Concilier exploitation minière et protection de l’environnement sont deux choses difficiles à ménager. Les populations locales sont généralement les premières victimes. C’est le cas du village de Fouénkolén, dans la commune rurale de Bouré Kintinian, dans la préfecture de Siguiri. La communauté accuse la Société aurifère de Guinée (SAG) d’avoir utilisé du cyanure sur le terrain. Ce qui a provoqué la mort de nombreux animaux domestiques au grand dam des propriétaires, réduits à constater les dégâts, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Les populations de Fouénkolén ont fait appel aux représentants locaux de la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG), pilotée par Sinè Magassouba, pour aller constater les faits auxquels ils sont confrontés. Responsables locaux, femmes, jeunes et vieux ont tous montré leur mécontentement face à la situation actuelle du village.
En colère, le président de la jeunesse du village de Fouenkolén, Friki Camara, a expliqué la genèse des difficultés rencontrées. « Ce village est depuis plusieurs années maintenant victime de l’utilisation des produits chimiques de la société SAG, qui exploite de l’or dans notre zone. Depuis 2003, la SAG a commencé à sonder notre zone agricole, appelée en langue locale BENEBALI, actuel TELECAM, nom donné par la SAG à ce site minier. A l’époque, les citoyens étaient complètement opposés à la SAG pour l’ exploitation de ces sites miniers parce que toute les terres agricoles et cultivables se retrouvent là. En 2005, ils ont dit qu’ils vont engager des personnes et les payer ces différentes terres agricoles des habitants du village. Depuis, la construction de ce site TELECAM (BENEBALI) ne nous a apporté que de la souffrance et du grand malheur avec l’utilisation du cyanure et de beaucoup d’ autres produits chimiques toxiques. Ce qui a contaminé les eaux des rivières, des marigots, des puits, du sous-sol, et même les eaux de forage du village sont imbuvables. Nos animaux domestiques (les vaches, les bœufs, les moutons, les chèvres, etc…) meurent tous les jours », a déclaré Friki Camara.
Pour sa part, le représentant des sages du village, Sékou Camara, lance un appel solennel à l’endroit des autorités de la transition pour voler à leur secours. « Le plus grave dans tout ça, aucun habitant de ce village n’a été engagé par la SAG depuis 2005. Aujourd’hui, dans notre village, 10 personnes sont sous contrat à la SAG, depuis 15 ans, sans être engagés… Les autorités préfectorales de Siguiri et sous-préfectorales de Bouré Kintinian sont au courant de leur calvaire aujourd’hui, mais elles restent sans réactions. Et les dégâts sont sur eux tous les jours. Le bureau de district avait pris un avocat pour les défendre devant le tribunal de Siguiri, mais la situation reste sans succès », a déploré le responsable des sages.
Pour faire face à cette situation, la communauté de Fouénkolén bénéficie de l’appui de la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG). « Nous, responsables de la société civile, la MAOG, étant la voie des sans voies, nous avons décidé d’intervenir pour consoler les habitants de ce village durement affectés aujourd’hui. Nous demandons l’appui de toutes et tous, surtout des ressortissants de Siguiri, partout dans le monde, pour sauver la vie de nos parents de ce village », a dit le coordinateur sous-préfectoral de la MAOG, Siné Magassouba.
Joint par téléphone par le correspondant local de Guineematin.com, Mamoudou Cissé, directeur préfectoral de l’environnement de Siguiri, dit ne pas être au courant de ce qui se passe sur le terrain. « Ce qui s’est passé antérieurement, la direction de l’environnement a fait des recommandations à la SAG, mais pour ce cas présent, nous ne sommes au courant », a dit Mamoudou Cissé.
Également contacté au téléphone par Guineematin.com, le responsable de la communication à la SAG, Louis Keita, a dit vouloir mener des enquêtes avant de se prononcer.
De Siguiri, Koutoubou Condé pour Guineematin.com
Tél. :+224622478601
