subitement informés, à travers ses amis, à 11 heures. Ils nous ont dit qu’il a été touché par balle. C’est ainsi qu’ils l’ont pris pour le transporter dans une clinique d’à-côté. C’est là-bas que j’ai trouvé le petit, au lit, dans une mare de sang. Le médecin chef M. Diallo nous a dit qu’il ne pouvait pas gérer son cas. Donc, on a décidé de le transférer dans un hôpital spécialisé. Du coup, les voisins nous ont donné un véhicule pour l’évacuer à Donka. Malheureusement, l’enfant avait rendu l’âme en cours de route. A Donka, les médecins nous ont également signifié que c’est un dépôt de corps que nous avons fait. Ainsi, on a donné les coordonnés de la victime aux médecins, avant de déposer le corps à la morgue de l’hôpital », a-t-il expliqué.

En outre, Mamadou Alpha Diallo a parlé d’un garçon sérieux qui vient ainsi d’être tué à la fleur de l’âge. « Cet enfant passait beaucoup de temps chez moi ici avec mes enfants. Vraiment, je suis abattu par cette situation. Les mots me manquent. C’est un enfant qui est sage, sympathique, tout le monde parle bien de lui dans le quartier. C’est pourquoi tout le quartier s’est mobilisé. Je demande à l’État de ne pas tirer à balle réelle sur les gens lors d’une manifestation. Ils doivent vraiment revoir cela », a-t-il lancé.

 Malick DIAKITE pour Guineematin.com

 Tél : 626-66-29-27

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